Céline Vaché Olivieri
Faire, défaire, refaire
Je crois beaucoup au hasard. Le hasard, c’est une chose très, très précise… si tu connais ton boulot, le hasard n’est pas le hasard. Ça me fascine énormément. De plus en plus, je trouve que le hasard est une chose juste. — Erik Dietman
Céline Vaché-Olivieri pratique la sculpture et la peinture. Depuis sa formation à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, la céramique est devenue son médium de prédilection. Un medium où l’accident et l’imprévisible font partie intégrante du processus de création. Tout en continuant à l’apprivoiser, Céline Vaché-Olivieri accepte le lâcher-prise et l’incertitude. La cuisson peut altérer la silhouette de l’œuvre, en accentuer sa fragilité ou encore modifier la teinte des émaux. La surprise et l’étonnement pimentent le jeu. Au départ, elle modèle des pièces de petits formats, souvent à l’échelle de la main. Les empreintes de doigts y sont volontairement marquées. Les gestes relèvent d’un primitivisme et d’une brutalité propres à la terre : ce qu’elle représente tant au niveau physique que symbolique.
L’artiste s’inspire des formes qui l’entourent, à l’atelier, lors de ses déplacements. Elle mémorise un répertoire familier, en lien avec son expérience du quotidien, pour les traduire en céramique. Si la céramique représente pour l’artiste un territoire où l’accident et l’expérimentation sont permis et souhaités, elle aborde la peinture d’une toute autre manière. Sur des chutes de bois récupérées, elle peint à la gouache des formes géométriques. Le trait et les aplats de couleurs vives indiquent une maîtrise pleine des gestes et des motifs. Une rigueur qui contraste avec ses volumes. Un dialogue entre le contrôle et l’immaîtrisable est construit, ce qui lui échappe dans la céramique est totalement dompté en peinture. Une dichotomie s’installe entre deux approches, celle du volume et celle de la surface. Elle participe à la dimension transitoire et plurielle de l’œuvre de Céline Vaché-Olivieri. L’artiste n’impose pas d’état définitif à ses œuvres, le socle de l’une peut devenir le socle d’une autre, toutes les combinaisons sont possibles. En ce sens, le travail d’atelier joue un rôle essentiel, il est le terrain où l’expérience et le jeu sont générés. Là, elle produit un travail de composition et de recomposition en fonction de l’espace d’exposition ou de la rencontre entre les œuvres, entre des objets ou des matériaux extérieurs. L’artiste se plaît d’ailleurs à brouiller les pistes en mêlant des éléments originaux et des éléments manufacturés. Les apparences y sont souvent trompeuses. Le jeu entre le matériau, les formes, les couleurs et l’espace est particulièrement souligné avec un motif qui surgit de manière récurrente dans son travail : la colonne.
Qu’elles soient le fruit d’empilements, de juxtapositions ou d’écrasements, elles apparaissent comme des éléments entre-deux : entre le sol et le ciel. Les colonnes de Céline Vaché-Olivieri ne sont pas stables, bien au contraire, leurs silhouettes indiquent une fragilité, un mouvement qui oscille entre l’élévation et la chute. Parce qu’elles sont formées à partir d’éléments empilés, emboîtés ou juxtaposés, elles perdent leur aura autoritaire, rigide et rassurante. L’artiste engage une dialectique physique et symbolique entre le mou et le solide. Une œuvre comme Plastered Column (2013) est dotée d’une silhouette informe et monstrueuse, elle apparaît au regardeur tel un corps écrasé, boursouflé et épuisé. Le corps organique et informe se fond avec l’élément architectural. Une hybridation qui jaillit également au sein de ses œuvres paysages. En effet, si l’artiste travaille l’espace et les références architecturales, elle accorde une place importante aux paysages et aux formes issues de la nature. Paysage Guéridon (2013), L’Invention du Paysage (2009- 2012), Pierre Paysage (2013) sont des œuvres réalisées à partir de fragments de terre prélevés dans des seaux. La terre adopte alors la forme du contenant. Une forme brute que l’artiste ne transforme pas et à laquelle elle apporte de la couleur. Les pièces sont ensuite disposées sur des socles plus ou moins apparents ou bien superposées les unes sur les autres.
Ainsi, Céline Vaché-Olivieri construit son œuvre sur les idées de tensions et de transitions nourries de mouvements contraires, de rigueur et d’accident, de composition et de décomposition. Rien n’est figé, rien n’est arrêté. Chaque œuvre appelle à une œuvre nouvelle. L’artiste développe ainsi une culture des possibles où la forme, la couleur et la matière interagissent en toute liberté. Le jeu et le (dé)faire nourrissent un work in progress généreux et intarissable.
— Julie Crenn
Céline Vaché Olivieri
Contemporain
Céramique, peinture, sculpture, techniques mixtes
Artiste française née en 1978 en France.
- Localisation
- Paris, Saint-Denis, France
- Site Internet
- www.celinevache-olivieri.com/
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