Hommage à Miodrag Djuric, Dado — Autour de trois grands triptyques

Exposition

Peinture

Hommage à Miodrag Djuric, Dado
Autour de trois grands triptyques

Passé : 24 mars → 14 mai 2011

Cet hommage à Miodrag Djuric, Dado s’articule autour de trois œuvres majeures peintes à l’huile sur toile en 1975 : Bowery Triptyque, Boukoko Triptyque et Triptyque de Narval, entourées des grands collages : À la ville de Saint-Denis, Le boucher de Saint-Nicolas, de deux dessins de grand format, Frida, La lettre à Mathey et de travaux sur papier. Cet ensemble témoigne de la maturité atteinte par l’artiste dans la période de 1971 à 1975, années de notre intervention de la galerie Jeanne Bucher dans sa carrière.

Les titres donnés par Dado à ses œuvres précisent la symbiose dans leur conception entre les évènements de sa vie courante (au Monténégro, à Paris, à New York, en Corse avec les Boulois, en Centre Afrique chez les Pygmées avec le Dr Georges Jaeger et le plus souvent à Montjavoult) et les expressions de souvenirs plus ou moins oniriques. Le vécu des circonstances tragiques de la guerre qui ont marqué son adolescence a développé dans l’imaginaire de l’artiste une mythologie dramatique et ardente que sa peinture tend à exorciser en lui offrant un environnement idyllique déconcertant. Le dénominateur commun se situe dans l’humanité qui domine sa nature à travers toute sa vie.

Une large érudition lui permet de s’intégrer dans le monde culturel français. La critique le situe volontiers du côté de Jérôme Bosch ou des premiers surréalistes alors qu’il avoue préférer l’écriture sobre des primitifs, de Dürer, de Fouquet, de la Renaissance flamande ou de Conrad Witz. Le lyrisme avec lequel il aborde les mutations des homoncules qui peuplent ses toiles est toujours basé sur une connaissance précise de l’anatomie et de la pathologie du genre humain.

Le texte paru dans L’Œil de novembre 1973 à l’occasion d’une des expositions de la galerie définissait déjà les structures de cette œuvre singulière :

« Une fabuleuse maîtrise de ses moyens d’expression (acuité du dessin alliée à un sens d’observation minutieux, aisance magistrale dans le maniement des couleurs, sentiment d’un espace complexe animé par une lumière d’une douceur envoûtante) confère aux visions de Dado une réalité absolue. Happant le spectateur sur le plan incliné d’une géométrie apparemment traditionnelle, le malaxant dans un jeu pervers de contre-perspectives appuyées sur un dispositif subtil de contrastes de lumières sans ombre, aux valeurs exactement étagées, le tableau, au-delà de l’imagerie qui le constitue, intervient par les moyens insidieux du langage. »

L’Œil, novembre 1973

Dans chacune des œuvres réunies ici nous trouvons la tension d’un engagement total. Nous sommes à l’écoute d’une musique intérieure qui improvise une animation (au sens profond du terme) de l’art de vivre dans la souffrance, dans la conscience d’un destin, dans le respect d’une mémoire et la vitalité de l’espoir. Le don de peintre-né dont la nature a gratifié Dado favorise l’épanchement de tous les instincts en leur complexité même, dans une incarnation picturale fascinante de saveur.

Comme disait Jean Planque, cette peinture est « habitée ». Du grave à l’aigu, legato ou crispé, l’envoûtement d’une magie particulière nous propose une approche neuve de la connaissance de soi.

Chaque visiteur pourra, dans la lenteur d’approche que préconisait Gaëtan Picon, apprécier les spécificités de cet art qui, dès l’origine, avait séduit Jean Dubuffet découvrant le jeune Dado dans l’atelier de lithographies de Patris, où il travailla dès son arrivée du Monténégro natal. Daniel Cordier assura la renommée des premiers chefs-d’œuvre que sont L’Architecte, Thomas More ou Les Polonais, parmi d’autres, qui figurent désormais dans les grandes collections privées et publiques internationales.

Les trois expositions individuelles de Dado à la galerie Jeanne-Bucher :
• 30 mars → 8 mai 1971, préface de Gaëtan Picon
• 18 septembre → 27 octobre 1973 — Peintures récentes
• 14 mai → 14 juin 1975, texte de Michaël Peppiatt, Dado, noir sur blanc, à l’occasion de la présentation de l’édition de 35 gravures à la pointe sèche, Alain Controu imprimeur

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53, rue de Seine – 75006
Siège Social – 5&7 rue de Saintonge – 75003

T. +33 1 42 72 60 42 — F. +33 1 42 72 60 49

jeannebucherjaeger.com/fr/

Saint-Germain-des-Prés

Horaires

Du mardi au samedi de 10h à 18h
Et sur rendez-vous ATTENTION : veuillez noter que la galerie est temporairement fermée au public (mars 2020)

L’artiste

  • Dado