Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente

Exposition

Installations, peinture, photographie, poésie...

Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente

Passé : 23 janvier → 13 avril 2013

Une proposition d’Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros (le peuple qui manque)

« Nous qui sommes sans passé, les femmes / Nous qui n’avons pas d’Histoire […] ».

Les premières paroles de l’hymne du Mouvement de Libération des Femmes nous rappellent bien le processus de déhistoricisation dans lequel les femmes ont longtemps été prises.

En 1970, la poétesse américaine Robin Morgan proposait alors, dans l’anthologie de textes féministes Sisterhood is powerful, le néologisme de herstory pour qualifier un programme de reconstruction et pourrait-on même dire, littéralement, d’invention d’une « Histoire des femmes ». En jouant sur une forme de féminisation du mot « histoire », ce néologisme, dans son prescriptivisme linguistique, révélait le caractère sexué de l’historiographie.

Au-delà d’une simple célébration de telles ou telles figures de femmes oubliées, l’herstory allait poser, plus ambitieusement, les prémices d’une réécriture féministe et queer de l’Histoire, à rebours d’une Histoire positiviste qui, non seulement s’avérait incapable de révéler la présence des minorités, en tant que sujets politiques, dans la texture de l’Histoire, mais produisait davantage encore les conditions mêmes de leur subalternité (Guha, 1988 ; Preciado, 2005).

Produire ce féminisme, et pourrait-on dire, cette queerisation de l’Histoire, reviendraient alors, en premier lieu, à modifier épistémologiquement la discipline historienne et plus particulièrement ses mises en récit et ses formes narratives. C’est alors par l’invention ou le déploiement de nouvelles technologies d’écriture (telles que la mythologie, l’auto-histoire-théorie, la fictionnalisation d’archives, le reenactment, la superposition ou la dislocation temporelle) que les écrivains, poètes, artistes (post)féministes de l’exposition. « Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente. ». (Monique Wittig, “Les Guérillères”, 1969) mettent en crise les mises en forme normalisées du savoir et du récit historique linéaire.

Ils-elles disloquent ainsi les frontières artificielles entre histoire privée et collective ; faits et affects ; archiviste et producteur(trice) de l’archive et assument la position située de l’historien(ne), comme un lieu d’énonciation spécifique. Plus encore, certaines de ces révisions se distinguent par leurs schémas anti-chronologiques, procédant par chiasmes temporels et réminiscences, ou usant de stratégies parafictionnelles. Les artistes inventent alors des archives ou des personnalités fictives pour suppléer aux généalogies manquantes. L’exposition se déploie entre les silences de l’Histoire et la nécessité de produire celle-ci lorsqu’elle vient à manquer.

Avec : Gloria Anzaldúa, Pauline Boudry & Renate Lorenz, Giuseppe Campuzano, Theresa Hak Kyung Cha, Carola Dertnig, Cheryl Dunye, Renée Green, Marge Monko, Roee Rosen, Monique Wittig

Programme :

  • 16 mars : Après-midi Monique Wittig
  • 26 mars : Penser Theresa Hak Kyung Cha
  • 30 mars : Réécrire l’histoire de l’art, fictions et narrations (post)féministes
  • Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente. Vernissage Mardi 22 janvier 2013 18:00 → 21:00
13 Bibliothèque Zoom in 13 Bibliothèque Zoom out

9, esplanade Pierre Vidal-Naquet
Rdc de la Halle aux Farines
Face aux Grands Moulins de Paris sur le campus de l’Université Paris 7 – Denis Diderot

75013 Paris

T. 01 45 84 17 56

www.betonsalon.net

Bibliothèque François Mitterrand

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h

Tarifs

Accès libre

Les artistes

  • Renée Green
  • Pauline Boudry & Renate Lorenz
  • Gloria Anzaldúa
  • Giuseppe Campuzano
  • Theresa Hak Kyung Cha
  • Carola Dertnig
  • Cheryl Dunye
  • Marge Monko
  • Roee Rosen
  • Monique Wittig