Le Quatrième Sexe — Indéfinition des genres, réaffirmation des plaisirs

Exposition

Collage, dessin, film, installations...

Le Quatrième Sexe
Indéfinition des genres, réaffirmation des plaisirs

Passé : 27 janvier → 25 février 2017

Trente-quatre Au nom de valeurs qui enferment plus qu'elles ne défendent, une lourde lame de fond laisse tonner des paroles qui attaquent directement la liberté sexuelle et la liberté des corps.

En janvier 2017, Le Cœur invite Marie Maertens à assurer le commissariat de son exposition anniversaire. Après Only Lovers curatée par Timothée Chaillou en février 2016, le ton est donné avec Le Quatrième Sexe ! Pied de nez à la Saint- Valentin, l’exposition, rendez-vous annuel du Cœur, réunit un grand nombre d’artistes sur des propositions inédites à des prix variés et accessibles. Un parti pris en accord avec la mission que s’est fixé le Cœur de décloisonner l’espace d’exposition traditionnel, d’en déplacer les limites et de proposer aux artistes de nouveaux territoires d’expressions et de rester accessible à l’acquisition.

Indéfinition des genres, réaffirmation des plaisirs

En 1949, paraît Le Deuxième Sexe qui s’impose pour plusieurs générations comme l’essai existentialiste et féministe par excellence. Premier de cette ampleur en France, il permet à Simone de Beauvoir de décrire la condition de la femme, à la manière rigoureuse d’un sociologue. Séquencée en différents chapitres, la densité de ces deux tomes débute par Les Faits et les Mythes (avec des données biologiques, historiques et psychanalytiques) pour s’achever sur une réflexion consacrée à la Femme indépendante, après avoir évoqué la jeune fille, l’initiation sexuelle, la mère ou la prostituée… Ce texte révolutionnaire choque à l’époque et fait notamment clamer à François Mauriac, l’un des collaborateurs des Temps Modernes, la revue fondée par le couple Jean-Paul Sartre/Simone de Beauvoir, « Je sais tout sur le vagin de votre patronne »… C’est au moment où elle vit un amour passionnel avec le romancier Nelson Algren que la philosophe décide de rédiger cet ouvrage, notamment après s’en être entretenue dans la liberté « d’écarts » assumée avec son mari et que ce dernier lui réponde qu’elle n’a pas été élevée comme un petit garçon… Depuis plus de 60 ans, Le Deuxième Sexe anime les débats, notamment sur les questions d’identité sexuelle, que Simone de Beauvoir dénie, en affirmant un idéal égalitaire, qui est allé jusqu’à nier le corps féminin et la nature-même de son sujet d’étude pour le rendre semblable à celui de l’homme.

En 1961, naît le projet du Quatrième sexe, qui sera repris en main par le réalisateur et producteur José Bénazéraf. Ce film n’a pas marqué l’histoire du 7ème art, mais le résumé en est assez amusant. Comme on peut le lire dans le Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques, de Christophe Bier, l’héritière d’un milliardaire américain, entretient à Paris une bande de jeunes filles équivoques… « La belle insolente, qu’on croit lesbienne, tombe éperdument amoureuse de Michel, un jeune peintre désargenté qui lui résiste. Malheureuse, elle abandonne ses mœurs rebelles pour conquérir Michel, tandis que Caroline, la sœur de celui-ci, arrivée de Province, aime Paul, un ami de son frère. » Tout un programme…

Mais si la découverte de ce film s’est faite après le choix du titre de l’exposition présentée au Cœur, il s’inscrit parfaitement dans ce flou des genres et des identifications. Car à l’inverse de se reconnaître dans des carcans déterminés et une sexualité trop cloisonnée, une nouvelle génération d’artistes s’ébroue totalement dans le manque de catégorisation. L’analogie pourrait même en avoir été donnée par Jeffrey Eugenides, dans son roman Middlesex, paru en 2002 et qui parle de pseudohermaphrodisme, entraînant les organes génitaux d’un sexe à ressembler fortement à ceux de l’autre, ou comment être intersexué… « J’ai eu deux naissances (fait-il dire à son héros/héroïne en guise de préambule). D’abord comme petite fille, à Detroit, par une journée exceptionnellement claire du mois de janvier 1960, puis comme adolescent, au service des urgences d’un hôpital proche de Petoskey, Michigan, en août 1974. »

Plus d’un siècle après la naissance de Simone de Beauvoir, ceux qui ont bénéficié des révolutions sexuelles, féministes, identitaires ou de respect évident des droits des homosexuels, ne camouflent guère leur plaisir érotique ou égotique et se dévoilent dans la jouissance d’exécution de leur art : sculptures haptiques, peintures ou vidéos matiéristes, révélations plus directes du médium photographique ou du dessin, réappropriations des fétichismes… Au-delà des études sur les « Gender issues », développées depuis plusieurs années, ils réaffirment une liberté sexuelle qui frôlerait avec un esprit 70’s, sans renouer avec la tradition des luttes salutaires. Cette génération mixe autant les médiums qu’une attitude décomplexée face à la représentation de soi ou des autres et réinvente les codes du Romantisme. Ce nouveau sexe, le quatrième, apparaît comme étant plus hédoniste que théorique, inaugurant un nouveau postulat d’affranchissement.

Marie Maertens Janvier 2017

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Avec la participation de 29 artistes :

Iván Argote, Michael Bailey-Gates, Pauline Bastard, Genesis Belanger, Julie Béna, Julien Carreyn, Bastien Cosson, Julie Curtiss, Cyril Debon, Charles Derenne, Elsa & Johanna (Elsa Parra et Johanna Benaïnous), Cédric Fargues, Julien Langendorff, Rafaela Lopez, Marianne Maric, Marie-Claire Messouma Manlanbien, Nelson Pernisco, Frank Perrin, Laure Prouvost, Janneke Raaphorst, Rose Salane, Loup Sarion, Lisa Signorini, Emily Mae Smith, Apolonia Sokol, Jean-Luc Verna, Sara de la Villejegu, We Are The Painters et Chloe Wise

Le Coeur Lieu indépendant
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03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

83, rue de Turenne

75003 Paris

T. 09 83 57 25 23

Site officiel

Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de midi à 19h30

Tarifs

Accès libre

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