Et In Libertalia Ego — Un projet de Mathieu Briand

Exposition

Techniques mixtes

Et In Libertalia Ego
Un projet de Mathieu Briand

Passé : 19 février → 10 mai 2015

Depuis 2008, Mathieu Briand a installé provisoirement son atelier sur un îlot situé sur le Canal du Mozambique à Madagascar.

Sur ce lieu sacré et habité par une famille malgache depuis plusieurs générations, il a proposé aux habitants d’inviter un groupe d’artistes à y intervenir, soit directement sur place, soit par le biais de protocoles à exécuter.

Intitulé Et In Libertalia Ego, le projet se réfère autant à la célèbre inscription Et in Arcadia Ego que les bergers du tableau de Poussin pointent du doigt, qu’à la colonie libertaire éponyme décrite dans le livre A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates (1724) (Une histoire générale des plus fameux pirates) — ouvrage qui mêle de manière ambiguë sources réelles et fictionnelles, et dont l’auteur pourrait bien être Daniel Defoe, père de Robinson Crusoé.

Soutenue par La maison rouge depuis 2012, l’initiative de Mathieu Briand est présentée sous la forme d’une exposition.

L’exposition sera également présentée en septembre 2015 au Mona (Museum of Old and New Art), Tasmanie.

Premier récit

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Retour aux sources.

En juin 2008, à la suite d’un e-mail de ma sœur, contenant une photo d’une île qui m’était alors inconnue et qui avait été prise depuis le jardin de ma tante à Nosy Be (Madagascar), je décide de me rendre sur place pour effectuer des recherches sur Libertalia*.

À mon arrivée, j’atteins l’île à la nage et découvre avec surprise qu’elle est habitée. Îlot plutôt qu’île, ce territoire isolé abrite quelques habitations et une végétation dense. J’ai été accueilli par des jeunes femmes et quelques enfants qui m’ont fait visiter l’île. Sur notre chemin, nous avons rencontré deux hommes qui travaillaient dans quelques plantations de bananiers. Au retour, un homme âgé, que tout le monde ici nomme « Papa », nous attendait. Une longue discussion s’engage, et il m’apprend qu’il est le chef de la famille résidant sur l’île, et le chef de l’île. Il est aussi premier ministre du prince de Nosy Be, garant des traditions et c’est lui qui communique avec les esprits et est en charge des rituels. L’île abrite un arbre sacré.

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Mike Nelson © Mathieu Briand

Je leur demande si je peux revenir les interviewer le lendemain avec ma caméra, ce qu’ils acceptent.

« Papa » me raconte comment sa mère a acheté l’île aux français, comment elle a planté des bananiers, cafetiers et toutes sortes de plantes comestibles afin d’en faire commerce et d’être autonome. Il me raconte qu’il est né et a toujours vécu là tout comme ses deux fils et ses deux filles.

Tout au long de l’année, ils font des va-et-vient entre l’île et le village de pêcheurs situé sur l’île principale, sur laquelle ils ont aussi une maison.

Toutes sortes de rumeurs et légendes courent à propos de cette île et de ses habitants : autour de personnes qui y seraient enterrées, ou de ceux qui ont voulu l’acquérir, ou encore de mines dont elle recèlerait malgré sa taille minuscule.

Je me lie un peu plus avec un des fils, Saïd.

Il est un piroguier hors pair et me fait faire le tour de l’île et des environs. Je me rends ainsi chaque jour sur l’île, tissant toujours un peu plus de liens avec cette famille.

Deuxième récit

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En novembre 2008, mon projet de fonder Libertalia sur les traces du Capitaine Johnson se dessine, mais je me rends compte du gouffre entre mon intention première et sa faisabilité. Je décide d’adapter mon projet et demande au « papa » s’il accepterait d’organiser un rituel pour demander aux esprits de consacrer notre rencontre. Il accepte et m’accueille ainsi officiellement sur l’île.

Nous organisons alors une grande fête, qui dura trois jours et au cours de laquelle est sacrifié en offrande un zébu. De ces premiers événements, je réalise des vidéos et des photographies qui vont constituer la base de mon travail à venir.

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L’atelier © Mathieu Briand

Le lendemain, « papa » me reçoit et me demande de m’installer sur l’île afin de les aider, lui et sa famille. Cette demande rejoignait les desseins du roman de Defoe et marquait le début de mon projet Et in Libertalia Ego. Je décide alors de construire sur l’île une habitation rudimentaire qui serait en quelque sorte mon atelier,* qu’ils pourraient louer en mon absence et servirait au développement de mon projet.

Troisième récit

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En mars 2009, le gouvernement malgache est renversé par un coup d’état. J’y retourne malgré tout trois fois afin de poursuivre mon projet qui évoluait au fur et à mesure des difficultés rencontrées. J’ai commencé par construire un solide bungalow, ce qui fut long et compliqué. Au gré de mes venues, l’île devient un espace mental, où je peux expérimenter un art en dehors de l’atelier traditionnel ou de circuits artistiques qui m’étaient plus familiers (tels que le musée, le centre d’art ou la commande publique ou privée), et avec le souhait d’inviter des artistes à partager l’expérience. Le bungalow nouvellement construit devient mon atelier et l’île un territoire physique et mental. J’ai alors proposé à trois artistes (Thomas Hirschhorn, Pierre Huyghe et Damián Ortega) de réaliser à partir d’un protocole qu’ils accepteraient de me confier, des œuvres qu’ils avaient précédemment créées, et de les déplacer de leur contexte initial. Condition sine qua non, ces œuvres, choisies pour leur pertinence par rapport au projet, devaient être réalisables avec les moyens dont je disposais sur l’île : outils, matériaux et savoir faire des personnes qui participeraient à la conception des œuvres.

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© Mathieu Briand

Ni indiquées, ni mentionnées, ces œuvres qui ont finalement vu le jour avaient pour seuls destinataires l’île et ses habitants. À mon retour en France, j’apprenais que Said avaient détruit les œuvres, y voyant l’émanation d’une magie noire, et démonté une partie de mon atelier.

L’un de mes objectifs, élaborer une œuvre hors de l’atelier, dans un contexte qui m’était étranger et à partir de nouvelles contraintes, était clairement atteint, même si sa validation passait paradoxalement par la destruction des œuvres.

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Thomas Hirschhorn © Mathieu Briand

Artistes invités par Mathieu Briand

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Francis Alÿs 1959, vit et travaille à Mexico depuis 1986

Grégory et Cyril Chapuisat 1972 et 1976, vivent à Genève

Sophie Dejode 1976, vit et travaille en Ardèche

Bertrand Lacombe 1974, vit et travaille en Haute-Savoie

Jacin Giordano 1978, vit et travaille à Easthampton, Massachusetts

Thomas Hirschhorn 1957, vit et travaille à Paris

Koo Jeong-A 1967, vit et travaille à Paris

Pierre Huyghe 1962, vit et travaille à Paris et à New York

Gabriel Kuri né en 1970, vit et travaillé entre Mexico et Bruxelles

Prue Lang 1972, vit et travaille à Paris

Richard Siegal 1968, vit et travaille à Paris et Berlin

Juan Pablo Macias 1974, vit et travaille à Mexico

Mike Nelson 1967, vit et travaille à Londres

Damian Ortega 1974, vit et travaille à Mexico

Rudy Riccioti 1952, vit et travaille entre Bandol, Var, et Paris

Yvan Salomone 1957, vit et travaille à Saint-Malo

Gilles Mahé 1943-1999

  • Mathieu Briand, en dialogue avec Frédéric Bonnet Conférence Jeudi 19 février 2015 à 19:00

    Présent sur la scène artistique depuis le milieu des années 90, Mathieu Briand a développé une œuvre protéiforme, qui questionne nos perceptions et notre appréhension du temps et de l’espace. En dialogue avec Frédéric Bonnet, l’artiste revient en images sur son parcours, les références…

    Réservation sur : reservation@lamaisonrouge.org
    Prix : 9 euros et 6 euros, tarif réduit

La Maison Rouge Fondation
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9 rue du Plâtre

75004 Paris

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Horaires

Nocturne les jeudis jusqu’à 21h
Tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h

Tarifs

Accès gratuit

L’artiste

  • Mathieu Briand