Jimmy Robert — Le bonheur d’être dupe (Pas de deux)

Exposition

Installations, photographie

Jimmy Robert
Le bonheur d’être dupe (Pas de deux)

Passé : 4 septembre → 10 octobre 2010

Art: Concept a le plaisir d’annoncer Le bonheur d’être dupe (Pas de deux), seconde exposition personnelle en France de Jimmy Robert, artiste né en Guadeloupe en 1975.

Jimmy Robert œuvre dans les domaines de la performance, de l’installation, de la danse, du théâtre ou encore de la photographie. Suivant un processus de flux continu, mais non-linéaire, ses œuvres questionnent les limites du langage et de la représentation.

Son vocabulaire formel consiste en des structures en bois simples, des papiers ou des images. À cela vient parfois s’ajouter une performance, plaçant un corps, celui de l’artiste ou d’un interprète, au centre du dispositif. Certaines images ou éléments plastiques se retrouvent d’une œuvre à l’autre sous une même ou différente forme. Une sculpture ou une installation peut servir de décor pour une performance. Tout est conceptuellement flexible et en mouvement dans la pratique de Jimmy Robert, sans que l’œuvre ne relève pourtant d’une production anarchique. La profusion est structurée, mais pas figée. L’improvisation est un rouage fondamental du processus de création et permet à l’artiste de s’exprimer de façon personnelle, sans pour autant verser dans l’intime.

Jimmy Robert passe sans complexe d’une discipline artistique à l’autre, d’une certaine façon, cette absence de spécialisation est un gage de liberté et surtout de légèreté. Il cultive l’ambivalence reconsidérant notamment le statut de l’amateur et celui de l’artiste. Par exemple, son intérêt voire sa passion pour la danse est une source d’inspiration récurrente, cependant il ne se définit pas et n’aspire pas à être danseur. La qualification de non-danseur qu’il revendique est comparable à la posture de l’amateur et relève d’une distanciation critique interne et externe à la discipline.

Ce goût pour la dualité est un principe de composition de l’œuvre de Jimmy Robert. Cela s’adapte aussi bien au brassage des différentes disciplines artistiques, qu’à la juxtaposition de différents styles ou registres.

Le carton d’invitation annonce, non sans une pointe d’ironie, une mise à distance critique et un affranchissement des styles: une situation burlesque rencontre le temps d’un cliché les poses maniérées des sculptures de putti et du corps de l’artiste. L’élégance côtoie la gaucherie. Le Bonheur d’être dupe est “l’affirmation d’une prise de conscience”, explique l’artiste.

Jimmy Robert joue avec des changements constants de focalisation (interne, externe ou point de vue omniscient), technique de narration que l’artiste transpose de la littérature à sa pratique. Cette stratégie contribue autant à enrichir le rapport au corps comme sujet ou moyen de représentation qu’à questionner le médium photographique.

Le corps, selon Jimmy Robert, est à la fois représentation ou symbole humain, objet, idée ou simple forme. Il est l’élément central de la présente installation qui s’organise en deux parties. Cette répartition en deux salles fonctionne comme un duo conceptuel, idéalisé et impossible entre une danseuse (Shiho Ishihara ) et un non-danseur (Jimmy Robert). À l’instar des rapports entre le dessin et son modèle, entre la photographie et la sculpture, la danse devient un dessin dans l’espace, un enregistrement de la transition du corps en mouvement à l’objet statique. L’hypothétique chorégraphie formalisée par l’exposition reprend également la logique propre au rapport entre une architecture et son plan en élévation.

L’installation pourrait servir de décor aux performances respectives des deux acteurs ici présents par le biais de photographies qui sont autant de documents et de représentations dont la table serait la scène. La première table a été conçue au Japon, lors de l’exposition de Jimmy Robert au CCA Kitakyushu. Elle est ici présentée dans sa forme partielle comme un module indépendant. Elle résulte d’une collaboration avec Shiho Ishihara (élève de Min Tanaka1) qui a consisté à déconstruire l’œuvre de Jeff Wall A sudden gust of wind (after Hokusai) 1993. Les différentes transformations de l’image et les mouvements soulignent les limites de la représentation photographique.

Le support de l’image, c’est-à-dire le papier lui-même, performe en quelque sorte son propre ballet dicté par ses propriétés physiques. Suivant cette logique structurelle de la matière, les clichés disposés sur la table de la salle “Test” présentent une série de poses improvisées mais contraintes par les limites ou capacités physiques du corps de l’artiste.

Ces photographies sont des portraits, mais elles ne permettent jamais de voir le visage de l’artiste. Cette stratégie de dissimulation contribue à distribuer des images plus génériques, contrebalançant les effets intimes, dramatiques ou théâtraux qui se dégagent des positions complexes et sculpturales.

Tous les éléments — images encadrées, photographies, objets — rassemblés sur les deux tables et autour forment à la fois l’action et son cadre. Comme des rideaux de théâtre, ces divers artefacts ont été disposés dans l’intention de révéler ce qui est caché, mais aussi de masquer et de prolonger l’attente.

Texte de Shiho Ishira :

Conceived in collaboration with Min Tanaka

Shiho Ishihara Solo Dance

Citation-Series of “Dance Milieux [non-continuity]”

This is incomplete now,

Why do I need a “form” in order to dance, I wonder.

Obviously, “form” is a necessary thing in life.

The form I want to retrieve is not actually the “form” itself, but the physical body which realizes the “form”.

Well…

In the performance of time, Is it possible — even if only for a moment — that my deceit becomes genuine on the spot?

If I may say, “life time,” which we may think of as a long period of time, should be shared as “synchronized time”, which we may think of as a moment of coincidence…

I yearn to dream, a little bit, in the middle of my never-ending journey.

1 Min Tanaka est un danseur, chorégraphe et acteur japonais, un proche de Tatsumi Hijikata un des fondateurs du Butoh avec Kazuo Ohno.

  • Jimmy Robert Vernissage Samedi 4 septembre 2010 18:00 → 21:00
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

4 passage Sainte-Avoye

75003 Paris

T. 01 53 60 90 30 — F. 01 53 60 90 31

www.galerieartconcept.com

Rambuteau

Horaires

Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Les samedis de 11h à 19h

L’artiste

  • Jimmy Robert