Corinne Mercadier
Solo, la nouvelle série de Corinne Mercadier, se distingue de ses œuvres précédentes. En effet, l’artiste est passée d’une pratique très particulière — une complexe double prise de vue au Polaroid SX70 —, au medium le plus partagé aujourd’hui, la photographie numérique. Solo s’inscrit pourtant sans peine dans la continuité de l’œuvre : on y retrouve les territoires presque abstraits, la mise en scène, les personnages énigmatiques, les objets lancés et le temps qu’ils incarnent, l’importance de l’ombre… Cependant le changement radical de technique, la lumière forte et les couleurs artificielles donnent une nouvelle direction au travail.
Un des fondements de cette série réside dans l’approche du paysage comme espace scénique. Un théâtre en plein air, dont le mur de scène figure un ciel nocturne ou intersidéral. Les ciels assombris — présents depuis 1992 dans Paysages jusqu’à Longue Distance en 2007, sont devenus ici les cintres d’une obscurité absolue où disparaît le point de fuite des grandes perspectives horizontales. Une ombre noire précède ce fond, créant une impression d’espace clos tel une camera obscura. Le regard cherche l’infini, revient à ce qu’il y a à voir : la chorégraphie de l’image. Au premier plan principalement, plan de l’action, se trouvent des personnages en représentation, statiques ou en mouvement, des sculptures, des objets volants ou pas.
Les objets sont simples, géométriques : grandes baguettes, pneus, ballons, lignes délimitant des espaces qui évoquent le jeu, mais un jeu dont les règles échappent. Les hasards du lancer n’en modifient pas les formes, à la différence des sculptures en matériaux souples des séries précédentes. Nul fantôme. Pourtant, une radicale étrangeté demeure, que la définition des images inédite dans l’œuvre de Corinne Mercadier ne dissipe pas.
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