Raymond Pettibon — PUNK cabinet de curiosités: 1978-1986

Exposition

Dessin

Raymond Pettibon
PUNK cabinet de curiosités: 1978-1986

Passé : 13 septembre → 16 novembre 2013

La galerie mfc-michèle didier revêt l’aspect d’un concept store, ou pour être plus exact, tout en brouillant les pistes, celui d’un cabinet de curiosités punk.

Raymond Pettibon n’est pas français malgré la sonorité francophone de son nom. Est-ce parce que ce dernier nous évoque celui du chorégraphe français Petipa ? Le bond plutôt que le pas, l’image d’un mouvement brusque lui correspond davantage en effet, heureuse coïncidence.

Représentant la culture West Coast, Raymond Pettibon, né Ginn en 1957, vit en Californie à Hermosa Beach. Artiste autodidacte, il abandonne rapidement la profession de professeur de mathématiques pour se consacrer au dessin des pochettes d’albums produits par SST Records, label fondé par son frère, Greg Ginn, également à l’origine du groupe punk Black Flag. C’est d’ailleurs Raymond qui est à l’origine de leur nom de scène, c’est lui aussi qui crée l’iconique logo « drapé » de Black Flag constitué de quatre barres noires verticales. L’artiste préfère alors à son nom de famille Ginn le nom-de-punk Pettibon, surnom que lui donnait son père.

Puisant ses fondements dans la culture punk-rock californienne de la fin des années 1970 puis 1980 et dans l’esthétique do-it-yourself des couvertures d’albums, bandes dessinées, flyers et fanzines qui ont caractérisé ce mouvement, le dessin de Raymond Pettibon est parvenu à imposer un genre bien à lui, puissant et empreint de dynamisme.

Le travail de l’artiste embrasse un large éventail de la culture américaine, de la subculture étendard d’une jeunesse marginale aux références plus conventionnelles à l’histoire de l’art ou à la littérature, sans oublier les incontournables sujets que sont sport, religion, politique et sexualité.

Le médium privilégié de l’artiste est le dessin et celui-ci intervient sur tout support pouvant l’y accueillir : les pochettes d’albums, flyers, planches de skateboards, mais aussi les murs. Pettibon va s’intéresser par ailleurs à la vidéo et au film, souvent sous forme de collaborations. C’est avec Mike Kelley qu’il tourne Sir Drone en 1989, caméra à l’épaule, assumant la nature amateuriste du rendu. Pettibon endosse le rôle d’un prétendu journaliste de CBS réalisant une chronique sur les débuts d’un groupe punk fictif composé de Mike Kelley et du musicien Mike Watt.

Raymond Pettibon et Mike Kelley, associés à Paul McCarthy forment le « bad boy trifecta » californien pour reprendre l’expression utilisée par Cary Levine dans sa récente publication Pay for Your Pleasures. Une stratégie politique commune aux trois artistes sous-tend chacune de leurs démarches artistiques, ils critiquent à la fois la nostalgie pour la contre-culture des années 1960 et le conservatisme de l’ère Reagan. Cette manœuvre les amène individuellement à créer un langage visuel étrange voire parfois déplacé, repoussant les limites de l’art mais aussi celles des règles de genres, du sexe, du mauvais goût. Leurs travaux place le public dans des situations inconfortables, les poussant ainsi à reconsidérer leurs propres valeurs.

Entre les années 1978 et 1986 Raymond Pettibon produit un trésor d’œuvres graphiques pour le groupe punk sud-californien Black Flag, ainsi que pour Red Cross, The Minutemen, Nig Heist et d’autres encore. Tous sont produits par le label SST Records fondé par son frère Greg. L’exposition présente ainsi plus de deux cents flyers de concerts, livres d’artistes, pochettes d’albums, posters, t-shirts, autocollants, planches de skateboards et les premiers prints de Pettibon.

Cette exposition offre un bel aperçu de la jeunesse artistique de Raymond Pettibon, sa période punk. Certaines des productions de l’artiste sont si rudes qu’elles poussent à détourner le regard: castration, démembrement, suicide, meurtre sont les thèmes abordés alors. Pettibon met en exergue à travers des images one-shot les pans déséquilibrés de la société, des images qui peuvent être pleines d’humour et à la fois violentes et macabres: une scène représentant deux hommes se battant au couteau est annotée de la légende « Your girlfriend called me chicken » — « Votre amie m’a traité de poulet » — ou encore un squelette, debout sur une estrade, s’adresse à une audience, « Life is a joke » — « La vie est une blague » — dit-il, une légende ajoute à cela: « This is the punch line » — « Il s’agit de la chute ».

Ses dessins sont violents, Pettibon l’admet dès ses 24 ans :

« Et cela est dicté par le médium que j’utilise, j’interviens dans un cadre restreint. C’est comme extraire la scène cruciale d’un film ou le passage critique d’un livre. Vous ne pouvez pas vraiment être subtil. »

Introduite par le premier livre d’artiste de Raymond Pettibon, Chaînes captives, publié en 1978, l’exposition est composée d’une myriade d’éléments graphiques très explicites en matière de sexualité et de violence. Le spectacle s’achève avec le carton d’invitation de la première exposition individuelle de Pettibon à New York, tenue à la Galerie Semaphone en mars 1986, sur lequel le texte se lit comme suit: « I am the wrench in people’s lives, really fixing them up. »

Il existe déjà un certain nombre de collectionneurs sérieux de Raymond Pettibon et il est inévitable que lorsque le punk entrera définitivement dans l’histoire, l’art de Pettibon en sera considéré comme l’un des chapitres essentiels.

« Cela se passera comme cela l’a été dans les années 60 avec les posters psychédéliques. »

Plusieurs extraits de Black Flag Cover is Pure Pettibon, un article de Jeff Spurrier publié dans le Los Angeles Times, le 1er juillet 1984 ont été utilisés et traduits par nos soins en vue de la réalisation du texte de ce dossier de presse. L’ensemble des citations de Raymond Pettibon sont extraites du même article.

  • Raymond Pettibon — Punk — cabinet de curiosités 1978-1986 Vernissage Jeudi 12 septembre 2013 18:00 → 21:00
11 Bastille Zoom in 11 Bastille Zoom out

94 boulevard Richard Lenoir

75011 Paris

T. 06 09 94 13 46

www.micheledidier.com

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