Mascarade, Eric Emo — Enquête d’identité

Exposition

Photographie

Mascarade, Eric Emo
Enquête d’identité

Passé : 13 mai → 9 juillet 2011

Après avoir explorer en noir et blanc la matière charnelle, le photographe français se focalise sur l’idée de dissimulation à partir de portraits exhibés sur des sites pornographiques qu’il manipule.

Des formes ovales monochromes ou des carrés blancs recouvrent les visages tandis que les corps sont tronqués ou colorisés. Le flou de l’ensemble de la composition laisse suggérer que l’œil venant se poser sur l’image n’a pu encore faire le point. Cette vision contraste avec l’origine des images, des photographies exhibées, crues, qui existent de manière frontale pour assouvir les désirs. Des images dans lesquelles les protagonistes dissimulent leur visage pour garder un élément d’intimité et mettre en valeur ce qu’ils estiment devoir l’être. Face au dévoilement des détails propre aux photographies pornographiques, Eric Emo choisit de recouvrir le tout d’un filtre. Ses photographies donnent ainsi à voir une image mentale du monde. « Lorsqu’on se souvient, on ne se rappelle que les impressions, les détails restent flous » explique Eric Emo. L’artiste, à la manière des impressionnistes et des surréalistes, ne montre pas ce qui est. Il injecte dans le réel des traces de son inconscient, allant ainsi à l’encontre du rôle longtemps imparti à la photographie.

« Je ne juge pas l’origine des images. Je les décontextualise pour les emmener dans un nouvel espace, celui de l’exposition et de l’art. »

Eric Emo a découvert très tôt la photographie par le biais du dessin. Ces deux pratiques ont en commun la spontanéité de l’acte. Désireux de faire de la photographie son métier, il part s’installer à 20 ans à Paris et débute sa carrière au sein d’un laboratoire photographique. Assistant ensuite la photographe Jacqueline Guillot chez Connaissance des Arts, il se focalise sur les portraits des personnalités de l’art. L’homme devient très vite un spécialiste de la figure humaine et de l’objet qu’il photographie pour les musées de Paris. Son parcours professionnel l’incite à découvrir et se nourrir des œuvres des peintres et des sculpteurs du XIXe et XXe siècle.

« Même si je connais l’histoire de la photographie, c’est la peinture qui m’inspire le plus. Elle me paraît plus libre. Je découvre une image. Elle me raconte une histoire que je construis ensuite au fur et à mesure jusqu’à la dernière œuvre de la série qui clôt une longue période de recherche. Mascarade enquête d’identité, ma dernière série exposée à la galerie Taïss, a été produite en 2 ans. Elle se réfère aussi bien aux masques de James Ensor qu’aux personnages sans visage de Giorgio De Chirico ou à la texture picturale des personnages colorés de Paul Klee. »

Le flou est caractéristique de son travail personnel. Déjà, lors de la série Corps Séquences exposée à Paris en 2006, son regard se focalise sur la texture charnelle. Images spectrales, êtres vivants ou sculptures ? Eric Emo n’oriente pas le regard. Il questionne le devenir de la photographie à l’heure du numérique. Car cette utilisation du flou s’oppose au désir de toujours plus de précision et de netteté propre aux avancées technologiques. L’artiste propose autre chose. Il valorise l’imperfection, le doute, l’intuition. Lorsqu’il pare ses personnages de masques, lorsqu’il dissimule leur corps auparavant exhibé, il affirme l’importance de la suggestion. Lorsqu’il les recouvre d’un carré blanc, il injecte de l’humour dans ces images triviales. Hymne au ressenti et à l’inconscient, il prend partie pour l’homme plutôt que pour la technologie. Eric Emo parle de l’intime, du sensible, avec douceur.

Aude de Bourbon Parme
  • Vernissage Jeudi 12 mai 2011 à 19:00
Galerie Taïss Galerie
Plan Plan
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

14, rue Debelleyme

75003 Paris

T. 01 42 76 91 57 — F. 01 42 76 91 57

www.taissgalerie.com

Filles du Calvaire
Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous

L’artiste

  • Eric Emo