Davor Vrankić — Tentation d’Éveil — Galerie Da-End — Exposition — Slash Paris

Passé : 16 janvier → 8 mars 2014

Tentation d’Éveil est une nouvelle exposition personnelle du dessinateur croate Davor Vrankić.

Né en 1965 à Osijek, Davor Vrankić s’est formé à la gravure classique à l’école des Beaux-Arts de Sarajevo avant de découvrir une approche plus conceptuelle et minimaliste à Zagreb. Partageant sa vie entre Paris, New York et Zagreb depuis une vingtaine d’années, il n’a eu de cesse d’explorer les multiples possibilités offertes par la mine de plomb, dont il a fait son médium principal. Souvent de grands formats, les œuvres de l’artiste présentent une impressionnante complexité graphique. Composés d’un flot logorrhéique de traits fins qui viennent noircir le papier avec une remarquable diversité de textures, ses dessins virtuoses donnent à voir des scènes figuratives et oniriques, toutes droit sorties de son inépuisable imaginaire.

Entamant chaque œuvre sans images de référence ni esquisse préparatoire, Davor Vrankić se lance à l’assaut de la feuille blanche pour au final laisser le dessin s’imposer à lui. Si jusqu’à présent ses obsessions l’avaient mené à saturer l’espace de personnages, s’évertuant à des prouesses techniques dans le rendu des matières et des détails, cherchant à bouleverser nos perceptions, le corpus d’œuvres présenté à la Galerie Da-End dévoile une facette tout à fait inédite de son travail.

La tension et l’inquiétante étrangeté demeurent mais deviennent sous-jacentes, bien plus subtiles. Davor Vrankić délaisse cette fois les formes humaines au profit d’un règne plus végétal peuplé d’êtres chimériques aux contours abstraits. Il nous dévoile non seulement un univers qu’on lui méconnaissait, mais révèle aussi la nouvelle relation instaurée entre son crayon et la feuille blanche. Pour la première fois, il résiste à la tentation du noir — ce désir irrépressible d’aller toujours plus loin dans le trait, jusqu’à ce qu’il ne reste plus une once d’espace vierge — pour au contraire explorer l’effritement de la matière dans et par la blancheur du papier.

Un vent nouveau semble souffler sur les pages du dessinateur. Des rayons lumineux annonciateurs inondent l’espace, viennent sculpter les formes et engendrer des métamorphoses auxquelles nous assistons. La lumière se fait source de chaos, désintégrant les êtres et précipitant leur évaporation, mais aussi source de grâce, de renaissance spirituelle. Pénétrées de clarté, la faune et la flore, comme purifiées, se transforment et se fécondent. Un nouvel ordre du monde, libéré du carcan de nos perceptions, apparaît alors sous ses traits. De manière diffuse, le sacré infiltre le paysage et traverse les corps. On est alors tenté de se demander si nous ne sommes pas en train d’assister à l’éveil de l’artiste lui-même.

Davantage contemplatives, les œuvres de l’exposition Tentation d’Éveil semblent apaisées, du moins en apparence. Le monde paradoxal qu’elles dépeignent, suspendu quelque part entre le réel et l’irréel, est le théâtre d’un véritable questionnement d’ordre métaphysique.