René Wirths
Né en 1967, René Wirths vit à Berlin depuis 1970. Il s’attache à peindre de manière réaliste des objets du quotidien afin d’en saisir et d’en fixer l’apparence : vélos, chaises, échelles, machine à coudre, cassette, fils, outils… Le peintre ôte tout contexte à l’objet ce qui en accentue tous les détails. Ceux-ci déterminent la taille de la toile, dont le fond est toujours blanc. « René Wirths est un peintre et il n’a jamais utilisé d’autre medium. Il était peintre avant que le marché de l’art crie à la « redécouverte de la peinture » pour l’énième fois. « Pour ce créateur, la peinture est et demeure la meilleure façon de percevoir la réalité et de la capturer de manière artistique » écrit Julia Trolp dans le catalogue publié à l’occasion d’une exposition à Berlin en 2007.
René Wirths entre art conceptuel et hyperréalisme, fait « poser » ces « choses » dans son atelier. Il les couche sur fond blanc tels quels afin qu’ils attrapent la lumière ambiante. Ses œuvres gardaient souvent jusque là la marque de ce lent processus puisque l’artiste reproduisait sur la surface même des objets la réverbération des fenêtres de l’atelier ou bien le reflet de son propre corps en train de peindre l’objet. Désormais il radicalise encore sa préhension. Plus question de tels « accidents ». Il montre ainsi combien le visible et l’énonçable sont plus complexes qu’un simple principe d’évidence.
La visibilité de son « Schmetterling » (Papillon) en reste la parfaite illustration à travers les tours et des détours de l’ombre et de la lumière et la répartition du visible sur les ailes de l’animal. L’artiste le réinvente de toute pièce jusqu’à ce qu’il devienne plus « vrai » et concentré dans le secret de son « animalité ». De l’évidence de vérité à la vérité d’évidence le pas n’est donc jamais si loin. Face au leurre de cette évidence la seule rébellion demeure le secret de l’image. Elle ne crée plus un mur entre la lumière et l’ombre, entre le visible et l’invisible, mais le perce. Tout fonctionne entre le primat des régimes et des dispositifs de visibilités sur les façons de voir et de percevoir qui viennent mettre à mal les vérités d’usage. Le « Papillon » n’impose rien et d’une certaine manière il se cache.. Cela ne veut pas dire qu’il avance pour autant forcément masqué. Il peut aussi représenter en son silence le langage obligé venant s’inscrire en faux contre les lettres d’or de la « loi » de la réalité.
Dans sa réserve la peinture hyperréaliste donne ainsi de l’existence contre l’essence. L’objet n’est plus instrumentalisé à savoir qu’il recèle ni couleur morale, ni volonté de puissance D’où sa nécessité afin d’affirmer — contre le bonheur que toute idéologie d’une société veut nous vendre — une « grâce » particulière et obsédante. Ni nimbé d’absurde félicité ni instigateur d’un abus de confiance, les objets peints par l’artiste berlinois n’ont plus besoin de nier ou d’affirmer. Il ne faut pas chercher ce qu’il cache, mais juste se laisser prendre à perte de vue en leur propension païenne contre le religieux que tout objet porte en lui dans notre société ou dans la peinture. Demeure un vertige étrange qui s’inscrit contre la loi de la représentation mais au cœur même de celle-ci. Le plus lumineux n’est plus ce à quoi l’objet nous fait penser mais son injonction à nous plier face à ce que nous voyons.
René Wirths
Contemporain
Peinture
Artiste né en 1967.
- Localisation
- Berlin, Allemagne
- Site Internet
- www.renewirths.de
- Thèmes
- Hyperréalisme, quotidien
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