Frédérique Lucien — Omphalos

Exposition

Dessin, sculpture

Frédérique Lucien
Omphalos

Passé : 28 février → 20 avril 2013

La galerie Jean Fournier présente des œuvres récentes de Frédérique Lucien à l’occasion de son exposition Omphalos.

Dès l’entrée nous sommes accueillis par l’ensemble Morceau choisi, œuvres murales en plâtre blanc au traitement minutieux où l’on perçoit, petit à petit, un nombril. Disposé au centre d’un cercle celui-ci nous renvoie naturellement au mythe de l’omphalos. Selon les grecs antiques, Zeus aurait lâché, aux points extrêmes oriental et occidental du monde, deux aigles puis laissé tomber l’omphalos au point où ils se rencontrèrent, marquant ainsi le centre, le « nombril du monde ». Cette partie du corps se situant, presque au milieu du corps de l’être humain, revêt ainsi une signification forte. Avec Morceau choisi l’anonymat est toujours de mise et sera difficile à soulever. Par sa présentation cet ensemble est enveloppé de mystère, d’une ambiance fantastique nous rappelant entre autres Ligne muette (2010, porcelaine). Par leur procédé ces œuvres impliquent la duplication exacte du sujet premier. Par son traitement cet ensemble est avant tout de l’ordre du dessin.

L’intérêt de Frédérique Lucien pour l’ambiguïté est encore plus fort avec l’ensemble de dessins au fusain intitulé Nombril qui se déploie sur le plus long mur de la galerie. La prégnance de la blancheur du mur et des feuilles dévoile progressivement les dessins. En déclinant cette partie du corps, Frédérique Lucien offre une liste aux variations infinies. Le rapport avec l’échelle 1 est toujours présent. L’artiste a retenu une feuille de papier aux dimensions proches de celles du bassin d’une personne de taille moyenne. Alors que sa démarche pourrait s’apparenter à celle d’un scientifique :

« Le relevé précis du réel se modifie dans un tracé abstrait de la ligne. »

Marion Daniel in Introspectives, 2011.

En effet, avec l’ensemble Nombril Frédérique Lucien semble avoir oublié le sujet premier pour se concentrer sur la ligne et le trait. Nous retrouvons l’attachement de l’artiste pour le corps, notamment présent dans la série Anonyme (2010-2012), même si cette fois-ci le résultat nous conduit ailleurs en créant un lien avec ses sujets privilégiés : le monde végétal, minéral, le paysage, sa réflexion autour du dessin. Ainsi de ces dessins de nombrils naissent de vrais paysages chinois, des monts japonisant, des poissons ou parfois des cailloux parsemés.

Cette déambulation, dans une atmosphère à la blancheur presque immaculée, nous amène jusque sous la verrière où nous découvrons des dessins de grand format aux découpes colorées nommés Feuiller. La ligne, le contour, la courbe sont ici travaillés différemment. Les oppositions entre plein et vide, opacité et transparence poursuivent là aussi des démarches précédentes. La découpe de ces formes végétales se propage sur une trame régulière, répétitive et géométrique qui diffère selon le dessin. Ce peut être un alignement de cercles avec en leur centre un point ou alors une grille constituée de losanges, etc. Les découpes colorées de formes végétales se détachent d’autant plus de ces trames qu’elles proposent un autre mouvement. Au rythme régulier du fond répond une circulation ondulatoire et aléatoire ; à la précision géométrique répond une surface chatoyante, fluctuante ; à l’illusoire discrétion de la trame répond une surface colorée affirmée.

Cette exposition nous présente des œuvres récentes de Frédérique Lucien en lien et en continuité avec ses travaux précédents. Alors que ces œuvres, imprégnées d’ambiguïté, pourraient nous amener à une certaine incertitude, elles nous dévoilent bien au contraire, mais progressivement, leurs multiples sens et dépassent le sujet premier. La réflexion de l’artiste autour du dessin se décline sur différents supports attestant de la perpétuelle observation du réel par l’artiste.

A l’occasion de l’exposition publication d’un catalogue, avec un texte de Pierre Giquel, éditions Lienart et galerie Jean Fournier.

Leïla Simon
  • Vernissage Jeudi 28 février 2013 18:00 → 20:30
07 Paris 7 Zoom in 07 Paris 7 Zoom out

22, rue du Bac

75007 Paris

T. 01 42 97 44 00

www.galerie-jeanfournier.com

Rue du Bac
Tuileries

Horaires

Du mardi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
Les samedis de 14h à 19h

L’artiste

  • Frédérique Lucien