Martin Kersels
Five songs
La structure Five Songs se présente comme un chœur de cinq étranges modules-scènes oranges, noirs et blancs, ouverts à toute proposition performative ou artistique. Cinq univers livrés à l’appropriation du tout venant du moment qu’il veuille bien se prêter au jeu une guitare à la main. Cinq chansons potentielles nommées par anticipation par Martin Kersels avec la désinvolture généreuse qui caractérise l’ensemble de son travail. Il les a pensées forte (Loud Song_), familiale (Family Song_), chantée (Sing Song_), composite (_Stuff Song) ou encore nautique (Ship Song).
À qui prendra ensuite le micro d’interpréter cette cacophonie annoncée comme bon lui semblera. Et il y a effectivement largement de quoi faire pour accommoder à sa propre sauce ces cinq « singles in progress ».
—Étienne Bernard
Rickety’s Ghost, 2010
Rickety’s Ghost, installation vidéo, est le fantôme d’un ballet dont les danseurs ne sont évoqués que par des marques au sol, référence explicite au film Dogville de Lars Von Trier. La pièce devient le socle qui soutient ces corps mis en abyme, qui se frôlent et se cherchent, dans une danse entre attraction et répulsion.
—Albertine de Galbert
Fat Iggy
Avec Fat Iggy (2009), l’artiste pastiche Iggy Pop, qui, sec comme une trique et les muscles saillants, représente dans l’imaginaire collectif le performeur ultime. En reprenant les poses improbables du leader des Stooges, Kersels se met dans une position inconfortable — au propre comme au figuré — dans le but assumé de déconstruire le mythe de la rock star, laissant le regardeur à la fois amusé et quelque peu mal à l’aise face à ce corps pas tout à fait taillé pour reproduire les déhanchements lascifs de « l’Iguane ».
— Antoine Marchand, Volume, 2013
Rickety, 2006
Rickety est une scène qui n’attend plus qu’un chanteur, un danseur ou un performeur pour être activées, Kersels s’effaçant totalement au profit des artistes conviés à les investir. L’artiste cherche ici à réintroduire le corps à l’intérieur de l’espace d’exposition. Il parvient à transcender le rapport au corps tel qu’il est habituellement envisagé dans la performance ou la sculpture, tout en sondant avec subtilité les notions d’auteur et d’authenticité.
—Antoine Marchand, Volume, 2013
Sleeper’s Dream
Cette sculpture monumentale spécialement créée à l’occasion de l’exposition du MassMoca a été inspirée à Martin Kersels par « Beauport », la demeure excentrique d’un éminent universitaire bostonien du début du siècle, H.D. Sleeper. Mais c’est aussi et avant tout une maison dans une botte, une maison de conte de fées inspirée de nos rêves d’enfant.
À l’instar de la plupart de ses travaux — dont Fat Man_ — _Sleeper’s Dream joue sur la distorsion entre l’innocence de l’interprétation enfantine du monde et sa réalité.
Fat Man
Fat Man, est inspirée du surnom donné à la bombe atomique lâchée sur Nagasaki en 1945. Une réplique à échelle un de la bombe, molle et couverte de 18 000 miroirs, est échouée au beau milieu de la galerie comme une grosse baleine scintillante. Les visiteurs viennent s’y réfléchir en mille morceaux.
Un petit sac vide, « Thank you for shopping with us » glisse et tournoie le long des murs. Un fantôme en costume d’Halloween de la taille d’un adolescent flotte au-dessus de Fat Man ; on distingue clairement que ce spectacle le met en érection.
Actions
Sa pratique est aussi orientée par la suite vers des actions qui, si elles se déroulent parfois dans la rue à la vue des passants, n’existent à proprement parler que sous la forme de traces filmiques ou photographiques. On le voit notamment chuter à de multiples reprises dans la rue (Tripping, 1995), tomber à la renverse (Falling, 1994), se faire frapper par ses amis (Friends Smacking Me, 1998), jeter ces mêmes amis (Tossing a Friend, 1996), ou les faire tournoyer en les tenant par les pieds (Whirling, 1996).
Martin Kersels
Contemporain
Dessin, installations, performance, photographie, sculpture
Artiste américain né en 1960 à Los Angeles, États-Unis.
- Localisation
- Yalle, États-Unis