Samuel Yal
Chez Yal on trouve souvent le fragment. Les corps et les visages sont malmenés : pris sur le vif d’une profonde mutation. Certaines pièces présentent simplement un amas de coraux et de lichens, ici une oreille, là le bout d’un sein : Samuel Yal dit que c’est ce qu’on trouverait à l’intérieur d’une de ses sculptures si on la cassait. Restes d’une vie passée ou premiers éléments, matrices, d’une autre, en cours de recomposition ?
Parfois — comme si l’on avait devant soi l’arrêt sur image d’une explosion, sort d’un visage une marée de ces petits morceaux de vie aussi bien humaine que végétale. Là-bas, des têtes calcinées s’échappent et se dissolvent vers le ciel. Plus loin une tête brisée est recollée à la feuille d’or, comme ces céramiques japonaises cassées dont la restauration ne cherche pas à masquer la fêlure mais au contraire à la magnier.