Brassaï — Pour l’amour de Paris

Exposition

Photographie

Brassaï
Pour l’amour de Paris

Passé : 8 novembre 2013 → 29 mars 2014

L’exposition Brassaï, Pour l’amour de Paris relate l’histoire exceptionnelle d’une passion, celle qui a uni pendant plus de cinquante ans Brassaï, l’écrivain, le photographe, le cinéaste, aux coins et recoins de la capitale mais aussi à tous ceux qui ont fait la légende de Paris — intellectuels, artistes, grandes familles, prostituées et vauriens.

Toute sa vie en effet, Paris demeure au cœur de sa réflexion, le fil rouge de son travail.

Né en 1899 à Brasso en Transylvanie, Gyulus Halasz qui prendra le nom de Brassaï lorsqu’il commencera à photographier en 1929, vient tout juste de fêter ses quatre ans lorsque son père professeur de littérature l’embarque avec lui à Paris où il est invité à passer une année sabbatique. Cette période d’enchantement miraculeuse reste à jamais gravée dans la mémoire du jeune homme.

Cette fascination pour Paris amène Brassaï à rejoindre la capitale française en 1924 après ses études d’art à Berlin. Il va rapidement rencontrer Desnos, Prévert qui l’intègrent dans le milieu brillant des artistes et intellectuels qui font la renommée des années folles à Montparnasse et l’introduisent dans la nébuleuse surréaliste. Sa pensée s’attache insensiblement à transformer le réel en décor irréel. Il recherche les objets les plus ordinaires et en détourne le sens, ose les juxtapositions insolites et défamiliarise la perception en sortant le réel de son contexte. Voici comment naîtra sa quête obstinée des graffiti à partir de 1929.

À la même époque, Brassaï s’attache à traquer dans la lumière nocturne de la ville un Paris insolite, inconnu et méprisé. Au fil de ses longues déambulations qui le mènent seul ou en compagnie d’henry Miller, Blaise Cendrars ou Jacques Prévert, ses complices qui attisent sa curiosité, il rend visibles les humbles — prostituées des quartiers « chauds » ou travailleurs de la nuit aux halles — transforme la rigueur classique de l’architecture parisienne en scènes étranges et fixe l’insolite beauté des silhouettes fugitives, des illuminations aveuglantes ou les brouillards sur la Seine.

Ce flâneur impénitent décrit la ville suivant les points de vue qui lui sont propres et que la lumière lui offre comme la vision panoramique de Paris du haut des tours de Notre-Dame, les reflets infiniment répétés des arches de pont sur la Seine, la mise au carreau des jardins des Tuileries dessinés par l’ombre des grilles, les fleurs du marronnier qui surgissent de la nuit telles un bouquet nuptial ou les apparitions à peine révélées des « belles de nuit » dans les passages obscurs.

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BrassaÏ, Au bistrot, ca. 1930-1932 Courtesy of the artist

En 1932, Picasso impressionné par son travail, confie à Brassaï la mission de photographier son œuvre sculptée jusqu’alors inconnue et qui doit être publié dans le premier numéro d’une nouvelle revue d’art : Le Minotaure. Les deux artistes se découvrent des goûts voire des fascinations communes qui ont marqué leur œuvre, telles l’atmosphère très féminine et dénudée des Folies Bergères, ce qui n’est guère étonnant pour ces amoureux des formes féminines, ou celle tout à fait mystérieuse des fêtes foraines dans lesquelles règnent cartomanciennes et diseuses de bonne aventure.

Parmi tous ces spectacles, celui qui retient le plus leur attention est certainement le cirque. Ils y retrouvent la beauté du corps humain soumis à la virtuosité de l’effort physique, le dialogue entre la bête et l’homme, le sens de l’équilibre et le goût pour le mystère.

Arpenteur infatigable du Paris nocturne, Brassaï n’est pas insensible à la capitale dans la lumière du jour. Il propose ainsi une vision tout à fait personnelle du jardin du Luxembourg, chaise abandonnée ou lion menaçant sous la neige, petits artisans — glacier, marchande de ballons, photographe ambulant — jardinier balayant les feuilles ou statues dévêtues etc. Même empathie naturelle pour les berges de la Seine qu’il parcourt à la rencontre des amoureux, des pêcheurs à la ligne, des sans-abris et même des chiens. Il passe d’un quartier à un autre — Quartier latin, Bercy, Auteuil — et dévoile les activités spécifiques à chacun. S’il documente volontiers la vie réelle de ces espaces, il sait capter “l’esprit” de chaque quartier de Paris : la foule élégante de la rue de Rivoli, les badauds devant les magasins des Grands Boulevards, les charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi la majesté des monuments prestigieux, tour Eiffel, Arc de triomphe et surtout Notre-Dame et ses gargouilles qu’il traque de jour comme de nuit. Ainsi, par quelque côté que l’on examine son œuvre, on y retrouve Paris, toujours Paris.

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