Nina Dotti — P.M.S. — Princess.Mother.Superwoman.

Exposition

Collage, installations, photographie, sculpture

Nina Dotti
P.M.S. — Princess.Mother.Superwoman.

Passé : 22 juin → 28 juillet 2012

Devenir une femme et s’interroger sur ce qu’est une femme sont deux choses essentiellement différentes. Je dirais même plus — c’est parce qu’on ne le devient pas qu’on s’interroge, et jusqu’à un certain point, s’interroger est le contraire de le devenir.

Jacques Lacan, Séminaire III, Les psychoses (Qu’est-ce qu’une femme), 1981

Si Simone de Beauvoir fut la première femme à oser poser, dans toute sa complexité, la question " Qu’est-ce qu’être une femme ? " et si, à cette question, elle répondit : « On ne nait pas femme, on le devient », il ne faut pourtant pas en conclure, comme semble nous le suggérer la citation de Lacan que j’ai mis en préambule de ce texte, qu’une femme ne devient véritablement elle-même qu’à partir du moment où elle s’abstient de réfléchir sur sa condition. Bien au contraire. Il me semblerait plus juste de dire, à l’instar de ce que nous suggère Nina Dotti dans ses créations, que ce n’est qu’à partir du moment où une femme est capable de se tenir dans un rapport critique avec les clichés — les « genders», comme pourrait le dire Judith Butler dans Gender trouble, 2008 — à partir desquels nos sociétés occidentales pensent « la » femme, qu’elle pourra devenir une femme véritablement libre, c’est-à-dire, une femme capable de vivre sur un mode non-conflictuel la complexité de sa condition.

C’est là, sans doute, la raison pour laquelle Nina Dotti ne s’est pas contentée de réaliser, pour sa prochaine exposition, une série de photographies nous présentant l’image d’une Barbie Humanizer affirmant avec autorité sa capacité à être toutes les femmes qu’elle est supposée être — Barbie Humanizer est, en même temps : une femme fatale, une femme au foyer et une business girl — mais qu’elle a aussi jugé utile d’ajouter à cette image de la femme une série de sculptures représentant sous la forme de balances d’or — qui ne sont pas sans rappeler la célèbre « commande d’or » dont parle Platon dans son livre Les Lois (I, 644c-645a), « commande » qui seule est capable d’apporter à celui qui sait s’en servir, le véritable équilibre intérieur — les multiples jeux d’équilibres inconscients sur lesquels reposent une telle représentation.

Car il est clair que pour qu’une femme atteigne à son plein épanouissement, elle ne devra pas seulement prendre pour modèle de son comportement l’image d’une femme toute puissante, mais comprendre aussi que cette toute puissance n’a de sens que si elle lui permet d’harmoniser, en son for intérieur, l’ensemble des tendances qui composent son être.

Frédéric-Charles Baitinger
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