Morgane Tschiember — Polystyrene, Shibari & Co.

Exposition

Céramique

Morgane Tschiember
Polystyrene, Shibari & Co.

Passé : 13 décembre 2013 → 1 février 2014

Polystyrene, Shibari & Co. rassemble de nouvelles pièces exclusivement réalisées en céramique par Morgane Tschiember. L’exposition s’inscrit dans le sillage de son séjour en Italie, où le collectif Nuove met à la disposition des artistes en résidence l’expertise historique et technique des entreprises locales ainsi que le matériau, les matériels et autres traditions séculaires de Nove, petite ville de Vénétie dédiée à la céramique depuis le XVIIe siècle.

Si la série d’œuvres intitulée Polystyrene met en œuvre un matériau contemporain, minimaliste et hautement inflammable, en inversant les rapports du vide et du plein — notamment parce que le polystyrène contient 98 % d’air, la série Shibari se compose, en revanche, de récipients plus traditionnels, voire archaïques, même si, l’artiste leur inflige, à ce titre, un traitement tout à fait particulier. Car, comme leur titre ne l’indique qu’à un public plus ou moins averti, ce terme japonais signifie « lier ». En effet, après leur tournage et avant leur cuisson, Morgane Tschiember a ligoté littéralement certaines pièces d’argile. Ce pétrissage saugrenu, qui a consisté à mettre en cage de cordages diverses poteries, aura donc provoqué ici ou là telles brûlures épidermiques et telles ou telles contorsions, extravasations et autres difformités à même ce matériau exclusif — la glaise — réputé prima materia par excellence.

Ce faisant, Morgane Tschiember se montre au moins trois fois iconoclaste. À l’égard de la céramique traditionnelle tout court d’abord, fût-elle utilitaire ou de luxe. À l’égard ensuite d’un art rituel et martial de rétorsion fort ancien, ayant plus récemment dérivé en art érotique — le kinbaku ou bondage nippon — mais également et enfin, en regard de l’ère Jômon (10000-300 av. J.-C), japonaise, là encore ; or, celle-ci se caractérise non seulement par ses « décors ou dessins cordés » mais désigne aussi la fin de la période dite pré-céramique paléolithique.

Polystyrene, Shibari & Co. est issu d’un art consommé du raccourci tout à la fois historique et géographique, somatique et érotique, plastique et symbolique. De sorte que Morgane Tschiember, ici,avec ses moyens propres, ne procède pas autrement par exemple qu’Alain Resnais dans son court-métrage intitulé Le Chant du styrène (1958) : en un peu moins de quinze minutes, ce documentaire retrace toutes les étapes de fabrication d’un bol en plastique, remontant de l’effet (le résultat) à la cause (la matière première) mais aussi en télescopant poésie classique et cinéma d’avant-garde : « Je sentais confusément qu’il existait un rapport entre l’alexandrin et le Cinémascope. » Ce que confirme Raymond Queneau, auquel fut confié le texte du film, à travers notamment ces vers (dits par Pierre Dux en voix-off), où nous reconnaissons un air de famille — involontaire et pourtant significatif — entre certains raccourcis plastiques de Morgane Tschiember et le raccourci audiovisuel du cinéaste et de l’écrivain :

« C’est alors que naquit notre polystyrène polymère produit du plus simple styrène. Polymérisation : ce mot, chacun le sait, désigne l’obtention d’un complexe élevé de poids moléculaire. Et dans un autoclave machine élémentaire à la panse concave les molécules donc s’accrochant, se liant en perles se formaient. Oui, mais — auparavant ? Le styrène n’était qu’un liquide incolore Quelque peu explosif et non pas inodore. »

Raymond Queneau

Les œuvres de Morgane Tschiember présentées dans cette exposition ont été produites avec le concours de NUOVE, Residency et de l’école municipale des beaux-arts — galerie Edouard-Manet, Gennevilliers.

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6, rue Jacques Callot

75006 Paris

T. 01 53 10 85 68 — F. 01 53 10 89 72

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Mabillon
Saint-Germain-des-Prés

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h
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L’artiste