Drôle de Temps

Exposition

Techniques mixtes

Drôle de Temps

Passé : 9 → 18 novembre 2011

Tout a commencé par cette fameuse réplique :

Louis Jouvet — Bizarre, bizarre…
Michel Simon — Qu’est-ce qu’il a ?
L. J. — Qui ?
M. S. — Votre couteau
L. J. — Comment ?
M. S. — Vous regardez votre couteau et vous dites « bizarre, bizarre », alors je croyais que…
L. J. — Moi, j’ai dit « bizarre, bizarre » ? Comme c’est étrange. Pourquoi aurais-je dit « bizarre, bizarre » ?
M. S. — Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit « bizarre, bizarre ».
L. J. — Moi, j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre !

Cette réplique est extraite d’un film de Marcel Carné, Drôle de drame. Deux personnages se détestant respectueusement, incarnés par Michel Simon et Louis Jouvet, sont entrain de dîner. Le premier mal à l’aise de mentir au second, crée des situations rocambolesques, que le second interprète comme étant la preuve de sa culpabilité. La méprise induite par la bizarrerie engendre une lecture tout autre de la réalité, d’un fait relativement banal.

Le point de départ de cette exposition est ce film, plus particulièrement cette réplique. Le fil de mes idées, mon cheminement m’en ont distancé tout en gardant l’empreinte, le goût de cette atmosphère, de ces impressions.

Le temps s’écoule ?… Le temps bruisse ! Il était une fois, un sablier qui donnait à entendre le temps, à l’écouter dans sa durée. Nous installant ainsi dans un espace sonore et visuel. Le temps est suspendu et se donne à entendre comme celui d’un paysage figé par la glace qui crisse.

Nous avons plaisir, en un court instant dilaté, à écouter le temps qui passe et pour renouveler l’expérience il suffit de (re)retourner Soundglass. Atsunobu Kohira nous dévoile la beauté de cet espace indéfini où parait se dérouler irréversiblement les existences dans leur changement.

Le temps est aussi suspendu dans les photographies de Cécile Hesse et Gaël Romier : Picnic à l’Ether, Pour le Meilleur et pour le Pire, Talons Epluchés. A la fois sages et violentes, rationnelles et irrationnelles, générant des atmosphères dans un univers réaliste mais détenant un supplément fictif aux regards de nos esprits fantasques.

Tout comme dans Soundglass, c’est le détail de ces artifices qui nous fait basculer de l’autre côté du miroir, ouvrant des échappées vers le rêve aux contours insaisissables, détricotant ainsi nos certitudes, interrogeant notre regard sur ce qu’il croit connaître. Ces œuvres redessinent le monde réel en déplaçant avec poésie la perception de celui-ci. Nous nous trouvons ainsi un rôle en tant qu’acteur dans le théâtre du quotidien en le nourrissant de nos fantasmes.

Leïla Simon
Divers lieux pour cet événement

Les artistes

  • Cécile Hesse
  • Gaël Romier
  • Atsunobu Kohira