paños — prison break

Exposition

Dessin

paños
prison break

Passé : 11 mars → 19 avril 2014

Le centre, dit-on, se définit par ses marges. L’art brut, sujet de controverses toujours vivifiantes, devrait, selon ce raisonnement, y gagner à interroger ses propres bordures.

La culture dite populaire en est une. Prinzhorn et Dubuffet, en leur temps, en avaient éclairé tout un pan, celui des créations nées dans l’univers carcéral. L’un en consacrant un ouvrage à l’art des prisonniers dès 1926, l’autre en se penchant sur les travaux du « prisonnier de Bâle » dans le premier cahier de l’art brut paru en 1964.

Emblématiques de la subculture latino des prisons de Los Angeles, les paños — dont on pourra voir des exemples sous peu dans l’exposition Tatoueurs, tatoués  au musée du Quai Branly — sont, dans cette optique, un sujet d’étude exceptionnel. Dès les années 40, pour les détenus chicanos du sud-ouest des Etats-Unis, souvent illettrés et condamnés à de lourdes peines, ces missives enluminées au stylo-bille sur des mouchoirs constituent le seul moyen de communiquer avec l’extérieur. Leur technique se transmet parfois d’une génération de prisonniers à l’autre et les thèmes, tendus entre éros et thanatos, dressent le portrait en creux d’une culture malmenée à laquelle se serait en outre imposée celle des gangs. Convoquant à la fois les héros précolombiens et ceux de la révolution, la Vierge de la Guadalupe et la lolita des faubourgs, implorant le pardon de la mère et cherchant l’oubli ou le réconfort dans les volutes de marijuana, les auteurs de paños n’échappent pas aux archétypes de leur communauté.

Pas plus que Boris Santamaria, prisonnier cubain dont les dessins poignants et sans concessions présentés pour la première fois, ne peut se soustraire totalement aux codes de la contre-culture.

Il semblerait bien que la réclusion ou la claustration ne soient pas, en soi, des ferments pathogènes assez puissants pour modifier/transmuter à tous les coups la nature d’une production artistique. Néanmoins, même si les mythologies individuelles ne se déploient dans ces travaux qu’en filigrane, la nécessité vitale qui anime leurs auteurs y est tout à fait prodigieuse. Pour le reclus, le réprouvé, comme pour le schizophrène, inventer d’autres mondes, d’autres systèmes, d’autres destins, ce n’est jamais qu’établir un plan d’évasion.

L’art brut, en cela, est peut-être aussi le plus bel et vibrant éloge de la fuite.

Exposition organisée en partenariat avec la pop galerie.

Christian berst art brut Galerie
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3-5, passage des Gravilliers

75003 Paris

T. 01 53 33 01 70

www.christianberst.com

Arts et Métiers
Rambuteau

Horaires

Du mercredi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous

L’artiste

  • Boris Santamaria