Nick Evans
Dans la pratique de Nick Evans une conscience aiguë de histoire de l’art est toujours combinée à une approche analytique des matériaux et procédés.
« Anti-Autonome » présente différentes formes faites de plâtre, qui ont pour point de départ une «lingua franca» de l’abstraction moderniste organique. C’est un idiome si reconnaissable qu’il fonctionne presque comme une citation devant les sculptures d’Evans. Mais cet aspect linguistique, intervient également au niveau de la production. Pour les sept sculptures exposées à la galerie Mary Mary en 2010, seulement quatre moules différents ont été utilisés; la configuration variable des — presque identiques — composants, génère l’apparente fluide autonomie de chaque sculpture.
Les moules sont comme un alphabet (qui perd son caractère évident dans le flot rapide rapide du language parlé). Dans le même temps le système fragmentaire sous-jacent est encore visible dans les coutures et les joints conservés dans les sculptures finies d’Evans. Il semble que nous soyons témoins d’une « hégémonie du fragment » — dissimulée sous une peau métamorphique, réminiscence — à son plus vulgaire niveau pop-culturel — du changement de forme plasmatique des images générées par ordinateur (qui sont aussi à l’origine, un système limité de codes).
La zone d’anthropomorphisme vers laquelle les anti-autonomes dirigent le spectateur est, selon les mots de l’artiste, « trouble » (souvent très sexualisée), coexistant avec un sentiment d’austérité classique. Les chiffres implicites sont acéphales chargés des connotations « Batailléenne », des êtres sans tête ou amputés à la manière des dieux brisés et des nymphes du British Museum. Bien qu’une référence trop « démonstrative » au corps humain soit évitée, la haute pureté moderniste en est totalement absente. Car, en dépit de ses associations avec la noble tradition académique, le plâtre fonctionne aussi ici comme un médium viscéral, sale — presque scatologique — illustrant ainsi l’énergie corporelle des travaux finis.
Les supports des sculptures sont eux-mêmes riches d’intérêt formel, leur pop-primitivisme ajoutant à l’incongruité ludique qui opère dans le spectacle comme un tout.
Il pourrait être considéré comme audacieusement sentimental de s’engager dans des thèmes tels que la vitalité primitiviste et la conviction moderniste dans notre cyber-époque blasée. Mais le propos d’Evans n’est pas un simple retour de plus à la forme (un équivalent post-millénaire de l’escapade préraphaélite). Ses taches olympiens ne prétendent pas s’être « affranchies » de leurs corsets et cols blancs, mais plutôt absorbent toutes les restrictions et les contradictions des mondes sociaux et matériels dans leur chair, dansant la bacchanale.
Figgis, Laurence; extrait du texte de l’exposition « Anti-Autonome » à la galerie Mary Mary, septembre 2010
Nick Evans
Contemporain
Installations, sculpture, techniques mixtes
Artiste sud-africain né en 1976 à Mufulira, Afrique du Sud.
- Localisation
- Glasgow, Royaume-Uni