Fragile

Exposition

Dessin, photographie, sculpture, techniques mixtes...

Fragile

Passé : 2 juillet → 28 août 2012

Les drames qui ont secoué l’année 2011, ressentis par Alexandra Decraene comme le signe d’une accumulation d’excès boulimiques, l’ont renvoyée à sa propre vulnérabilité. Dans ce monde où l’homme persiste à fragiliser la nature, où une société clivante fait l’apologie de la réussite personnelle, de la force et de l’hypernarcissime, et où les défaillances et la fragilité sont raillées, il lui a semblé nécessaire de reconnaître, d’admettre et de défendre l’idée que la fragilité est notre part d’humanité la plus vraie.

Dans sa représentation de la Genèse, Laura Todoran nous rappelle que la fragilité a longtemps été associée à la notion de péché. En ce sens, elle a longtemps été synonyme de faillibilité alors qu’elle n’est ni un défaut, ni le signe de vulnérabilité ou de faiblesse. Assumée, elle ouvre la voie à de nombreuses opportunités. Qui mieux que Dan Miller, enfermé dans un autisme profond, peut démontrer que la fragilité est un processus de recomposition où les opportunités naissent de l’acceptation de nos propres faiblesses. Une fois nos craintes reconnues, maitrisées, apprivoisées, nous osons aller de l’avant, créer et partager. Et si en fait la fragilité était donc en réalité notre plus grande ressource ? La fragilité incorpore alors une dimension positive d’introspection et autorise une réflexion, un examen et un mouvement, pour une meilleure connaissance de soi-même tel que nous le montre Julien Isoré dans sa cartographie de la fragilité. Au delà de cet attribut, et c’est là que réside l’atout principal de la fragilité, elle devient source de créativité et agit comme un lien social. Accepter notre part de fragilité c’est s’autoriser de s’ouvrir à l’autre en se livrant et en acceptant l’aide de l’autre, concomitant à notre bonheur. La fragilité comme attribut, n’est ni un défaut ni une qualité, mais conduit à une meilleure expérience du vécu dans notre quête vers cette absolue vérité, nourrie de beauté, de joie et d’expériences partagées.

Les artistes

Tiphaine de Bodman — Plasticienne

Lorsqu’elle fait ses classes à Londres, étudiant à la Saint Martins School, Tiphaine de Bodman aime à flâner du côté du Muséum d’histoire naturelle. Un thème qui irriguera en permanence la démarche de cette jeune artiste française : influencée par le dessin scientifique et la géologie, elle déconstruit l’architecture de la nature. Le questionnement qu’elle soulève sur la place de l’homme sur cette terre, à la fois lieu d’accueil et de dangers, entre en écho avec les débats qui animent notre époque. Nos excès ont fragilisé notre berceau, et Thiphaine de Bodman redonne une place à sa mesure à l’Homme. Son « Géant de la Montagne » nous parle de cette ambigüité : le roc en acier, aux facettes éclatantes, est gravi par de frêles personnages. Ce cheminement rappelle les origines de la personne humaine, sa volonté de concilier individualité intime et appartenance au monde.

On pourrait dire que ces aspérités du rapport à la nature sont les mêmes que celles qui nous forgent. René Char ne disait-il pas :

Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il ne m’intéresse pas. ?

Charlotte Cochelin — plasticienne

Charlotte Cochelin est une artiste engagée. Française d’origine guyanaise, son travail est un long fleuve dont le courant la porte dans sa quête identitaire. Son travail est métissé, imprégné d’histoire comme l’est son pays. De voyages en rencontres elle s’est intéressée à des modes de vies inhabituels, à des cultures populaires et des identités rebelles. Son art est à son image, minimal et puissant et sa pratique au croisement du dessin et de l’architecture.

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Charlotte Cochelin, Antenna, 2009 Dessin en ruban adhésif — 180 × 95 cm
Michaël V. Dandrieux — sociologue de l’imaginaire

Michaël V. Dandrieux est sociologue de l’imaginaire, co-fondateur du cabinet d’études Eranos, directeur éditorial des Cahiers européen de l’imaginaire et chercheur au Ceaq. Il développe un art trop souvent négligé…., celui du conteur. La fragilité qu’il nous dévoile est celle de notre époque, un savant équilibre entre ressources et vulnérabilités.

Thomas Geffrier — photographe

Thomas Geffrier développe depuis plusieurs années un important travail photographique autour de l’individu. Formalisant cette recherche par une photographie systématique et répétitive, il tente d’illustrer, voire de répondre aux questions qu’il se pose sur la place qu’occupe chacun de nous au sein de la société. Avec la série Fantom, Thomas Geffrier rentre dans un corps à corps, à la fois modèle voilé se battant avec le hasard et artiste pris dans une transe créative. Il y révèle l’absolue poésie de ses formes anthropomorphiques que certain appelleront fantômes et d’autres anges.

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Thomas Geffrier, Fantom, 2011 Série de 3 tirages numériques
Mai Hofstad Gunnes — Vidéaste

Née en 1977 en Norvège, la vidéaste et plasticienne Mai Gunnes partage sa vie entre son pays natal et la ville de Bruxelles en Belgique. Exposée sur ses terres (The National Museum of Art, Architecture and Design, Oslo) mais aussi au Japon (Tomio Koyama Gallery, Tokyo) et en Grande-Bretagne (Norway Alex Sainsbury Collection, Londres), c’est en Suède qu’elle réalise An everywhere of silver (2009).

Le film porte les références du début de l’ère spatiale, ainsi que l’esthétique du mouvement du Bauhaus, mêlant architecture, design et danse. On pense immédiatement à Oskar Schlemmer et son Ballet Triadique (1922), qu’il animait par le jeu plastique des corps dans l’espace. Dans An everywhere of silver, deux femmes-fusées ébauchent un ballet gracieux et maladroit, ponctué par une musique à la fois grave et cristalline. Elles incarnent les allégories de deux vaisseaux spatiaux expérimentaux : Miriam a.k.a Main Inflated Reentry Into the Atmosphere Mission test et Regina a.k.a. REsidual Gas INflation test pour Archimède. Le rapport de l’Homme à la Terre est au cœur de ce conte onirique : au début, des mains féminines caressent une mappemonde, gênées par des entraves aux poignets. Ces mêmes femmes, devenues fusées, tentent alors de s’éloigner dans l’atmosphère. Mais la Terre demeure étrangère et sa conquête illusoire, qu’elle soit réduite à un globe insaisissable par la main de l’Homme ou agrandie à l’immensité de l’espace.

Little K — plasticien

Exposé à Beaubourg, ce jeune artiste nous parle comme personne d’une banlieue qui ne brûle pas. Le travail de Little K c’est tout d’abord une exploration, la découverte d’un espace le plus souvent urbain. De cette expérience de déambulation, de regard posé sur la ville, Little K sculpte et modèle des petits personnages de couleurs vives. Ces Chillin’ ou Hoodies en jogging et capuche, sans visage, ne sont pas pour autant démunis d’expressions. Au contraire, ils appréhendent leur espace, celui de la culture urbaine du monde hip-hop, avec fluidité et spontanéité. Contextualisés par leur physionomie, les Chillin’, représentent la jeunesse des cités de Washington à Tokyo en passant par Paris, Londres ou Madrid. Une jeunesse trop souvent stigmatisée comme nous l’a si tragiquement rappelé l’assassinat de Trayvon Martin le 26 février 2012. Pour lui comme pour tant d’autres, à l’instar des sculptures de Little K, la ville était autant un lieu de vie qu’un terrain de jeu.

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Little K, Chillin, 2008 Pâte fimo — 11 × 8 × 2,5 cm Little K
Dan Miller — plasticien

Dan Miller est un des premiers artistes d’art brut à avoir intégré la collection du MoMA. L’artiste qui souffre d’une forme d’autisme profond fréquente depuis plus de 15 ans le Creative Growth Art Center d’Oakland en Californie. Obsédé par des objets comme des ampoules ou des douilles électriques, par des noms de villes, de gens, par des chiffres, par la nourriture, il décline son monde intérieur en répétant sur le papier, les signifiants qui s’y rapportent. Il superpose des couches considérables d’écriture — lettres, figures, mots — jusqu’à l’illisible. A l’instar des mots, peinture, stylo, crayon, feutre, différents matériaux se chevauchent. Dan s’est récemment approprié une vieille machine à écrire avec laquelle, retenant par moments le papier, il met à jour son procédé en surimprimant les caractères. Au-delà du cryptage lexical que provoque l’accumulation  — le corps de la lettre, la force expressive des mots. C’est l’illustration parfaite du graphein grec, à la fois écriture et peinture.

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Dan Miller, Sans titre, 2011 Encre sur papier écrire sur papier — 28 × 76 cm Courtesy of the artist & Galerie Christian Berst, Paris
Emilie Schalck — plasticienne

Emilie Schalck aurait pu être la fille de Tim Burton. C’est une artiste plasticienne Française qui reconstitue des espaces anxiogènes submergés par des documents d’archives souvent froissés ou raturés. Elle écrit et réalise également des films mélangeant des techniques et des artifices de l’histoire du cinéma ainsi que des images issues de la culture populaire. Dans son travail le plus récent, Emilie retourne au papier qu’elle découpe en fines dentelles dont l’ombre portée regorge de surprises.

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Emilie Schalck, Sans titre, 2009 Néon blanc industriel, 1000 Feuilles de papier froissées et raturées — 40 × 30 cm Complexe Rittberger à Glassbox /TCI Fondation Avicenne Cité Internationale.
Claudia Squitieri — plasticienne, auteur

L’artiste Italienne oriente principalement son travail autour du féminin et de la recherche d’identité en milieu hostile. Claudia déstabilise « l’autre » au gré de ses créations. Elle met en exergue ce mal être nihiliste et nous invite à une exploration individuelle autours de interrogations fondamentales. Si la première question est “Pourquoi ?” un début de réponse germe dès que l’on se demande “Pour qui ?”. Théâtre de la mémoire, projection de soi, fantasme sont autant de points de fuites possibles exploités dans son travail protéiforme.

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Claudia Squitieri, Les Chercheurs Claudia Squitieri, 2012 Installation sonore — Dimensions variables © Claudia Squitieri
Julien Salaud — plasticien

Depuis qu’on l’a découvert au salon de Montrouge en 2010, Julien Salaud n’a de cesse de surprendre. Un tourbillon de succès entre expositions dans les plus grands musés français (Palais de Tokyo, Musée d’Art Moderne de Paris, Quai Branly, Fondation Ricard, Musée des années 30 …), couverture de Beaux-Arts Magazine et des expositions dans une dizaine de pays européen n’ont pas fait perdre la tête à cet artiste qui mesure l’importance d’un travail acharné. L’œuvre de Julien Salaud, empreinte d’un onirisme envoûtant, nous plonge brusquement dans un monde où l’animal est âme, force et beauté. Par l’intermédiaire de ses œuvres, Julien Salaud ressuscite cet univers animiste, cette Nature peuplée d’esprits et de muses avec laquelle cohabitaient nos lointains ancêtres, et qu’il a redécouvert au plus profond de la forêt Guyanaise.

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Julien Salaud, La rosée du crépuscule, 2012 Courtesy de l’artiste & Galerie Suzanne Tarasieve

Dans le cadre de « Fragile » Julien Salaud présente deux œuvres, images du ciel et de la terre. Au sol, la « Constellation du faon » présente un faon allongé, paré d’un entrelacs de perles. Une métaphore de l’Agnus Dei, victime sacrificielle destinée chargée d’ expier les péchés du monde. Du plafond, apparaît un ensemble de « Pièges à rêves » à base de papillons à la fois rempart contre les cauchemars et évocation de l’âme libérée de son enveloppe charnelle et devenue bienfaitrice et bienheureuse.

Samon Takahashi — plasticien, compositeur

Samon Takahashi est un artiste complet et transversal. Entre l’architecture, le son, les arts plastiques et la musique, il tente d’établir des liens, créant de nouvelles formes de langage, entre ces différentes pratiques. Sa recherche artistique s’articule autour des rapports analogiques entre le langage et la ville, ou la musique et l’architecture, et pour lesquels il recherche de nouvelles formes de grammaire et de classification. Ses productions prennent des formes diverses, telles que la sculpture, l’installation sonore ou vidéo, le croquis et la maquette. Passionné de mathématique et de cybernétique, l’artiste projette ses œuvres dans un futur qui lui est propre mais ouvert, car adaptable selon l’individu. Exposé dans le monde entier, on le retrouve dans les lieux les plus prestigieux : le Palais de Tokyo, le Carré du Louvre, le musée d’Art moderne, le 18th Street Art Complex à Los Angeles… Plus qu’un artiste, Samon Takahashi est un visionnaire.

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Samon Takahashi, Contrapunto Dialettico Alla Mente, 2009 Bois médiumn néon, cable verre — 275 cm × 170 cm × 120 cm Samon Takahashi
Laura Todoran — plasticienne

Laura Todoran est une artiste intuitive et engagée qui puise dans les thèmes classiques des récits mythologiques ou bibliques l’inspiration à l’origine de ses œuvres allégoriques. Dans le cadre de son dernier projet intitulé Babel, qui s’inspire des alphabets construits pour les malentendants, Laura Todoran peint en blanc des corps faisant office de papier, et en noir des mains qui jouent le rôle de l’encre. Elle s’applique ensuite à transcrire le texte de la construction de Babel en d’autant de pictogrammes, de langues et de gestes. Avec Genèse, les caractères dessinés pas les mains s’estompent pour laisser place aux corps. L’histoire est découpée en cinq étapes : la création d’Adam avec un détail de peau figurant la T(t)erre, la création d’Eve telle une statue, l’arbre de la connaissance composé de la main de la femme et de celle de l’homme,la tentation qui se manifeste par un serpent-main et, enfin, la chasse du Paradis. Exposée de Paris à Berlin en passant par Lille et Bologne, le travail de Laura Todoran interpelle en invitant à une expérience intime de réfl exions personnelles.

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Laura Todoran, Genèse — L’arbre de la connaissance, 2011 Photo Tondo — 27 cm NM Galerie
Hotel de Gallifet Lieu ephémère
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52, rue Cardinale

13100 Aix-en-Provence

T. 09 53 84 37 61

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Ouvert tous les jours du 2 juillet au 28 Août de midi à 18h30

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