Laëtitia Badaut Haussmann

La pratique de Laetitia Badaut-Haussmann est plurielle et fragmentée. Sculpture, vidéo, texte, photo, sont autant de moyens utilisés — parmi tant d’autres envisageables — pour aboutir à une histoire, s’inscrivant toujours dans le contexte plus large de l’Histoire. Ainsi l’artiste a-t-elle exposé une sculpture en plâtre de Bernardino Verro, syndicaliste socialiste en Sicile est systématiquement détruit par la Mafia (Bernardino Verro, 2008). Cette œuvre pose la question de l’exposition dans l’espace sacré du lieu d’art, en opposition à l’impossibilité de son existence dans l’espace public. Avec Cosmic Heirloom (2009), elle reproduit à l’identique une météorite trouvé par son arrière-grand-père, mêlant légende familiale et conquête de l’espace. L’intime se mêle au public dans un mouvement qui fait se rejoindre macrocosme et microcosme.

Laëtitia Badaut Haussmann, Bernardino Verro, 2008 Buste, Plâtre. — 34 × 22 × 14 cm Courtesy Galerie Dohyang Lee
Laëtitia Badaut Haussmann, Cosmic Heirloom, 2009 Bronze, résine, plexiglas. — 22 × 22 cm — édition de 3 Courtesy Galerie Dohyang Lee
Laëtitia Badaut Haussmann, Could you be mine, 2010 Résine, poudre de bronze, poudre dʼor — 150 × 50 × 70 cm Galerie Dohyang Lee
Laëtitia Badaut Haussmann, Charisma, 2006 Photographie numérique — 147 × 95 cm Courtesy Galerie Dohyang Lee

L’artiste jongle avec les temporalités, ajoutant aujourd’hui le nouveau chapitre d’un récit initié par d’autres hier. C’est le cas d’un entretien de Jean-Luc Godard (avec Samuel Blumenfeld, Christian Fevret & Serge Kaganski en 1993), dans lequel le cinéaste indique : « j’adore le tennis, je peux regarder un gamin de 12 ans taper pendant 2 heures contre un mur ». L’image évoquée pousse l’artiste à réaliser un court film (Tiebreaker, 6’30’’, 2010), dans lequel un jeune garçon frappe une balle indéfiniment contre un mur, œuvre d’une beauté étrange dans sa simplicité. Son but à long terme est d’élaborer, selon ses propres mots, une « cartographie du visible », par l’intermédiaire de « micro-récits qui sont autant de nouvelles perspectives sur le réel ». S’interrogeant sur les potentialités de la fiction dans le domaine tant audiovisuel que littéraire, Laetitia Badaut-Haussmann mêle intimement des fragments de récits d’origines variées. Avec Phi Kappa Sigma (2010), photographie du bâtiment d’une fraternité sur un campus américain, surmontée d’une tête de mort, l’artiste pose la question du dépassement et de la transmission. La chronologie est d’importance et sert de fil directeur, avec des allers-retours temporels entre les œuvres elles-mêmes, à travers le filtre du quotidien. Chaque œuvre de Laetitia Badaut-Haussmann apparait comme le nouvel indice d’une présence fantomatique en négatif. P.151b (2006) est l’occasion d’ajouter une lettre à la correspondance de deux personnages de la nouvelle « Lettres de Los Angeles » de Breat Easton Ellis… Vingt ans plus tard. Tout geste de l’artiste est unique et crée une constellation d’œuvres « caméléons », permettant à l’artiste de ne jamais se trouver exactement là où on l’attend et de transmettre son souffle vital à des instants a priori banals.

Laëtitia Badaut Haussmann, Tiebreaker, 2010 Vidéo, noir et blanc, son — PAL — 4/3, 5’10’’ — édition de 5 Courtesy Galerie Dohyang Lee
Laëtitia Badaut Haussmann, Phi Kappa Sigma, 2010 Tirage numérique sur papier Photorag Hahnemühle — 88 cm × 128 cm Courtesy Galerie Dohyang Lee
Laëtitia Badaut Haussmann, No One Returns II, 2010 Cèdre : 15 ans — 6 mètres Production : Ville de Paris, Paris-Musées et le soutien des Amis du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Courtesy Galerie Doh
Laëtitia Badaut Haussmann, No one returns I, 2010 Pièce sonore — 3’29’’ Production : Palais de Tokyo, Courtesy galerie Dohyang lee.

Laëtitia Badaut Haussmann

Contemporain

Architecture, film, installations, son - musique, techniques mixtes, vidéo

Artiste française née en 1980 à Paris, France. 

Localisation
Paris, France
Site Internet
www.laetitiabadauthaussmann.com
Thèmes
Fiction, in situ, mémoire
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