Catherine Maria Chapel
Formée très jeune à l’aquarelle et à la peinture par Luigi Tomaso d’Elia, Catherine Maria Chapel commence véritablement son parcours de peintre lors d’un séjour à la Fondation d’Anni et Josef Albers (Connecticut) en 2006. Dès lors, le sujet du paysage qui prédominait jusqu’alors dans son travail trouve une forme plus abstraite où le contemplatif rencontre le sensoriel. Si l’on identifie depuis toujours chez Catherine Maria Chapel une fascination indubitable pour l’art du tournant du 19e et 20e siècles, notamment les symbolistes — ne serait-ce que la dimension mystique d’un Odilon Redon — l’œuvre de l’artiste est parfaitement de son temps. Les expositions Terres aperçues (2008) et Traversées (2010) avaient le paysage pour « prétexte », mais le corps et l’être en rapport à l’espace physique et mental y étaient déjà inscrits. Un travail parallèle en photo souligne son intérêt pour les plans, la transparence et le mouvement, et l’on y retrouve sa palette toute personnelle.
L’œuvre de Catherine Maria Chapel a surtout été montrée en France — tout dernièrement dans le cadre de l’accrochage Paysages féminins à Drawing Now 2011 — Le salon du dessin contemporain, Paris.
“Comment un ou plusieurs personnages d’un rêve s’incarnent-ils dans notre esprit ? Comment la fugitive mémoire d’un rêve dispose du pouvoir de fabriquer l’apparence fantomatique de tel ou tel personnage sans disposer d’aucune idée précise de sa représentation ? De telles questions interrogent la fabrique de visions internes, apparitions évanescentes, que sont les corps rêvés. La part des voix n’en est pas moins énigmatique : quelle(s) voix entend-on lorsque l’on rêve ? N’entend-on pas la voix des personnages venus d’on ne sait où ? Les corps du rêve sont des corps morcelés, ouverts aux sensations, qui se jouent des représentations.
Catherine Maria Chapel nous met ici en contact avec une mémoire onirique de corps en mouvements, corps qui murmurent la langue du rêve. Adam et Eve n’ont pas encore ouvert leurs yeux. Ils n’ont pas découvert leur nudité. Loin de se figer dans des représentations rigides, ces corps habités de sensations diffuses font émerger des présences qui se dégagent des couleurs du printemps, des odeurs de la terre et des cieux. Marcel Duchamp aimait dire « ce sont les regardeurs qui font les tableaux ». Ici, les personnages sans âge semblant sortir de la feuille sollicitent un écho interne, la réverbération intime de notre rapport aux rêves. Fantômes, apparitions évanescentes, font naître ce qui était en attente, en suspens d’existence.
Ces personnages interrogent : disqualifiant savoirs et connaissances théoriques ils convoquent une autre façon de se penser divisé, comme l’est la mémoire fugace et fuyante du rêve : tandis qu’une forme veut émerger, l’oubli se charge de la rendre amnésique. Telle une mémoire musicale, cette mémoire ne « fixe pas », générant parfois l’étrange impression de ne rien retenir. Prendre le temps d’écouter ces œuvres laisse le temps au regard de se créer un espace pour lui-même afin que se constitue ce temps où le regard comme l’écoute se savent entendus."
— Vincent Estellon, Psychanalyste
Catherine Maria Chapel
Contemporain
Collage, dessin, peinture
Artiste française née en 1968 à Brest, France.
- Localisation
- France