Lou Masduraud
Passion du courant continu.
Des ondes, y’en a un paquet. À dire vrai, nous sommes constamment traversés par toutes sortes d’ondes : électromagnétiques, sonores, radiophoniques, wi-fi. Il y a les ondes incidentes, les ondes diffractées, les ondes du spectre lumineux, les courtes et les longues ondes. Ondes stationnaires, sismiques, oscillantes, acoustiques, transversales, révolutionnaires. Pleins de noms superbes. Si nos perceptions parvenaient à percevoir toutes les ondes qui nous traversent, nous croirions encore tous aux fantômes.
Ce sont les bruits qui nous surprennent, c’est le son qui nous remue, nous traverse. Les sons sans objets, c’est louche. Nous cherchons à l’attribuer à une forme, à un objet, à une source. Les objets de Lou sont toujours étrangement animés, par ses gestes et par les sons qui les traversent (Énergie + matière). Et tant qu’ils bougent, tant qu’ils vibrent, sifflent, palpitent, tremblent et vrombissent, ça fonctionne. Tout se joue dans les expériences que procurent ces formes bizarrement érotiques et la physicité de ces sons suspects, ces sonorités sinueuses, ces sombres sonnettes. L’électricité sexy s’y frotte, la peau s’excite sans cesse.
Une onde de choc, par exemple, que l’on écoute abasourdi. Les sonorités synthétiques que l’on entend avec les doigts et les expériences des phénomènes auxquelles vous décidez d’accéder, provoquent des mouvements alternatifs de type “pénétré-pénétrant”. Agréables et douteuses, les performances et les sculptures de Lou nous disent qu’il est remarquable de tout entendre : ce que vous pensez, ce que vous ressentez, ce que vous détestez, ce que les objets vous disent, ce que le monde veut bien vous signifier.
J’ai entendu dire que l’absence de son, extérieure à votre corps, était extrêmement douloureuse. Au pôle nord, le silence peut vous faire perdre la raison : vous finissez par entendre des sons de cloches sonnant sans cesse, des hurlements continus, qui correspondraient aux sons de votre cœur, de votre tension, de vos tympans qui vibrent.
Lou me rétorquerait sûrement que sous l’eau, le son des glaces qui glissent les unes contre les autres sonnent comme un synthétiseur modulaire.
Alors les cloches fantômes ? Les glaciers ou les synthés ? Les expériences parlantes, expressives, prolixes, que propose Lou sont à la fois à considérer, à entendre et à co-prendre, donc surtout à prendre avec vous.
Lou Masduraud
Contemporain
Collage, dessin, performance, son - musique, techniques mixtes
Artiste née en 1990.
- Localisation
- Genève, Suisse
- Site Internet
- loumasduraud.fr/
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