Sandra Lorenzi — Humor Melancholicus

Exhibition

Drawing, installation

Sandra Lorenzi
Humor Melancholicus

Past: November 8 → 30, 2013

Sandra Lorenzi fabrique des mondes, déploie des formes archétypales et originelles, entre Histoire et philosophie, connaissance et imaginaire, comme des antichambres du réel. Pénétrer ces interzones1 c’est traverser une expérience initiatique où la perte de repère conduit à bousculer toute valeur établie.

Narrations et volumes, mises en scène et mises en espace, les œuvres de Sandra Lorenzi constituent des outils propres à contrarier l’ordonnance du réel, comme à le transformer. De ces mondes, surgissent des personnages tragi-comiques, tels les Jizo gisants (2008), moinillons décalottés en bronze, ces actants de la comédie humaine, témoins d’un processus en marche vers l’écriture d’une poétique renouvelée de l’existence.

Pour sa première exposition personnelle à la galerie Martine et Thibault de la Châtre, Sandra Lorenzi présente Humor Melancholicus, une proposition teintée d’humeur, d’humour et de mélancolie faisant écho à l’esprit de ses nouvelles œuvres.
En effet, derrière ce titre d’un autre temps, emprunté au savant Henri Corneille Agrippa dans son célèbre ouvrage De occulta philosophia, humour et mélancolie s’entremêlent et s’entrechoquent pour dresser un portrait critique de nos sociétés contemporaines, et ouvrir une réflexion sur notre héritage historique.

Collectio (2012-in progress) présente une collection de cartes postales originales, issues de la correspondance de la Première Guerre Mondiale. Tout indice pouvant attester du conflit est découpé, et à l’heure bientôt de la commémoration nationale, le découpage se fait automatique et sans affect, acte de négation et surtout de questionnement sur « ce qu’il reste » après l’innommable. Bureau d’étude n°2 (2013) propose un espace d’expertise dédié au bonheur, ce bonheur extatique que l’artiste se plaît à interroger sous sa forme la plus clichée et communément admise. Feverhund (2013), des chenets à tête de femme sont soudés l’un à l’autre, devenant des figures bicéphales, ustensiles siamois, où l’on retrouve peut-être le plus ici l’allusion à la pensée alchimique d’Agrippa. Enfin, la Ruin’s Factory (2013) ouvre un cadre d’observation sur un distributeur automatique évidé de ses marchandises.

Suspendues alors dans ce hors-champ contemplatif, nos humeurs peuvent à nouveau se mettre en branle, et se réjouir de cet instant propice à l’expression d’une mélancolie bel et bien aiguisée.

Sandra Lorenzi est diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’art de la Villa Arson (Nice), en 2009. Son travail a été présenté depuis dans des institutions et des galeries en France et à l’étranger. On peut citer notamment son module au Palais de Tokyo (2011), sa participation à l’exposition Collectionneurs en situation à l’Espace d’Art Concret à Mouans-Sartoux (2011), au Show Room d’Art-O-Rama, et aux deux éditions successives de Rendez-vous (2011-2012) à l’Institut d’Art Contemporain à Villeurbanne, et à la National Gallery à Cape Town. Elle travaille actuellement à de prochaines expositions personnelles et collectives, et à des collaborations avec le collectif FrenchFries, et le groupe de recherche FRAME. Elle enseigne le volume à l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse (ISDAT) depuis 2012.

1 Interzone, terme emprunté à William Burroughs, extrait du Festin nu (1959).

Nathalie Ergino, Directrice de l’Institut d’Art Contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes.
  • Opening Friday, November 8, 2013 4 PM → 9 PM
Misc venues for this event

The artist

  • Sandra Lorenzi