Carolyn Carlson
Durant ses années de formation à New York, alors qu’elle danse pour Alwin Nikolais, Carolyn Carlson côtoie l’avant-garde américaine des années 60 comme les musiciens Barre Philips, John Cage et Philip Glass, ou bien encore le philosophe et créateur lumière John Davis, qui devient son compagnon. C’est à cette époque qu’elle réalise ses premières encres, accomplies d’un souffle dans le cadre d’une initiation à la méditation zen. Elle y trouve une clé pour son travail de danseuse, « la joie de faire des gestes spontanés sans idée en tête, seulement l’acte de faire » (propos de l’artiste) et ne cessera dès lors d’unir sa pratique de la danse à celles, plus confidentielles, de la calligraphie et de l’écriture.
Source de contemplation, mais également d’inspiration et de création poétique, le dessin spontané vient, ici et là, se mêler aux mots, citations et poèmes, fruits d’un temps plus long, qui est celui de la composition et de la réflexion. Deux temporalités qui, par leur cohabitation sur le papier, semblent désigner les énergies contraires et néanmoins complémentaires qui constituent pour Carolyn Carlson les éléments d’une maîtrise instinctive de la perfection du geste. Ou quand la poésie se dérobe au seul langage pour s’énoncer autrement dans l’espace, c’est-à-dire par la ligne (celle du corps, du signe ou de la lettre) et le mouvement (de la main, de l’esprit et du cœur).
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Née en Californie en 1943, Carolyn Carlson se définit avant tout comme une nomade. De la baie de San Francisco à l’Université d’Utah, de la compagnie d’Alwin Nikolais à New York à celle d’Anne Béranger en France, de l’Opéra de Paris au Teatrodanza La Fenice à Venise, du Théâtre de la Ville à Helsinki, du Ballet de l’Opéra de Bordeaux à la Cartoucherie de Paris, de la Biennale de Venise à Roubaix, Carolyn Carlson est une infatigable voyageuse, toujours en quête de développer et faire partager son univers poétique.
En 1971, elle s’installe à Paris avec John Davis et signe l’année suivante, avec Rituel pour un rêve mort, un manifeste poétique qui définit une approche singulière de la danse, assurément tournée vers la philosophie et la spiritualité. Depuis, son influence et son succès sont considérables dans de nombreux pays européens. Elle joue notamment un rôle-clé dans l’éclosion des danses contemporaines en Europe avec le GRTOP (Groupe de Recherches Théâtrales de l’Opéra de Paris, créé pour elle par le directeur de l’Opéra de Paris Rolf Liebermann qui la nomme étoile-chorégraphe en 1974) puis le Teatrodanza à La Fenice de Venise.
Carolyn Carlson a créé plus d’une centaine de pièces, dont un grand nombre constituent des pages majeures de
l’histoire de la danse : Density 21.5, Blue Lady, Signes (créé en collaboration avec le peintre Olivier Debré), Writings on Water, ou encore Dialogue with Rothko. En 2006, son œuvre a été couronnée par le premier Lion d’or jamais attribué à une chorégraphe par la Biennale de Venise. Elle est aussi commandeur des Arts et des Lettres, et officier de la Légion d’honneur.
Fondatrice de l’Atelier de Paris — Carolyn Carlson à la Cartoucherie en 1999, elle a été, avec la Carolyn Carlson Company qu’elle dirige aujourd’hui, artiste associée au Théâtre national de Chaillot de 2014 à 2016.
En 2011, elle fit don de ses archives à la France. Conservées à la BnF, elles y furent exposées pour la première fois au public en 2013/2014. Depuis, son œuvre graphique a notamment été exposée au musée La Piscine de Roubaix (2017), chez agnès b. à Paris (2018) ou encore à Arles à la Chapelle du Méjan (2019).
Un ensemble de dix dessins et poèmes autographes de Carolyn Carlson a été acquis par le Centre National des Arts Plastiques (CNAP) lors de la commission exceptionnelle en soutien à l’économie des galeries d’art contemporain qui s’est tenue en juin 2020.