Cindy Sherman — Hauser & Wirth Gallery, New York
À l’occasion de sa nouvelle exposition à la galerie Hauser & Wirth de New York, la photographe Cindy Sherman dévoile une série de portraits qui poursuit l’exploration de sa représentation à travers des fragments éclatés qui empruntent autant à l’histoire de l’art qu’à la culture de masse. Un tour de force sidérant et vertigineux qui réjouit tout en soulignant l’importance de l’artiste dans l’histoire de l’art contemporain que nous vous proposons de découvrir en images.
Après avoir redéfini les standards de la photographie d’art depuis une quarantaine d’années et anticipé l’explosion à venir de la représentation de soi par l’image, Cindy Sherman n’a jamais cessé son exploration et abandonné la pratique de l’autoportrait qui a constitué l’essentiel de son travail. Si parmi les travaux de ces dernières années l’ironie semblait prendre le pas sur l’invention, cette dernière série percutante et d’une efficacité redoutable renoue avec la part d’invention dans la satire et de l’émotion ambiguë dans le grotesque.
Sans titre, sans un autre mot que la citation qui l’accompagne, « quand je photographie, j’essaie de parvenir à un point où, fondamentalement, je ne me reconnais plus », l’accrochage fait se succéder avec une rigueur de métronome les expressions passionnées de visages en plan serré. Là alors, dans la variété extérieure et le détraquage intérieur des émotions, personnage et personne se fondent pour ce qu’ils représentent de commun dans la valeur d’icône que l’artiste a acquise à force d’abstraction.
Une capacité étonnante et enfin assumée de déjouer le visage non plus seulement pour fondre son identité dans le double mais faire entrer véritablement ce double dans la représentation de ce modèle désarticulé et « désarchitecturé » qu’est le visage Cindy Sherman. Celui-là même qui la dépasse et nous appartient à tous.
Cindy Sherman, Hauser & Wirth Gallery, New York, du 18 janvier au 16 mars 2024. En savoir plus