Performance Day #2 — Samedi 3 juin de midi à minuit

Foire

Performance, techniques mixtes

Performance Day #2
Samedi 3 juin de midi à minuit

Passé : Samedi 3 juin 2017

En 2016 La Ferme du Buisson inaugurait Performance Day, un nouveau festival de performance. Avec cette seconde édition, le festival prend de l’ampleur en s’inscrivant dans le cadre du 40e anniversaire du Centre Pompidou, et en se déployant dans deux lieux différents de Seine et Marne : Le Centre Photographique d’Île-de-France et la Ferme du Buisson. Pour concevoir sa programmation, cette dernière s’associe au Centre Photographique d’Île-de-France, au frac île-de-france et à Serralves — Museu de Arte Contemporânea.

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Pétrel — Roumagnac (duo), Latences #1, 2014 Courtesy of the artists and Escougnou-Cetraro Gallery

Performance Day #2 — Le musée performé

Pour Performance Day #2, les six commissaires internationaux se penchent sur la question du « musée performé », pour comprendre comment un musée fait histoire. Jusqu’où participe-t-il d’une chosification et à partir de quel moment devient-il un objet malléable, transformé par des sédimentations historiques, discursives, gestuelles, fictionnelles ? Depuis les années 1960-1970, les artistes n’ont eu de cesse d’interroger l’institution muséale, ses codes de représentations et ses discours dominants, son pouvoir de réification et de normalisation, les modalités d’exposition et de circulations des œuvres, son rapport à l’archive et à la collection, la place attribuée au spectateur et à la transmission.

Aujourd’hui, toute une génération d’artistes renouvelle ce qu’on a jadis appelé la « critique institutionnelle » à travers la production de récits alternatifs, faisant entendre des voix subjectives ou minoritaires.

À la fois poétiques et politiques, leurs propositions font la part belle à l’invisible et à l’immatériel, à l’écoute et à l’attention. À travers des jeux d’accrochages, des conférences, des visites guidées, des manipulations d’objets et des interprétations musicales ou théâtrales, les artistes mettent en scène des histoires de musées et de collections résolument singulières.

Retrouvez le programme complet

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Présentation du festival

France / Portugal

En s’associant avec Serralves — Museu de Arte Contemporânea, Performance Day offre cette année un focus sur les scènes françaises et portugaises. Les artistes portugais retenus seront présentés pour la première fois en France. Presque tous les projets présentés sont inédits et font l’objet de productions ou de coproductions avec les institutions partenaires ainsi qu’avec La Galerie-centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec et le Centre national des arts plastiques.

Artistes et œuvres

Béatrice Balcou

Née en 1976 en France. Vit et travaille à Bruxelles.

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Cérémonie Sans Titre #10, 2017

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Par le biais de performances, de sculptures et d’installations, Béatrice Balcou crée des situations dans lesquelles elle propose de nouveaux rituels d’exposition qui interrogent notre manière de regarder et de percevoir les objets. Ses Cérémonies Sans Titre sont des performances réalisées avec une œuvre d’art dont elle n’est pas l’auteur, choisie préalablement dans une collection publique ou privée.

Toutes les cérémonies développent une temporalité particulière autour d’un évènement : celui de la mise en exposition de l’œuvre. À travers ses gestes précis et délicats, Béatrice Balcou s’intéresse à l’attention portée à la matérialité de l’œuvre d’art autant qu’au comportement de celui qui la regarde. Ici, l’œuvre n’est pas une image éphémère à reconnaître rapidement ou à consommer, mais une matérialité physique dont il faut prendre soin, et avec laquelle passer du temps collectivement.

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Béatrice Balcou, Cérémonie Sans Titre #06, 2015 — Wiels © photo Sven Laurent

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Marcelline Delbecq & Ellie Ga

Marcelline Delbecq est née en 1977. Vit et travaille à Paris. Ellie Ga est née en 1976 à New York. Vit et travaille à Stockholm.

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Dialogue, 2017 Lecture-performance

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Après des études de photographie, d’art et de critique d’art, la pratique de Marcelline Delbecq s’est peu à peu éloignée de l’image en tant que telle pour se concentrer sur l’écriture et son potentiel cinématographique. Ellie Ga mélange, elle, les genres narratifs — mémoires et carnet de voyage — afin de pousser les limites de la documentation photographique.

Prenant comme point de départ le livre On Photography de Susan Sontag paru en 1977, Marcelline Delbecq et Ellie Ga ont entamé, il y a de nombreuses années, un dialogue au long cours, en images et en mots.

Les deux artistes y abordent aussi bien des œuvres cinématographiques, littéraires ou artistiques marquantes dans leurs parcours que des événements historiques liés ou non à l’année 1977. Ce « musée personnel et partagé » qui offre une puissante réflexion sur la circulation des images sera donné à lire et à voir le 3 juin avec la parution d’un ouvrage chez Shelter Press et la performance qui l’accompagne.

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Ellie Ga, ConcreteSea, 2009

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Ben Evans & Luís Miguel Félix

Luís Miguel Félix est né en 1982 au Portugal. Ben Evans est né en 1982 à Chewelah, USA. Vivent et travaillent à Los Angeles.

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The Invisible Museum, 2017 Recréation Exposition

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The Invisible Museum s’installe pendant une semaine au Centre d’art dans l’exposition en cours : « SoixanteDixSept — Quand Rossellini filmait Beaubourg ». Un musée dans un musée. L’un vient parasiter l’autre. Mais il n’y a rien à « voir » dans The Invisible Museum. Sa collection consiste en des descriptions d’objets, d’expériences et de situations « offertes » par les visiteurs aux médiateurs. Les œuvres exposées dans ce musée invisible se matérialisent au travers de visites guidées proposées par des médiateurs qui les décrivent de mémoire. Sa collection évolue, change d’aspect, voire disparaît, selon les souvenirs de chaque guide et des artistes. À travers cette intervention, Ben Evans et Luís Miguel Félix questionnent la transmission des œuvres et la définition même du musée. Comment se matérialise-t-il, quelle est l’économie dans laquelle il s’inscrit, qui détient la propriété des œuvres ?

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Ben Evans & Luís Miguel Félix, The Invisible Museum, 2013 MSU — Zagreb © photo Domagoj Blazevic

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Onze Heures Onze Orchestra

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Performance musicale

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Le collectif Onze Heures Onze développe une démarche créative dans le domaine des musiques expérimentales et improvisées, proches du jazz, du rock et des musiques contemporaines. Il déploie un éclectisme sans bornes dans un esprit de transversalité entre les musiques et les autres disciplines artistiques.

Pour Performance Day, le collectif crée une performance musicale autour de pièces et d’expériences musicales majeures de l’année 1977 (Gérard Grisey, Steve Reich, Ianis Xenakis ou Morton Feldman, ou la création de l’Ircam entre autres). Une scénographie circulaire — un dispositif de diffusion multicanal inspiré des travaux de compositeurs contemporains autour de l’acousmonium, mais utilisé grâce à l’outil informatique — invite le public à l’immersion et à l’interaction. Les huit musiciens réinterprètent des pièces originales et les intègrent dans une composition éclatée dans l’espace et le temps (une forme de plusieurs heures) où l’approche ouverte de la composition et l’instrumentation libre sont au cœur de l’idée de performance.

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© Onze Heures Onze

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Pétrel & Roumagnac (duo)

Aurélie Pétrel. Née en 1980. Vit et travaille à Paris et à Genève. Vincent Roumagnac. Né en 1973, Vit et travaille à Paris et Helsinki. .

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201 Full CT Blue (2), 106 Primary Red, 736 Twickenham Green, 101 Yellow, 2017 Création Installation avec protocole d’activation.

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Aurélie Pétrel, artiste visuelle et photographe, et Vincent Roumagnac, acteur, metteur en scène et chercheur, mènent depuis 2012 une recherche en duo. Par le croisement de leurs pratiques, ils configurent des pièces « scénophotographiques » et des installations à protocole de réactivations incluant des objets photographiques et répondant à des logiques de visibilité flottante qui invitent leur spectateur à une expérience du brouillage du temps de la représentation et de la mutabilité de l’image photographique.

L’installation à protocole de réactivation, 201 Full CT Blue (2), 106 Primary Red, 736 Twickenham Green, 101 Yellow est le fruit d’une étude critique de l’œuvre de Jeff Wall, dont le travail se situe à la lisière de la photographie et de la mise en scène. L’installation est activée plusieurs fois dans la journée par les artistes. Faisant référence A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) de Jeff Wall, la pièce consiste en un dispositif de classement de tirages en grand nombre de cinq des prises de vues. Celles-ci montrent une série de “lancers” de filtres-gélatines multicolores, un matériau appartenant à la fois à la photographie et au théâtre, devant l’œuvre de Jeff Wall.

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Pétrel — Roumagnac (duo), 201 Full CT Blue (2), 106 Primary Red, 736 Twickenham Green, 101 Yellow, 2017 Courtesy of the artists and Escougnou-Cetraro Gallery

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Kapwani Kiwanga

Née en 1978 à Hamilton (Canada). Vit et travaille à Paris.

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A Conservator’s Tale, 2014-en cours Conférence-performance

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Nourrie d’une formation en sciences sociales, Kapwani Kiwanga crée des protocoles qui agissent comme des filtres à travers lesquels elle observe les cultures et leurs capacités de mutation.

Elle y met volontairement à mal la frontière entre vérité et fiction afin de perturber les récits hégémoniques. Dans ses conférences-performances, elle construit des récits scientifiques nourris d’afrofuturisme, de science-fiction, de fables populaires et de documents intangibles afin de confronter archives et figures invisibles. Elle endosse ici le rôle d’une conservatrice-archiviste pour faire parler des objets muets, manipuler des objets invisibles et relater des récits oubliés, où faits historiques ignorés, anecdotes insolites et bêtes mythiques ont leur place. En mêlant lecture, son et extraits vidéo, l’artiste questionne le statut du document, du classement et les potentialités de la transmission orale pour projeter un musée immatériel.

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Kapwani Kiwanga, Forms of Absence, 2014

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Catarina de Oliveira

Née au Portugal en 1984. Vit et travaille à Lisbonne. Actuellement en résidence à Gasworks, Londres.

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Les Chroniques du Crabe Bleu, 2012-2017 Performance

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Catarina de Oliveira travaille la performance, la vidéo et les textiles. Sa pratique traite de la narration, en utilisant à la fois des textes existants et des nouvelles qu’elle écrit elle-même qui tendent souvent vers une forme d’autobiographie. Ses œuvres rassemblent diverses représentations de la vie et décrivent des réalités sociales ou individuelles qui oscillent entre des situations absurdes ou parfois comiques, et des éléments plus factuels ou historiques. Diplômée du Goldsmiths College (Royaume-Uni) en 2009 et du programme des Beaux-Arts de l’Institut Piet Zwart (Pays-Bas) en 2012, Catarina de Oliveira a récemment réalisé des expositions à Quadrum (Lisbonne (2016), ArSólido (Lisbonne) et montré ses performances à Tropical Gardens et à Parkour (Lisbonne), à Bonheur Theatre (Rotterdam). Elle a par ailleurs effectué des résidences à Gasworks, Triangle, Watermill Center et Kunsthuis SYB.

Les Chroniques du Crabe Bleu s’articulent autour la relation entre deux femmes — Sasa et Zamani — et sur la vie du narrateur de l’histoire — le Crabe Bleu. En décrivant des fragments et des tranches de vie, il observe leurs pensées personnelles sur certains discours (récits historiques, mythes, histoires orales, etc.) et comment leur relation avec ces discours affecte le lien entre elle.

Les Chroniques du Crabe Bleu est à la fois une performance et nouvelle écrite par l’artiste. Bien que ces deux formes se réfèrent à la même histoire, aucune d’elles n’est en soi une illustration de l’autre. Les deux offrent des points d’entrée différents à l’histoire racontée par le Crabe Bleu, et elles arrivent d’ailleurs à des conclusions différente : elles tracent deux chemins différents au sein de la même histoire.

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Catarina de Oliveira, The Chronicles of the Blue Crab, 2012 The Watermill Center, © photo Hronn Axeldottir

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Anouchka Oler

Née en 1988 à Saint Malo. Vit et travaille à Bruxelles.

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Performance avec sculptures animées

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Après des études à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Montpellier et au Piet Zwart Institute de Rotterdam, Anouchka Oler a intégré le programme de post-diplôme de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 2014.

Sa pratique mixe écriture, sculpture, performance et vidéo. Ses récits s’articulent autour de la rencontre entre des personnages et un environnement matériel perturbateur. Les objets font part de leurs sentiments, de leur mauvaise humeur ou de leur insatisfaction concernant leur fonctionnalité. Objets ou individus refusent ainsi de fonctionner, amenant les autres personnages à s’enquérir des conséquences de ce refus de collaboration tacite.

Pour Performance Day, elle imagine un dialogue entre trois sculptures animées.

Les « acteurs » s’attachent à questionner impétueusement comment, de quoi et de qui ils sont faits. Parallèlement à leurs attitudes frivoles et idiosyncratiques, ces récits spéculatifs interrogent la façon dont le pouvoir circule dans le commun, l’espace construit et les répercussions sur la construction de soi.

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Anouchka Oler, IRMA (L’Irraisonnée et la Personne du Moyen-Âge), 2014

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Projecto Teatral

Collectif fondé en 1994, composé de Helena Tavares, André Maranha, Gonçalo Ferreira de Almeida, João Rodrigues and Maria Duarte. Vivent et travaillent à Lisbonne.

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Arca, 2017 Création

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Résolument hybride, le travail de Projecto Teatral se situe à la frontière entre arts visuels et spectacle vivant, sculpture et performance. Depuis plus de 20 ans, leurs propositions singulières s’attachent à repenser les conventions théâtrales, déjouant les attentes et les habitudes qui y sont traditionnellement associées. Nombre de leurs œuvres impliquent l’absence des éléments considérés comme constitutifs du théâtre : absence d’acteurs, de voix, de texte, d’intrigue. Ce processus de défamiliarisation s’accompagne d’un mouvement de déterritorialisation : le groupe travaille fréquemment dans des espaces qui ne sont pas conçus pour des représentations.

Avec leur nouvelle création pour la Ferme du Buisson et Serralves — Museu de Arte Contemporânea, ils proposent une « action » naviguant entre installation, performance et rituel. Confrontant le spectateur à une sorte de préhistoire du théâtre. Projecto Teatral s’intéresse ici à la médiation entre public et œuvre, qu’ils s’attachent à rendre la plus directe possible, et à la relation complexe entre exposition, dissimulation et révélation.