Na Chainkua Reindorf — À propos — Slash Paris

Née en 1991 au Ghana, l’artiste et conteuse Na Chainkua Reindorf fait se confondre sa pratique artistique avec l’histoire et les usages du textile dans l’Afrique de l’ouest. Usant elle-même de ce médium pour produire des tableaux, sculptures et installations parfois monumentales, elle y engage la valeur symbolique comme l’efficacité esthétique, explorant sans cesse les possibilités du corps, sa manière de porter, d’accueillir la charge et d’imposer le mouvement.

De la peinture au tissage, sa production oscille entre imagerie éthérée du rêve, folklore minimaliste, stylisation héroïco-symbolique et réalisme qui imposent un large spectre essentiellement tourné vers le statut du corps féminin. Diplômée en 2017 de l’université américaine de Cornell, elle participe à de nombreuses expositions collectives entre Etats-Unis, Ghana, Nigeria, Sénégal et Allemagne. En 2020, elle entre en résidence à la MECA, Frac Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux, où elle participe notamment à l’exposition collective Memoria : récits d’une autre Histoire en 2021.

En 2022, ses œuvres tissées sont présentées dans le Pavillon ghanéen de la Biennale de Venise où elle partage l’affiche avec les artistes Afroscope et Diego Araúja sous le commissariat de Nana Oforiatta Ayim.

Ses silhouettes flottent autonomes dans l’air et maintiennent l’apparence d’une forme de résistance, celle-là même qu’opère l’artiste en détournant les usages traditionnels de tissus spécifiques, en brouillant la charge métaphorique, bien souvent liée au genre sexuel, de tel ou tel matériau, et en repensant l’usage tantôt intime, tantôt public, de pièces qui redéfinissent notre rapport à l’espace.

Du costume revêtu, c’est alors la personnalité qui se déporte, transformant son approche du monde autant que sa perception à travers la question du masque, pour ensuite constituer le paradigme de mythes que l’artiste remet, in fine, en scène.

Guillaume Benoit pour Slash-Paris