Atlas

Exposition

Installations, photographie

Atlas

Passé : 11 octobre → 10 novembre 2012

On dit d’Atlas, titan mythologique, qu’il porte le monde sur ses épaules depuis la nuit des temps et pour l’éternité. Le dos courbé sous la voute céleste il regarde la Terre et les hommes d’un œil panoptique.

Recueil de savoirs typologiques et sémiologiques, l’atlas fournit toutes sortes de représentations imagées, cartographiées, de conceptions politiques et idéologiques, d’une société ou d’une culture. L’atlas exprime un point de vue, il délimite, crée des catégories et définit les territoires.

Cette exposition regroupe neuf photographes contemporains autour d’un thème, le paysage, et d’un sujet, nos sociétés post-industrielles balbutiantes. Ce qui les réunit est leur capacité à interroger notre perception du paysage et leur contribution au renouvellement du genre. Parmi les artistes retenus pour cette exposition certains sont issus des rangs de célèbres écoles d’arts, l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf, l’École nationale supérieure de photographie d’Arles, l’École nationale des beaux-arts de Paris, la School of Visual Arts de New York, et d’autres sont autodidactes. Olivier Cablat, Ezio D’Agostino, Hannah Darabi et Domingo Millela débutent leur carrière, quand d’autres sont internationalement reconnus, Philippe Chancel, Aymeric Fouquez, Taiji Matsue, Joseph Schulz et Éric Tabuchi.

Le paysage est un motif lié à l’histoire du médium photographique depuis son origine, dont le point de référence dans la chronologie contemporaine, s’il en est un, est l’exposition New Topographics de William Jenkins (1975) qui annonçait un renouveau du genre documentaire en introduisant des artistes tels que Stephen Shore, Lewis Baltz, Bernd et Hilla Becher, Robert Adams…

« Ces photographies ont été dépouillées de toutes fioritures artistiques et réduites à un état essentiellement topographique, transportant d’importantes quantités d’informations visuelles, mais s’éloignant des notions de beauté, d’émotion et d’opinion propres à l’art »

affirmait Jenkins dans le texte de l’exposition. En effet, le noir et blanc, le minimalisme, le sériel, l’objectivité des images, l’« absence de style » introduisait une nouvelle esthétique du paysage photographié pour documenter le monde industrialisé du siècle passé.

L’atlas proposé en 2012 redistribue les cartes. Ces d’artistes — allemands, italiens, iraniens, français, japonais — présentés par la galerie LWS font figure de nouvelle vague. Sans trahir l’héritage des New Topographics  — approche typologique, importance des signes visuels, sérialité, demeurant des éléments constitutifs du langage photographique documentant le passage à une ère post-industrielle — les artistes observent et enregistrent le monde au travers du filtre de la couleur, de manière frontale ou vu de haut, sans jamais perdre le détail du geste qui dépasse la beauté de la forme. De Val Camonica en Italie à Dubaï aux Émirats arabes unis, des cimetières du nord de la France aux zones périurbaines de Camargue, des panneaux publicitaires américains des années 60 aux culs des camions qui sillonnent l’Europe, les photographies exposées nous donnent à voir des sociétés vouées à des changements parfois brutaux et décisifs, parfois lents, sur le déclin ou dans l’attente. Ces artistes, tout en continuant à produire des images dans la veine de la photographie documentaire dite tranquille, s’émancipent progressivement du genre en intégrant à leurs pratiques celles de l’art contemporain. En se détournant de l’événement, du sensationnel, de l’action, ils révèlent l’artifice. En dévoilant les strates successives d’activités humaines, ils exhument les différentes temporalités d’un territoire donné. Ils tracent la ligne d’horizon sur l’écran des années 2000 et nous livrent l’atlas d’un monde post-industriel qui se construit progressivement sur des restes. Se pose alors en filigrane la question de l’identité des lieux et du sentiment d’appartenance à ceux-ci. C’est bien notre rapport au paysage et notre place de spectateur qui sont questionnés ici. Les points de vue critiques de ces artistes contribuent à révéler, non sans humour et ironie, la dualité de l’activité humaine sur le paysage.

Si généralement c’est à l’archéologue, à l’historien, au sociologue dont revient la constitution scientifique d’un atlas, avec ces écritures documentaires et photographiques, une nouvelle génération d’artistes compose avec son temps les planches d’un autre atlas.

Valentine Guillien, Sebastian Hau, Victor Secretan
  • Vernissage Mercredi 10 octobre 2012 à 18:00

    Cette exposition regroupe neuf photographes contemporains autour d’un thème, le paysage, et d’un sujet, nos sociétés post-industrielles balbutiantes.

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