Jordi Colomer — X-Ville

Exposition

Architecture, techniques mixtes, vidéo

Jordi Colomer
X-Ville

Passé : 9 janvier → 27 février 2016

Jordi colomer x ville michel rein 2015 4 grid Jordi Colomer — Galerie Michel Rein Avec l'exposition X-Ville, présentée à la galerie Michel Rein jusqu'au 27 février, Jordi Colomer réactive la pensée des utopies en ... 2 - Bien Critique

Protéiforme (films, photographies, sculptures ou installations), généreuse et singulière, l’œuvre de Jordi Colomer est toutefois toujours identifiable. Souvent à travers les sujets d’urbanisme et d’architecture, l’artiste évoque la question des utopies, les valeurs humanistes, le dialogue au quotidien avec l’autre. Dans cette quatrième exposition personnelle (après Le Dortoir, 2002, Arabian Stars, 2005, No Singing, 2013), la galerie Michel Rein présente X-Ville (2015) dans sa version installation. X-Ville (2015), hommage à l’architecte-urbaniste Yona Friedman, s’inscrit dans des questionnements communs que Jordi Colomer évoque dans l’entretien avec Nicolas Féodoroff dans le cadre du festival FID MARSEILLE en juillet 2015.

Votre intérêt pour l’urbanisme, la ville et ses usages, traverse toutes vos œuvres, films, photographies ou installations. Vous vous attelez dans X-Ville au travail de l’architecte et penseur de l’urbanisme Yona Friedman, et plus spécifiquement à son ouvrage Utopies réalisables (1974) pour qui toute société est en quelque sorte une utopie réalisée. Comment en êtes-vous venu à la forme film ?

X-ville cite Utopies réalisables (1974) de Yona Friedman, avec des extraits qui jouent le rôle d’un prologue et un épilogue du film, séquences qui ont été tournées dans un théâtre, et où une jeune fille devant la caméra dit le texte, qui lui est soufflé par une dame âgée qui à son tour la suit. À l’intérieur du film il est question d’un autre ouvrage de Friedman, les Manuels qu’il a réalisé entre 1975 et 1992, sorte de bandes dessinées aux sujets très variés ; il y sont abordés des questions sur la ville et la nature, mais aussi des contes africains ou la monadologie de Leibniz, toujours avec une intention didactique. Friedman est un architecte singulier, excentrique, marginal en quelque sorte, mais son influence s’avère de plus en plus importante et son univers — des projets, des maquettes, des textes — suscite plein de questions. Les manuels ont été diffusés en plus de 30 pays et traduits à une vingtaine de langues, à travers des photocopies ou journaux muraux, support de prédilection de Friedman Paradoxalement “les manuels” sont devenus aujourd’hui presque introuvables — il existe une réédition par le CNEAI en 2008, épuisée — et en tout cas loin d’être distribués massivement comme en était l’intention initiale. J’ai choisi d’interpréter librement un des chapitres “Où commence la ville” et de le mettre à l’épreuve d’un format filmique, mais aussi du passage du temps. Les réflexions de Friedman apparaissent aujourd’hui de pleine actualité, peut être est-ce la démonstration d’un des axiomes de Friedman — et au sujet duquel nous avons beaucoup discuté avant tournage avec les étudiants lors du workshop où ce projet a pris forme affirmant qu’il faut deux générations entre le moment où une Utopie est énoncée et qu’elle soit réalisable. Il est question également de qui est le public, et à qui est dirigé le film. Je l’envisage aussi comme le pilote d’une série de chapitres d’une télévision réalisable.

Comment s’est fait le choix puis le montage de ses textes ?

Pendant le processus — j’ai toujours tenu compte — sans grand effort — des conseils de Friedman sur l’importance de l’improvisation. Il y a eu un premier choix qui s’est opéré pendant le tournage, suivant les demandes de la propre construction du film. Il s’agissait surtout, d’animer quelques situations très précises, juste annoncées par les dessins très schématiques de Friedman — presque des diagrammes — qui ont trouvé une dilatation dans la durée, un extension par le mouvement, par l’action . Un choix parallèle des petits textes accompagnant les dessins, était esquissée pour créer une bande en voix off et un premier montage du film suivait ce texte ; puis 3/4 de la voix-off ont disparu, pour donner libre cours aux situations, et les libérer de tout effet d’illustration. Il faut dire aussi que c’est la première fois où j’ai utilisé une voix-off dans un de mes films.

Voix-off, lectures, déambulations et manipulation de structures-décor figurant la ville, comment s’est élaboré ce dispositif ?

Le pari était de tourner d’abord des images d’une grande ville générique, “comment vivent les gens dans ces grandes villes?” et puis des propositions d’une ville utopique en construction. Il s’agissait en même temps de l’existant et de sa transformation, c’est à dire donner des images d’une “utopie réalisable” au delà de toute anecdote documentaliste ; pour cela il s’est imposé par soi même — comme un principe logique — le besoin de créer un monde qui — se montrant pure construction, pur décor — pourrait admettre dans son sein ces transformations, avec des règles et lois propres. Un grand décor qui ne suivait aucun plan pré-établi, mais qui trouve sa place à chaque fois, qui se fabrique devant la caméra, qui se fait “avec ce qu’on a”, et qui admet des actions imprévues à l’intérieur, des moutons égarés et des chiens qui chassent des coqs. Au-delà de toute représentation aussi dans la façon où ils ont contribué à constituer le film — il faudrait voir les animaux, les hommes, les femmes, et les rapports entre eux comme une allégorie d’un public possible, d’une X-Ville qui a déjà existé pendant quelque temps.

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Du mardi au samedi de 11h à 19h