Benjamin Renoux
Dans ses différentes séries, Benjamin Renoux tend vers le monochrome et les formes minimales. Il stratifie la surface de la photographie dans ses toiles, la colonise d’une substance noire, de tumeurs et d’abcès dans la série ID, ou encore la noie dans des volumes de béton. L’image s’assombrit, les clairs-obscurs figent les personnages dans un silence vibratoire. L’artiste crée entre les médiums une relation instable, une lutte continuelle faite de paradoxes esthétiques et conceptuels, capables de générer chez le spectateur une expérience sensible à la fois instantanée et profondément méditative. Ce conflit des matières est employé à métamorphoser la photographie en un objet autonome, pictural et tridimensionnel. L’artiste explore l’idée que l’art progresse par distorsion et réorganisation des acquis ayant façonnés son Histoire. En malmenant la photographie, l’artiste interroge sa nature intrinsèque. Il défend une expression picturale libérée de ses limites, n’hésitant pas déjouer les a priori.
La série des ID reprend les critères de conformité des photos d’identité. Ces images, attestations figées de l’existence, se détériorent, mangées, envahies de protubérances noires. Le format monumental dérègle le rapport du spectateur au sujet photographié dont la normalité devient inquiétante, irréelle, presque impossible. L’œuvre de l’artiste est caractérisée par cette vision de l’être symboliquement incarnée par la photographie, engloutie par une substance obscure et dévorante, minérale ou organique, silencieuse et terrible. Les photographies sont les images avalées des corps qui ont été, et qui ne seront jamais plus. L’artiste oppose à une vision ultra matérialiste de l’homme une forme de réminiscence de la peinture classique. Celle-là même qui avait fait naître dans les consciences, il y a quelques siècles, la certitude de l’Être. Tout comme la matière, c’est dans leur état instable et furtif que la nature et les visages révèlent leur véritable beauté. Mais, l’instant fait parti d’une bobine de film qui se déroule jusqu’au « clap » de fin. Benjamin Renoux raconte l’histoire de la transition. L’inexorable passage jusqu’à l’anéantissement de toute mémoire des choses qui, recroquevillées dans leurs coquilles, se dirigent lentement vers l’état fossile.
Benjamin Renoux
Contemporain
Photographie, sculpture, techniques mixtes
Artiste français né en 1986 à Abidjan, Côte d’Ivoire.
- Localisation
- Paris, France
- Site Internet
- www.benjaminrenoux.com
Vous êtes l’artiste ou sont représentant?
Réclamer cette fiche