Room Freedom — Séminaire en appartement

Evénement

Architecture, installations, techniques mixtes

Room Freedom
Séminaire en appartement

Passé : 6 → 7 avril 2012

Une proposition de Simone Frangi

Le projet “Room, Freedom” explore les questions de l’espace privé et intime comme lieu de pratiques culturelles, politiques et sociales, et zone de déplacement de la réception des formes artistiques et théoriques.

Ce programme est pensé sous la forme d’une série de séminaires en appartement, s’attachant à se ressaisir autrement du territoire du privé comme véritable contre-espace critique, à l’image des « utopies localisées » désignées par Foucault : des espaces hors normes, habités d’expériences singulières. Ces expériences, loin d’être refermées sur elles-mêmes, nous amènent à tisser des relations actives entre espace privé et public, à questionner ce que ce dernier peut instituer comme normes afin de les réfléchir autrement.

“Room, Freedom”, titre générique donné à ces séminaires en appartement, dérive de la phrase d’Emily Dickinson : « This is the room of my freedom ». Cette formule désigne l’essence d’une activité protégée qui serait en même temps penchée sur le vertige de l’espace public. L’espace émerge ici dans sa double nature : à la fois comme réalité physique et comme champ virtuel de l’action.

Vendredi 6 avril : Roman Schmidt à 18h et Jean Clam à 19h30
Samedi 7 avril : Emmanuel Alloa à 16h30 et Simone Frangi à 18h
Entrée libre. Réservation obligatoire : contact@rosascape.com

Programme

Vendredi 6 avril 2012

Roman Schmidt à 18h — Espace privé, dissidence et internationalisme

En 1942, Marguerite Duras emménage dans un grand appartement au 5, rue Saint-Benoît. Cet espace privé sera pendant longtemps un lieu d’amitié et de solidarité, où se retrouveront nombre d’écrivains antistaliniens et anticolonialistes de Saint-Germain-des-Prés. « C’était comme une maison initiale, notera Duras, beaucoup plus tard. Même à titre prémonitoire, ça nous fait entrevoir ce que pouvait être le communisme, l’attente commune. » À partir de la formule de Hölderlin, die Psyche unter Freunden (« la pensée entre amis »), Roman Schmidt s’intéresse à la possibilité d’un être en commun que le groupe d’amis de la rue Saint-Benoît avait pu entrevoir dans l’intimité de l’appartement, pour l’expérimenter, plus tard, au-dehors. À l’aide de lettres, manifestes, entretiens et revues liés à l’expérience historique de la rue Saint-Benoît, Roman Schmidt articulera une réflexion sur le privé comme espace d’« anticipation » des événements à venir dans la sphère publique.

Roman Schmidt est journaliste à Courrier international. Il prépare une thèse, en cotutelle franco-allemande, sur « La Lettre internationale et Liber ». Son travail sur la Revue internationale de Blanchot est paru en allemand sous le titre Die unmögliche Gemeinschaft (Berlin, Kadmos Kulturverlag, 2009).

Jean Clam à 19h30 — « Appartementement » L’intimisation de l’espace

En adoptant comme point de départ l’un des concepts centraux de son ouvrage L’Intime. Genèses, régimes, nouages, Jean Clam mènera une réflexion sur la conformation spatiale de l’intimité contemporaine et sur son lien étroit avec l’espace privé : « C’est la carrière de l’intimité dans la culture occidentale qui se laisse retracer à partir des enclos spatiaux qu’elle se donne. Chacun de ces enclos s’associe à un type d’intériorité et d’expérience relationnelle. L’exploration des espaces de l’intime débouche sur une reconstruction de la fantasmatique de l’intime comme “être-à-part”, dans un appartement — au sens verbal du terme. » Son intervention traitera de l’espace privé comme lieu de la communication. On essayera d’extraire de cette perspective une réflexion sur la portée sociologique et politique de ce mouvement d’intimisation qui se joue dans l’espace de l’appartement.

Jean Clam est philosophe, sociologue et psychologue, chercheur au CNRS (CERSES : Centre de recherche « Sens, Éthique, Société », Paris). Parmi ses publications en français : Trajectoires de l’immatériel. Contributions à une théorie de la valeur et de sa dématérialisation, Paris, CNRS Éditions, 2004 ; L’Intime : genèses, régimes, nouages, Paris, Ganse Arts et Lettres, 2007 ; Aperceptions du présent. Théorie d’un aujourd’hui par-delà la détresse, Paris, Ganse Arts et Lettres, 2010.

Samedi 7 avril 2012

Emmanuel Alloa à 16h30 — Du coin de l’œil. Esthétique de l’inapparent

L’espace public a-t-il un revers, une sorte de réserve, un espace privé ou intime qui permettrait le retrait ? À partir de cette question, Emmanuel Alloa soutiendra que l’intimité n’est pas une affaire d’espace, mais de regard : il y a intimité quand on ne se sent pas observé. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on n’est pas exposé à une autre forme de regard : sans doute l’intime et le privé génèrent-ils chacun leur forme de visibilité. Il s’agira d’explorer l’hypothèse que ce qui nous est trop proche devient non pas invisible mais inapparent. Peut-il y avoir une esthétique de l’inapparent qui se soucierait des franges et des marges des objets, de tout ce qui ne se laisse pas objectiver, de tout ce qui habituellement demeure inaperçu mais constitue néanmoins comme la coulisse tacite sur fond de laquelle surgissent les objets ?

Emmanuel Alloa est maître de conférences au département de philosophie de l’université Saint-Gall (CH) et Senior Research Fellow au eikones/PRN Critique de l’image à Bâle. Parmi ses dernières publications : « Le contemporain, l’intempestif et l’imminent », in Pylône Magazine, 8 (numéro spécial, Qu’est-ce que le contemporain ?, 2012).

Simone Frangi à 18h — Topologie de l’espace privé

Prenant appui sur Gaston Bachelard, Ernst Bloch, Gilles Deleuze et sur la théorie de l’art et de l’architecture (la critique du White Cube de Brian O’Doherty et la critique du White Wall de Mark Wigley), Simone Frangi explore la « matière du privé » et sa structure topologique, afin de saisir les changements structuraux des formes de la représentation et de la communication, dans un environnement non neutre et avec une forte surcharge pratique et symbolique. Cette analyse de l’espace privé en tant que structure parallèle à l’espace public sera l’occasion d’une nouvelle articulation de l’imaginaire du « dehors » et du « dedans » et des notions politiques, culturelles et sociales qui s’y rattachent.

Simone Frangi, docteur en esthétique et théorie de l’art, est chercheur en philosophie contemporaine et critique d’art. En mai et juin 2012, il sera théoricien résident à Viafarini-DOCVA — Center for artistic research and documentation for Visual Arts. Parmi ses publications récentes : « The athlete is the artist, the artist is the athlete. A reading of Matthew Barney’s Hypertrophy », Rheinsprung 11, no 3, Basel, 2012 ; « Phénoménologie de l’espace et théorie de la forme. L’influence de Maurice Merleau-Ponty dans l’esthétique de Robert Morris et Robert Barry », dans Maurice Merleau-Ponty et l’esthétique aujourd’hui, Paris, Mimesis, 2012.

Rosascape Lieu indépendant
Plan Plan
09 Paris 9 Zoom in 09 Paris 9 Zoom out

3, square Maubeuge

75009 Paris

T. +33 1 75 50 05 80

www.rosascape.com

Anvers
Cadet
Poissonnière

Horaires

Du jeudi au samedi de midi à 18h
Et sur rendez-vous par téléphone ou par email : contact@rosascape.com

Les artistes

  • Jean Clam
  • Simone Frangi
  • Emmanuel Alloa
  • Roman Schmidt