La dissipation sur le virage

Exposition

Installations, photographie, sculpture

La dissipation sur le virage

Passé : 22 octobre → 11 décembre 2015

Après avoir exposé dans le sillage d’une résidence au MacVal en 2008, on avait pas revu à Paris un ensemble consistant de Michel de Broin, artiste québécois confirmé (lauréat en 2007 du prix canadien Sobey), dont la dernière exposition d’envergure a occupé les salles du Musée d’Art Contemporain de Montréal en 2013.

Depuis, Michel de Broin a poursuivi le développement de sa pratique par dérivation de l’objet jusqu’à proposer aujourd’hui la somme temporaire de ses expérimentations. Sans jamais se cantonner à un médium de prédilection, de Broin livre cette fois-ci autant des cyanotypes (technique des origines de la photographie) que des bronzes, et ce sans connaître de limites puisqu’un assemblage monumental côtoie une œuvre langagière gracile dans cet opus.

L’œuvre qui donne son nom à l’exposition, Dissipation sur le virage (2015) est un organisme en soi, tentaculaire, apparemment sans fin, une concrétion presque corallienne de tabouret métalliques. Cette structure rhizomatique déjoue l’origine utilitaire de son matériau pour mieux le projeter dans l’univers des circulations et des dynamiques. D’un virage à l’autre, l’alternance des accélérations et des décélérations génère une forme d’ivresse comparable à l’énergie dépensée pour retrouver son équilibre. La dissipation de l’énergie est aussi à l’œuvre dans la plus petite pièce de l’exposition, Embrase-moi (2013), petite résistance graphique embrasé: qui s’y frotte s’y brûle. L’artiste sait entretenir le sentiment de nécessité dégagé par ses mises en crise du réel drolatiques. Les va-et-vient qu’effectue Michel de Broin défont le sens de la logique en permanence jusqu’aux nœuds gordiens. Ceux de Vacuum Orgy (2015), polyptyque de six cyanotypes, forment un entrelacs visuel mouvant, pas tout à fait empreinte, passage furtif au soleil. Les tuyaux d’aspirateurs ont en effet été déplacés à la surface sensible du papier, déposant une trace fuyante, celle de la logique des systèmes que Michel de Broin se plait à déconstruire. En parlant de dérapage contrôlé, Drunkated Buckyball (2015) avec son apparence de structure géodésique aurait tout du système imparable. Les touillettes à cocktails qui le forment en dérèglent l’assemblage ordonné avec leurs ornements animaliers et corporatifs, leurs couleurs joyeuses de l’ébriété. Exercice d’équilibriste, ces fragiles spécimens d’une collection signalant la dérive, trompent leur monde. Moulés en bronze et peints, les délicats instruments ont subi un façonnage qui les détourne. Un modus operandi que privilégie décidément l’artiste dont les méandres de l’esprit sont comme cristallisés au centre de l’espace dans ce circuit métallique traversé d’interruptions chromatiques, entre carte mémoire et piste de compétition.

La dissipation sur le virage forme un monde retors, aux trajectoires déformantes.

Bénédicte Ramade
  • Vernissage Jeudi 22 octobre 2015 à 18:00
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5, rue des Haudriettes

75003 Paris

T. 01 46 33 04 38

www.galerieevameyer.com

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Du mardi au samedi de 11h à 19h
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