Martin Barré — 1972-1977, Les Années Décisives

Exposition

Peinture

Martin Barré
1972-1977, Les Années Décisives

Passé : 4 avril → 1 juin 2013

Vingt ans après la disparition de Martin Barré, la Galerie Nathalie Obadia est honorée de consacrer une exposition inédite à ses tableaux des années 1970, une période décisive et peu montrée de son œuvre, qui marque le retour à la peinture après une parenthèse de recherche conceptuelle, installant la série au cœur de son dispositif.

Figure majeure de l’abstraction, Martin Barré questionne les données fondamentales de la peinture: le format, le geste, la série, l’accrochage.

“Je ne peins pas pour livrer des états d’âme. J’utilise une règle, une règle du jeu; je la transgresse quand la peinture l’impose.”

Martin Barré, 1977.

Cette exposition à caractère historique s’inscrit dans l’entreprise de redécouverte de l’œuvre de Martin Barré initiée depuis 2006 par la Galerie Nathalie Obadia. Elle prolonge la présentation à l’automne 2010 de l’exposition 91 qui donnait à voir une série complète de tableaux réalisés pour la première Biennale d’Art contemporain de Lyon et l’ Hommage à Martin Barré orchestré à l’été 2006 par Jean-Pierre Criqui, confrontant des tableaux de Martin Barré à des œuvres d’autres peintres, parmi lesquels Robert Mangold, On Kawara, Christian Bonnefoi, Christopher Wool, Pascal Pinaud. L’exposition rassemble une sélection significative d’œuvres de Martin Barré, de 1972 à 1977, en suivant les étapes essentielles de la démarche picturale de l’artiste au cours d’une période déterminante de son travail qui le voit pour la première fois opérer par série. Chaque tableau est désormais engendré selon un même principe et se trouve lié aux autres : chacun d’eux se présente comme le fragment d’un tout qui le déborde, d’une grille modulaire dont nous ne percevons que les détails.

L’importance de la sérialité à partir de 1972 se retrouve au cœur du processus de création puisque Martin Barré travaille ici littéralement « en série », effectuant simultanément les mêmes opérations sur toutes les toiles d’un ensemble au cours d’une succession de « séances : séance grille, séance hachurage, séance recouvrement ». Un voile blanc est ainsi appliqué sur toute la surface de la toile à la fin des étapes grille et hachurage dans une superposition de transparences rendue possible par l’adoption de la peinture acrylique au séchage rapide.

Marquant un retour à la peinture, et à l’utilisation du pinceau-brosse qui avait été abandonné au profit du tube puis de la bombe pour accéder à une forme d’immédiateté, ces séries des années 1972 à 1977 sont également celles d’un retour à la couleur, délaissée à partir de 1963 au profit du spray noir mat : d’abord réduite au brun 72-73, la gamme chromatique s’étend dans les séries suivantes au bleu, aux ocres, jaune et rouge — ces passages de couleur pouvant rester à l’état de traces sous les voilages de blanc.

Un ensemble de seize tableaux est ainsi donné à voir, dans un accrochage linéaire qui tire profit des différents espaces de la galerie pour suivre la succession méthodique des séries, chacune se déployant dans une salle dédiée : trois tableaux de 72-73 ; quatre tableaux de 73-74 ; six tableaux de 75-76 et trois tableaux de la série finale 76-77. Au fil de cinq séries, une par an de 1972 à 1977 — la série 74-75 étant la seule à ne pas être présentée ici — les tableaux montrent une complexité picturale accrue.

L’opposition figure/fond s’estompe. L’espace déterminé par le trait semble souvent se prolonger au-delà de la toile. A la grille tracée au crayon à l’aide d’une règle, s’opposent les grasses zébrures peintes à main levée qui viennent remplir telle ou telle zone. Dans certains tableaux, toutes les zones se trouvent ainsi couvertes (75-76-D-157×145) ; dans d’autres, elles viennent délimiter les contours d’une zone laissée vide qui se propose alors comme figure négative (75-76-A-157×145).

Ce jeu de répétitions et de variations dans l’inscription des hachures se trouve redoublé de l’effet créé par la variation de l’angle formé par la grille avec les côtés du tableau. Un dispositif qui trouve son pendant dans le système qui préside aux choix des formats, de faux-carrés étirés à la verticale dont les dimensions font pour la première fois leur apparition dans le titre des œuvres.

Après le « grand vide » aux accents vertigineux évoqué par Yve-Alain Bois à propos des peintures au tube et des bombages des années 1960, les tableaux des années 1970 nous confrontent à un « trop plein », à une surdétermination tout aussi déroutante pour le spectateur, invité de nouveau à « s’égarer quelque part dans le labyrinthe de la peinture ».

Né à Nantes en 1924, Martin Barré a laissé à sa mort en 1993 une œuvre dont la diversité et l’intelligence lui assurent une place prééminente dans l’histoire de l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Son œuvre, récompensée en 1988 par le Grand Prix national des arts, est présente dans de nombreux musées, incluant le Guggenheim à New York, le Moderna Museet à Stockholm, le Städel Museum à Frankfort et le Centre Pompidou à Paris. Elle a fait l’objet de différentes rétrospectives : au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et à la Fondation Sonja Henie- Onstad Kunstsender à Oslo en 1979, au Musée des Beaux-Arts de Nantes, au Musée des Beaux- arts de Tourcoing et à la Galerie des Ponchettes de Nice en 1989, à la Galerie nationale du Jeu de Paume en 1993.

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