A triple tour — Collection Pinault

Exposition

Techniques mixtes

A triple tour
Collection Pinault

Passé : 22 octobre 2013 → 6 janvier 2014

À Triple Tour présente un ensemble important d’œuvres de la collection de François Pinault.

Les œuvres choisies ont été réunies autour du thème de l’enfermement, un thème qui entre en résonance avec le cadre de la Conciergerie qui fut aussi un lieu de détention. Une sélection de près de 50 œuvres de 23 artistes sera présentée sur 1500 mètres carrés. Ces œuvres, pour la majorité inédites, proposent des points de vue variés et singuliers sur ce sujet omniprésent dans l’histoire de l’Humanité.

L’exposition s’articule autour de deux axes principaux : l’enfermement comme résultant des facteurs exogènes (crises politiques, écologiques, violences urbaines …) et l’enfermement personnel conséquence du rapport de l’homme à lui-même.

Le parcours de l’exposition commence par l’œuvre historique de Michelangelo Pistoletto, La Gabbia (La Cage), une installation faite de miroirs qui brouille la perception : le visiteur a l’impression presque réelle d’être enfermé sans pour autant être privé de sa liberté. Le ton est ainsi donné.

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Kristian Burford, Last night you brought a man up to your room after having a late drink at the hotel bar. Knowing that you are HIV positive you had sex which caused him to bleed. After a day of meetings you now return to your room (Vue de l’exposition), 2011 Plaques de fibre de verre et technique mixte — 986,2 × 734,1 × 304,8 cm © Courtesy Kristian Burford and Nye + Brown, Los Angeles. Robert Wedemeyer

La première partie traite des grands bouleversements qui frappent nos sociétés : les dangers écologiques (Diana Thater), l’impossibilité de communiquer (Bill Viola), les prisons dans tous leurs états (Boris Mikhaïlov, Mohammed Bourouissa, Ahmed Alsoudani), la guerre civile (Mona Hatoum), le terrorisme (Raphaëlle Ricol), les débordements urbains (Julie Mehretu) et enfin l’idée de résistance (Bertille Bak et Allora & Calzadilla).

La deuxième partie se concentre sur l’individu confronté à lui-même et à ses démons : l’angoisse de la vieillesse (Sung Yen et Peng Yu), la phobie de la maladie et de la décadence (Damien Hirst), la folie (Javier Tellez, Maria Marshall), la peur de la solitude (Llyn Foulkes), la culpabilité (Kristian Burford), le verrouillage mental (Friedrich Kunath, Tetsumi Kudo), ou corporel (Justin Matherly, Alina Szapocznikow).

Le parcours se poursuit avec trois œuvres de Chen Zhen qui dans un même élan embrassent toutes les formes d’enfermement : depuis l’exil jusqu’à la maladie.

Enfin, la visite s’achève avec une œuvre spécifiquement réalisée pour l’exposition par les deux artistes belges Jos de Gruyter et Harald Thys, qui proposent une conclusion teintée d’humour.

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Allora & Calzadilla, Intermission (Halloween Iraq IV) (vue d’exposition), 2010 Gravure sur bois imprimée sur lin — 304,8 × 426,72 cm Courtesy Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla et Kurimanzutto, Mexico City

« Pourquoi montrer à la Conciergerie en cette fin d’année 2013 une exposition d’art contemporain consacrée à toutes les formes d’enfermement auxquelles l’être humain risque de se voir soumis ?

Avant tout parce que l’on sait de manière définitive depuis Michel Foucault — dont le nom doit être cité d’emblée ici, tellement il est manifeste que dans son principe même, une telle exposition n’eût pas été concevable sans l’apport de son œuvre — que parler de l’enfermement, c’est aussi parler du pouvoir et, surtout, parler de la liberté. La question de l’enfermement dépasse de beaucoup la seule question, déjà considérable et ô combien actuelle sous bien des latitudes, de la prison et de la condition pénitentiaire. Elle interroge aussi toutes les situations d’ordre politique, économique, social, ou même intellectuel, sanitaire ou technologique qui peuvent produire une aliénation et se révéler privatives de liberté. L’évolution du monde nous confronte quotidiennement à de telles situations ; aussi chacun d’entre nous doit-il, dans son for intérieur ou dans le débat public, réfléchir sans relâche aux contours qu’il entend donner à sa propre liberté aussi bien qu’à celle des autres. Si cette exposition peut éveiller ou nourrir une telle réflexion, elle aura sans nul doute atteint son but.

Il est, à cet égard, significatif d’avoir choisi, pour aborder un tel thème, une exposition d’art contemporain : au même titre que le philosophe ou le juriste, l’artiste est profondément qualifié pour parler de la liberté, dont, mieux qu’aucun autre peut-être il ressent intimement toutes les vibrations, qu’il transmet de manière immédiatement perceptible au public le plus large. D’où ce regard dépourvu de complaisance, mais plein d’humanité et parfois même d’espoir, voire d’humour, jeté sur des formes d’enfermement aussi diverses que la prison, bien sûr, mais aussi la maladie, la dictature ou la vieillesse.

Ce regard nous touchera sans doute d’autant plus que l’exposition se tient en un lieu, la Conciergerie du Palais de la Cité, utilisé comme prison pendant une longue période de son histoire, une prison qui, pour beaucoup, n’a été que l’antichambre de la mort. Il faut prévoir qu’en dehors de toute facilité à laquelle pourrait faire croire le choix du thème et du lieu, l’exposition permette à un échange fécond en émotions et souvenirs de se nouer entre le monument et les œuvres. »

Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux

Commissariat : Caroline Bourgeois.

Scénographie : Caroline Barat et Thomas Dubuisson (architectes), agence Search.

Divers lieux pour cet événement

Les artistes

  • Justin Matherly
  • Kristian Burford