Matthieu Davy de Virville — À propos — Slash Paris

L’âme des objets

Exposer des œuvres d’art « Design » de nos jours, c’est prendre le risque que l’on s’arrête à l’esthétique — C’est beau ! C’est Design ! 

Matthieu Davy de Virville est un esthète, certes ; mais au sens où il poursuit un chemin, où il a l’obsession du détail. Il sait s’entourer d’experts pour mener au bout sa vision de l’objet, même si cela doit mettre en œuvre des technologies complexes de réalité augmentée ou de la robotique.  .

Ce que nous offre ici l’artiste ce n’est pas l’apparence, la surface des choses, mais une exploration en profondeur des objets, de leur(s) sens, à une époque où ils sont de plus en plus animés, interactifs, et parfois même virtuellement vivants. Comme en écho au vers célèbre de Lamartine, il re-questionne le monde de manière toute contemporaine : « Objets inanimés avez-vous donc une âme… », une vie propre, une vie intérieure, une vie ailleurs ?  .

Parfois l’œuvre revêt un style documentaire. Dans SA, Observation du solide aérien, l’artiste filme de manière lente et contemplative la fascinante et parfaite plasticité des avions, nous incitant à nous décoller de l’objet pour atteindre le monde du sens ; et l’on finit par imaginer, à force de les fixer du regard, que ces avions cloués au sol ont une vie intérieure.  Ou encore dans le film U.M.A, le magnifique ballet surréaliste de bras robots où l’artiste semble nous inviter au voyage dans les rêves d’une machine.  La sculpture Dummies questionne l’objet à vie multiple, les sens parfois totalement contradictoires que peut avoir un même objet en fonction de son contexte d’usage : arme jouet / arme de dissuasion pacifique / arme d’agression. Cette arme sculpture étant elle-même un manifeste de la pensée de l’artiste.

Dans l’œuvre interactive Pharmakon, à travers la confrontation entre un objet (casque de pilote) et son avatar virtuel qui lui fait face, l’artiste déroute le spectateur vers un espace virtu-réel dans lequel celui-ci devient acteur. Dans la Grèce antique, pharmakon désignait une substance qui était à la fois un remède et un poison… 

L’œuvre de Matthieu Davy de Virville nous interpelle tant par l’exceptionnelle qualité graphique que par les différentes possibilités qu’elle offre de pénétrer et de questionner les objets ; elle préfigure un nouveau genre d’Art immersif situé à mi-chemin entre le réel et le virtuel, entre l’objet et son sens.