Paranoïa déambulatoire

Exposition

Dessin, installations, peinture, photographie

Paranoïa déambulatoire

Passé : 1 décembre 2012 → 12 janvier 2013

Tout porte à croire qu’il y a, dans cette marche effrénée du monde, une dimension pathologique, sorte de convulsion à demi consciente qui nous pousse vers une destination inconnue. Certes, il y a l’attrait du voyage, la découverte de l’inconnu, la nécessité du progrès, l’avancée bienfaitrice. Mais l’aventure perd de son charme lorsque, perdus, nous sommes contraints à poursuivre une déambulation forcée.

Face à cette « paranoïa déambulatoire » généralisée, certains artistes ont décidé d’opposer une résistance tacite, un acte de renoncement en forme d’arrêt. Ni sit-in, ni immobilisme, encore moins refus d’aller de l’avant, mais la volonté commune de marquer une pause dans l’histoire. Prendre le temps soudain de rendre compte. C’est ainsi que Frédéric Nauczyciel profite de cette pose pour immortaliser ce geste contestataire historique magnifié par la grâce d’une danse sans mouvement. Ou que Dennis Rudolph nous impose le silence d’un passé scrutateur. Un trouble intérieur similaire à celui que laisse émerger Boogie à la surface de son œuvre, en tentant d’y capturer ces démons.

Pierre Petit, quant à lui, matérialise cette interruption en forme de rupture. C’est « en chantant » que l’on entre dans la vie, « en chantant » que l’on s’emprisonne. Métaphore à la ténacité grandiose, véritable électrochoc sculptural.

Alors, lorsque Michael Bilsborough et Asger Carlsen réintroduisent le déplacement, on imagine la machine relancée dans sa folle poursuite. Si course il y a cependant, elle est circulaire, désordonnée, déboussolée. Les corps orgiaques du premier renvoient du plaisir au dégoût, et le dessin délicat, anatomie de l’âme, relie nos décadences contemporaines aux heures glorieuses d’une Antiquité fantasmée. Quant au second, c’est notre quotidien qu’il envahit, ou dont il fait ressurgir, l’étrangeté présente. Ce n’est alors pas tant la chair qui s’hybride, que la vision d’une société rongée par cette paranoïa déambulante.

Jeu d’enfant insouciant, valse enivrante, transe chamanique : il suffit de penser que le monde tourne continuellement sur son axe pour comprendre comment il peut facilement se griser de lui-même. Lorsque l’artiste décide de rompre ce tournoiement, inaction agissante, c’est soudain le monde qui se met à tourner autour de lui.

Il révèle, par ce geste, une agitation perpétuelle incompréhensible; il affirme, alternative suprême: marche ou crée.

Une proposition de Benjamin Bianciotto

  • PARANOÏA DÉAMBULATOIRE Vernissage Samedi 1 décembre 2012 à 16:00
Galerie Olivier Robert Galerie
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03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

5, rue des Haudriettes

75003 Paris

T. 01 43 25 31 87

www.galerieolivierrobert.com

Hôtel de Ville
Rambuteau

Horaires

Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous

Les artistes

  • Boogie
  • Dennis Rudolph
  • Frédéric Nauczyciel
  • Pierre Petit
  • Michael Bilsborough
  • Asger Carlsen