Andrés Ramirez
Fondé sur l’analyse, la réappropriation et le détournement de paradigmes de la production industrielle et de la communication visuelle, le travail d’installation d’Andrés Ramirez assume un arbitraire poétique, une forme de romantisme spectral, quasi psychotropique. Son travail s’appuie sur une hypothèse : une hétérogénéité originelle de l’œuvre, une pluralité structurelle. Dès lors, les installations, les sculptures ou les images qu’il organise ne répondent pas à des enjeux techniques, esthétiques ou conceptuels de manière directe mais investissent les intervalles, parfois les tensions, qui les séparent. Les différents média qu’il emploie sont mis en interaction constante et constituent des chaînes d’élaboration et de production complémentaires, visant à constituer ce que l’artiste envisage comme un « infra-media », en opposition à la qualification de « super-média » régulièrement attribué à l’installation.
Dans le travail de Andrés Ramirez il y a bien une intrication dé-hiérarchisée (mais absolument non anarchique, très organisée) entre des aspects du minimalisme et du psychédélisme, du haut modernisme et du design industriel, de l’art d’appropriation et de modèles mathématiques, de la culture noise industrielle et de la peinture classique. Dans son rapport au système de la production industrielle, l’artiste retient la nature spécifique des formes techniques ou de la communication contemporaine, déterminées par des nécessités d’efficience symbolique, de modularité mécanique et de rentabilité économique. Ces spécificités formelles sont utilisées et détournées pour définir un degré d’incertitude ; la forme révèle son intentionnalité mais est maintenue à l’écart de sa subordination, livrée au suspens esthétique et réagencée dans un ordre poétique autonome. Ainsi ces logotypes, ces structures architectoniques ou ces écrans-peintures, ne délivrent plus leurs messages, leurs contenus programmés que de manière cryptée, elliptique et ambigüe.