Francois Mazabraud
« Je me pose sans arrêt la question de la légitimité de parler de tel accident ou de tel sujet. A chaque fois, je me dis que je ne peux pas me contenter d’un art qui ne parle que de lui même et cette envie d’essayer de provoquer chez le spectateur un autre rapport aux évènements que sèment les médias me semble importante. Toute la difficulté est de ne pas tomber dans la délation ou l’ironie. Ce sont des événements graves que reflètent certains des objets que je crée et je ne suis pas spécialiste de la guerre au Moyen-Orient, je ne suis pas spécialiste du naufrage de l’Erika, ni des stratégies économiques les plus fines ou les plus cyniques, mais j’essaie juste de garder en tête une chose que disait Alain Declercq : en tant qu’artiste les questions m’intéressent, en tant que citoyen les réponses m’intéressent »
François Mazabraud.
Ces réflexions complètent un entretien que nous avons eu quelques jours auparavant, et témoignent de l’acuité du questionnement d’un jeune artiste qui a toujours souhaité mêler travail plastique et enseignement théorique.
Sa pratique n’exclut aucun des médiums répertoriés par l’histoire de l’art : dessin, sculpture, installation, vidéo, son et même performance comme celle qu’il a réalisée, dans le treizième arrondissement de Paris, en suivant la tournée, au pas de course, d’un camion poubelle ; une action qui n’est pas sans rappeler celle de Francis Alÿs dans les rues de Mexico.
François Mazabraud trouve son inspiration dans l’observation du flux des évènements quotidiens et plus particulièrement dans les déplacements et enjeux de pouvoirs que génère la globalisation.
Ainsi l’œuvre intitulée “Logique de la distance” reproduit, à l’aide de morceaux de chaussettes, de slips, de pantalons et de T-shirts, quinze minis bagages d’une taille de dix centimètres, sur lesquels apparaissent encore les étiquettes qui révèlent leur provenance. L’ensemble est posé, sans socle, à même le sol, renvoyant ses œuvres, miniaturisées, à la circulation, devenu ordinaire, des marchandises ; des pratiques qui, depuis deux siècles, appliquent la théorie des avantages comparatifs, le credo de l’organisation mondiale du commerce, sans jamais en tirer les conséquences. Dans le même esprit mais cette fois-ci à une toute autre échelle, “Les dessous-de-table”, présente une sculpture en bois, de plus de trois mètres. Il s’agit de la reconstitution d’une sorte de table cartographiée, inspirée des anciens plans-reliefs militaires, dont le piètement est constitué des buildings aux sommets inversés, présents autour du célèbre Ground Zero.
La maquette, métaphore possible d’une architecture de pouvoir qui débande, oblige le regardeur à participer en s’accroupissant pour observer l’objet. Elle devient aussi une invitation à s’asseoir autour de cette table-sculpture pour reprendre le débat confisqué par les puissances financières.
Francois Mazabraud
Contemporain
Sculpture, techniques mixtes
Artiste français né en France.
- Localisation
- Paris, France
- Site Internet
- françoismazabraud.com
- Thèmes
- Mondialisation