Sam Jackson
Un punk bien éduqué, qui lirait Huysmans et Baudelaire tout en écoutant Kate Bush et Jim Morrison ; un romantique plus glam’ que noir, un peu baroque, un peu barré, sauvage et poétique. Sam Jackson est anglais, et cela se devine dans cette forme d’irrévérence so british qui caractérise son travail.
Le peintre réalise surtout des portraits, le plus souvent en petit format. Des visages et des peaux qu’il recouvre de mots, de signes et de figures, comme autant de débuts d’histoires qui ne se concluent jamais, mais restent là, à la surface. Mélangeant les cultures, les références et les idiomes, l’artiste réconcilie les formes les plus académiques de l’art avec les pratiques les plus populaires. Il y a dans ces phrases qui surgissent un peu de l’écriture automatique et de la confession, de ces refrains qui trottent au coin de la tête et qu’on griffonne au coin d’une page ; quelque chose du portrait de Dorian Gray, aussi, dans cette manière de laisser affleurer les secrets et les maux de l’âme ; quelque chose du tatouage, enfin, auquel Jackson emprunte l’ambiguïté d’être à la fois une marque de distinction, une provocation, et l’expression d’une histoire personnelle, l’indice d’un dialogue exclusif et parfois douloureux.
On pourrait dire de Sam Jackson qu’il aime se fier aux apparences, mais ce n’est jamais pour en faire un masque, bien au contraire. Elles sont pour lui cette interface entre l’intime et l’autre ; une adresse à celui qui passe et à qui l’on donne à voir autant qu’à deviner. Disons, une énigme, un poème.
Thibault BISSIRIER, septembre 2022