Georges Rousse

Son matériau premier est l’Espace. L’espace de bâtiments abandonnés où il repère immédiatement un «fragment» pour sa qualité architectonique, sa lumière puis qu’il organise et met en scène dans le but ultime de créer une image photographique. A partir de la vision de l’objectif, il construit dans ces Lieux du vide une œuvre utopique, y projetant sa vision du monde, son « univers » mental, croisant des préoccupations plastiques en résonance avec le lieu, son histoire, la culture du pays où il intervient.

Parce que la photographie, finalité de l’action picturale, est une surface plane, les formes qu’il peint ou dessine, les volumes et architectures qu’il construit sont éclatés, désagrégés, sur les différents plans spatiaux de bâtiments parfois monumentaux. La photographie rassemble l’Image dans une synthèse magistrale où Peinture, Architecture, Dessin s’inscrivent dans l’Espace pour rendre visible la fiction de l’artiste.

Au cœur du questionnement sur la nature de l’œuvre d’art, son travail concerne fondamentalement notre rapport à l’Espace et au Temps. Avec la photographie, Georges Rousse nous oblige à une lecture statique des architectures, à une investigation immobile de l’Image, qui peu à peu transforment notre perception de l’Espace et de la Réalité. Nos certitudes et habitudes perceptives sont troublées par la réunion dans l’image finale de trois espaces : à l’espace réel dans lequel l’artiste intervient et à l’espace fictif, utopique qu’il imagine puis construit patiemment dans le lieu, se superpose un nouvel espace qui n’advient qu’au moment de la prise de vue et n’existe que par la médiation de la photographie. Au-delà d’un simple jeu visuel, cette fusion énigmatique des espaces dans l’image met en abyme de façon vertigineuse la question de la reproduction du réel par la photographie, de l’écart entre perception et réalité, entre imaginaire et réel.

Dans la photographie qui est à la fois mémoire du lieu, de son histoire — parfois d’histoires parallèles — et de sa métamorphose poétique, Georges Rousse met aussi en évidence la relation problématique dans les sociétés industrialisées de l’homme à sa trace, à sa mémoire, au Temps. Ces lieux de précarité, rejetés, ignorés, souvent dégradés, dont la disparition est proche, sont comme une métaphore de l’écoulement féroce du Temps vers l’oubli et la mort. En les transfigurant en œuvre d’art, Georges Rousse leur offre une nouvelle vie, éphémère.

Georges Rousse, Arles, 1986 Aquarelle sur papier — 42 × 56 cm
Georges Rousse, Kobe, 1995 Courtesy of the artist & ADAGP
Georges Rousse, Lyon (Dragkar), 2001 Courtesy of the artist & ADAGP
Georges Rousse, Chambord, 2011 Courtesy of the artist & ADAGP
Georges Rousse, Blanc Mesnil, 2012 Épreuve pigmentaire — 50 × 62 cm (x 2 / diptyque) — édition de 30 Courtesy of the artist & Galerie Catherine Putman
Georges Rousse, Matsushima, 2013 épreuve pigmentaire — 110 × 130 cm Courtesy of the artist & Galerie Catherine Putman, Paris
Georges Rousse, Samaritaine, 2013 épreuve pigmentaire — 110 × 130 cm Courtesy of the artist & Galerie Catherine Putman, Paris
Georges Rousse, Santiago, 2013 Aquarelle — 19 × 28 cm Courtesy of the artist & Galerie Catherine Putman, Paris
Georges Rousse, Las Vegas, 2016 Tirage jet d’encre pigmentaire — 140 × 112 cm
Georges Rousse, Kochi, 2018 Aquarelle — 50 × 64,5 cm
Georges Rousse, Montrouge, 2018 Impression jet d’encre — 115 × 146 cm

Georges Rousse

Contemporain

Peinture, photographie

Artiste français né en 1947 à Paris, France. 

Localisation
Paris, France
Site Internet
https://www.georgesrousse.com/