Mathieu Arbez Hermoso
Les reprises sont des vidéos qui relèvent toutes du même protocole ; un plan fixe, une caméra cadre un objet quotidien, ordinaire, une parole. Très descriptive, organisée dans un discours qui propose de l’image une expérience absurde mais continuellement vraisemblable. Entre objectivation totale et subjectivation autoritaire, les choses sont prises dans le dispositif discursif — une image, une voix — pour ce qu’elles lui doivent.
Deux histoires se chevauchent : celle de Bodaji Badejo, acteur somalien porteur du costume de l’alien, fait pour lui sur mesure, dans le film Alien de Ridley Scott, et celle de la colonisation de la Somalie. À l’image, une forme en deux parties. Deux dessins — bleu et vert — semblent tracer deux figures insaisissables simultanément : l’attention se fixe sur l’une ou sur l’autre, difficilement sur les deux.
L’escalier roulant mécanique de Jesse Wilford Reno propose une mise en dialogue de l’abstraction américaine, de l’escalier roulant mécanique — comme symbole d’un progrès qui élève les corps — et de la cartographie new-yorkaise comme idéologie. Soutenue par un discours, l’abstraction devient figure puis, à nouveau, abstraction. Jamais totalement définie, toujours un peu contaminée.
Avant la narration est une suite d’images en mouvement issues d’une sélection de films. Un found footage où les figurants sont, comme extraits du fond des images, isolés pour être ramenés au premier plan. Dégradés dans l’opération, ils s’y donnent à voir et le font avec peu.
Avant la narration est un film en très basse définition, un montage généré par ordinateur, aléatoirement, sans histoire, sans acteurs, sans nœuds dramatiques et sans héros. Sans ce qui pourrait, d’ordinaire, faire un film.
Ce qui reste est maintenu par un objet sonore toujours composé par d’autres — une note de basse étirée sur toute la longueur du film et dont les vibrations mathématiquement décomposées travaillent les images (OGG, aucun souvenir assez solide — galerie Marine Veilleux / mai-juin 2014), une composition drone/glitch oppressante et minimale (Antonin Renault, documents — appartement-galerie Interface / mars-avril 2014).
Circulant autour de l’actualisation que permet le langage, la recherche artistique de Mathieu Arbez Hermoso convoque les notions de mémoire, de matérialité et de communauté. Créant une tension entre des liens invisibles et les marques qui les accompagnent dans le monde réel, son travail entend révéler une histoire politique, marquée par des systèmes de domination culturelle ou physique, autant que relever les points aveugles de l’histoire de l’art. Il se situe ainsi dans une reprise des mécaniques de création telles que véhiculées par la cosmogonie occidentale (dans laquelle le Verbe informe le monde) mais en propose une vision critique, parfois habitée par l’humour. Ici, il propose d’acheter des pensées via Internet.
Jean Christophe Arcos pour l’exposition La dispute de l’âme et du corps, Cloître des Billettes, Paris, Avril 2013
En 1997, Michael Haneke réalise Funny Games. Le film est tourné en Autriche et joué par des acteurs autrichiens. En 2005, le producteur britannique Steve Coen lui propose la réalisation d’un remake en langue anglaise : Funny games U.S. sort en 2007. En 2011, avec Funny Games (Funny !), Mathieu Arbez-Hermoso met en évidence les frontières que Michael Haneke a décidé de respecter.
Dans Funny Games (Funny!) les plans impairs sont ceux de Funny Games, les plans pairs ceux de Funny Games U.S. Les plans s’alternent ainsi, sans se répéter, pendant toute les 107 minutes de la proposition.
Dans ce nouveau film, chaque plan est absolument étranger au suivant et au précédent.
Mathieu Arbez Hermoso
Contemporain
Installations, nouveaux médias, sculpture, vidéo
Artiste français né en 1984 en France.
- Localisation
- Dijon, France
- Site Internet
- mathieu-arbez-hermoso.net
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