Julie Chaumette — À propos — Slash Paris

Le minimum de quelque chose, c’est le juste assez pour qu’on puisse voir la chose. Le juste assez pour que la chose existe. C’est après la naissance… ou juste le moment où quelque chose naît. Peut-être même avant le premier cri — avant l’inspiration qui mènera au premier cri. Avant la prise de conscience qui fait être la chose ? Non. Plutôt aux premières prises de conscience — à la première prise de conscience. Au premier essai de formulation. B… m… l…, où l’articulation est encore laborieuse, à peine intelligible pour l’autre, mais pourtant pleinement vécue par celui qui articule.

Le minimum, c’est la plénitude latente : tout est encore envisageable, la graine est là, mais on ne connaît pas encore la nature de ce qui en sortira.

Pour qu’elle se développe, elle aura besoin de conditions favorables, d’être plantée dans une terre fertile et arrosée. C’est peut-être le rôle de l’observateur du minimum. Tellement fragile qu’il nous demande une attention particulière pour le voir, le découvrir et l’entendre, mais aussi tellement fort dans sa fragilité qu’il nous appelle à être attentifs.

Le minimum, c’est juste après l’imperceptible. Il ne s’impose pas mais il est présent. C’est très important cet aspect, je pense : ne pas s’imposer mais être présent. Pas non plus effacé : juste là et juste assez pour être là. Le minimum a besoin du regard de l’autre pour grandir et devenir autre que minimum. C’est l’autre qui lui permettra de changer d’échelle. En fait, le minimum est évocateur. Il appelle à l’imaginaire : juste assez pour le début d’une histoire. Le minimum c’est l’impulsion à être. Le juste assez, qu’est-ce, sinon l’essence du tout ? Si on enlève l’essence, il ne restera que des peaux mortes — finalement, le minimum aussi aura fui. Tandis que si l’on enlève tout le reste et qu’on ne garde que l’essence, elle donnera l’impulsion pour une reconstruction (à l’image de celui qui la regardera). Le minimum, l’essence mise à nu en attente d’une matérialisation par l’acte, par celui qui le regarde, qui le rencontre.