Raymond Pettibon
Raymond Pettibon (1957) se plaît à jouer les enfants terribles de l’imagerie contemporaine. Jouer avec les symboles, jouer avec les icones, jouer avec la musique. S’emparant de toute l’étendue de l’iconographie américaine mondialisée, chacun des personnages qu’il met en scène se pare de son propre patrimoine, commun dorénavant à toutes les sociétés occidentales, ou s’y inscrit par les codes de la représentation, nous plongeant immédiatement dans des narrations succinctes aux niveaux de lecture multiples. Ses provocations, loin d’être innocentes, épousent la vindicte populiste jusqu’à la lie.
De la micro-culture alternative aux grands préceptes de la religion, de la Pop culture à la philosophie en passant par l’histoire de l’art, ses images, bien souvent accompagnées de textes percutants à l’ésotérisme rigolard et jouisseuses de leur absolue liberté dressent un miroir débridé de nos sociétés de consommation. Face à l’inondation des images, la cacophonie des discours, Pettibon élabore son corpus personnel, insaisissable et irréductible à toute idéologie. Anarchiste, libertaire, emprunté ou insolemment jean-foutiste, son art de la citation fait valser au centre de son vortex les slogans publicitaires, les citations classiques, les hippies, les stars, les messies ou les has-beens, laissant poindre, dans l’oeil de son cyclone, le reflet de figures majeures au regard acéré sur l’art (John Ruskin, Marcel Proust, Walt Whitman) aux prises avec des observateurs acerbes de la société (Daumier, Hogarth…).
A l’image de son personnage Gumby, humanoïde difforme vert et minimaliste naviguant avec une liberté absolue dans l’iconographie du présent, Pettibon joue et s’amuse de tous les messages, de toutes les pensées et de tous les contenus de sens qui l’entourent pour autant qu’en les détournant, il provoque une bascule de la pensée de celui qui les suit comme de celui qui les fuit. Collecteur des mythologies de son temps, son musée des horreurs du présent le bouleverse jusqu’à l’enfermer lui-même, glissant de la galéjade jusqu’à la paranoïa, quand il reprend à son compte les théories conspirationnistes entretenues par les mêmes dont il pourrait ridiculiser l’action.
Alors c’est face à son discours que chacun doit se positionner et, parce qu’il faut prendre position, savoir se déprendre de cette toxicité d’une critique viriliste que ses positions reflètent de plus en plus consciemment. Résultat d’un art précipité qui embrasse si bien son temps qu’il en porte, avec toute la tragique nécessité, les contradictions.
Guillaume Benoit pour Slash-Paris
Raymond Pettibon
Contemporain
Dessin, lithographie / gravure, peinture
- Thèmes
- Adolescence, post-moderne, publicité, quotidien, religion, robot / machine, rock
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