Raymond Legueult — À propos — Slash Paris

Membre éminent des Peintres de la réalité poétique, Raymond Legueult habite avec un charme tranquille l’histoire de la peinture du XXe siècle. Tour à tour méticuleux technicien et virtuose prometteur, pour nombre de critiques, d’une avant-garde dans les pas des gloires du milieu, le peintre parcourt au long de sa vie un monde de l’art en reconstruction, marqué successivement par les guerres mondiales et la mondialisation naissante du marché.

Formé aux Arts-Déco à Paris, il s’installe dans les années 1920 dans le XVe arrondissement, qu’il habitera toute sa vie. Fort d’un succès grandissant, il expose dans les plus grandes institutions et connaît une diffusion mondiale dès la fin des années 1950, touchant le public américain et bénéficiant d’une grande visibilité avec une vingtaine de toiles présentées à la Biennale de Venise de 1958. Nommé professeur aux Beaux-Arts de Paris où il aura notamment pour élève Claude Viallat, il y enseignera jusqu’en 1968, période à partir de laquelle il se retirera de la vie publique.

Auteur d’un œuvre plastique inspiré par le modernisme de grands prédécesseurs (Matisse, Bonnard, Vuillard…), Raymond Legueult multiplie les compositions sensibles où la tradition de la belle peinture croise l’expérimentation des perspectives pour toucher parfois l’avant-garde avec des ruptures de perspective audacieuses, des plans serrés et effrontément sensuels de modèles féminins à la pudeur trompeuse.

Épaissis par le temps, ses aplats de couleur se troublent pour libérer plus encore ses compositions d’un modèle prédominant et laisser vivre les formes autant que la couleur, vibrant avec toujours plus de force au cœur de ses toiles. Les angles aigus dansent avec leur chair et, toute sa vie, il expérimentera les modes de représentation du corps pour capturer une séduction et un plaisir esthétique indéniable. Legueult multipliera ainsi les supports et travaillera, dès les prémisses de sa carrière, pour le théâtre, réalisant costumes et projets de décors.

Riche d’environ 500 tableaux répertoriés (dont un au MET de New-York, au Musée d’art moderne de Paris et trois au Centre Pompidou), son œuvre aura à de nombreuses reprises touché une modernité qui continue de faire écho un demi-siècle après sa disparition notamment à travers des mises en scène d’intérieurs dont la profondeur confine au vertige.

Guillaume Benoit pour Slash-Paris