Pierrette Bloch
Tout au long de sa carrière, Pierrette Bloch a eu recours aux matériaux pauvres et aux motifs réduits. Travaillant avec collages, encre sur papiers, isorels, cordages et crin de cheval, elle exploite ses formes de référence préférées — le point, la ligne, le tiret. Explorant les limites entre le dessin et la sculpture ainsi que les rapports de vide et de plein dépendant de ses gestes spontanés, Pierrette Bloch part à « l’aventure ».
Dans un premier temps, son attrait pour le jeu ombre-lumière et le relief se développe par la peinture à l’huile de texture épaisse.
A partir de 1952, désireuse de manier d’autres supports, elle se met aux collages. De très grandes dimensions, ils se composent d’une variation de papiers Canson et bristols déchirés, découpés puis enfin fixés sur un isorel lui-même travaillé à l’encre noire. Depuis une dizaine d’années, Bloch a redécouvert l’isorel. Ce support, qui avait été préalablement expérimenté, lui a offert des résultats inattendus.
Bloch travaille également l’encre de Chine sur papier depuis 1971, confrontant le noir et le blanc à travers des traces, taches et giclures. Cela permet des dessins scripturaux et rythmés. Le travail d’encre sur papier — blanc, ivoire, noir et gris — forme une sorte d’écriture dont seule l’artiste a le secret. Toutes ses œuvres en sont empreintes et ces supports offrent la possibilité d’utiliser des procédés de raclages.
En 1973 l’artiste réalise la première grande maille de crin tout en continuant à exploiter les encres avec des points sur papier. Ces deux grandes séries sont caractérisées par un mouvement répétitif, comme tricoté et ininterrompu. Les points et mailles se font alors échos, tel un murmure de l’artiste.
L’artiste se consacre à la sculpture de crin vers 1984, écriture retranscrite dans l’espace, ondulant et prenant le pas sur les points qui laissent place à la ligne.
Les premières lignes de papier sont créées à partir de 1993. Elles sont inspirées des compositions linéaires de crin, et en particulier celles dites Boules réalisées entre 1988 et 1989, où Bloch aligne sur un fil de nylon des nœuds rugueux de crin. En adaptant la sensation de mouvement, le rythme et la continuité, elle essaie rétroactivement, après son succès de libération de la ligne du plan bidimensionnel à travers l’emploi du crin, d’accentuer le caractère tangible et tridimensionnel du papier. À force de transformer le support en motif de la ligne même, qui peut atteindre une longueur comprise entre 1 et 12 m, Bloch explore une nouvelle possibilité de balade sur une matière pourtant connue. En répétant ses gestes dans le temps et l’espace linéaire, elle connaît les propriétés du papier par cœur, mais celui-ci sait encore la surprendre grâce à de nouveaux déploiements corporels.
L’œuvre internationalement reconnue de Pierrette Bloch a été exposée dans des prestigieux musées et fait partie de nombreuses collections publiques et privées, telles que le MoMA à New York, le Yokohama Museum of Art au Japon, le Stedelijk Museum, Amsterdam, la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, le Centre Pompidou ou le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.