Royal Art Lodge — À propos — Slash Paris

Le collectif d’artistes Royal Art Lodge a vu le jour à Winnipeg en 1996 et s’est dissous en 2008. Fondé par Michael Dumontier, Marcel Dzama, Neil Farber, Drue Langlois, Jonathan Pylypchuck et Adrian Williams, il a accueilli à un moment la sœur de Marcel Dzama, Hollie, et le frère de Drue Langlois, Myles. Leurs réunions hebdomadaires, en général le mercredi soir, étaient consacrées au dessin. Mais leurs activités collectives englobaient aussi la vidéo, la musique, la confection de poupées et la performance. Leurs œuvres sont entrées dans de prestigieuses collections publiques et privées à travers le monde, et elles ont fait l’objet de nombreuses expositions. Wayne Baerwaldt et Joseph Wollin, deux anciens Winnipégois, ont organisé en 2003 une grande rétrospective intitulée Ask the Dust (Demande à la poussière) <<<titre du film de Towne d’après le roman de John Fante>>>>, présentée au Drawing Center de New York, au musée d’art contemporain Power Plant de Toronto, à l’espace De Vleeshal à Middelburg, et au Museum of Contemporary Art de Los Angeles.

Les membres du Royal Art Lodge étaient presque tous étudiants en art à Winnipeg quand ils ont commencé à se réunir une fois par semaine pour dessiner collectivement. Ils continuent après avoir achevé leurs études. Certains s’en vont (Jonathan Pylypchuk et Adrian Williams, par exemple, ont quitté Winnipeg), tandis que d’autres arrivent (Hollie Dzama et Myles Langlois). Aux séances collectives, le dessin passe de main en main à la façon d’un cadavre exquis surréaliste, mais tous les participants le voient dans sa totalité. L’influence surréaliste se fait sentir également dans l’humour noir inexorable de Royal Art Lodge. Les membres du collectif peuvent dessiner sur n’importe quoi : des pochettes d’allumettes, enveloppes usagées, rabats de boîtes de céréales, feuilles volantes, papier à lettres à en-tête d’un hôtel. L’œuvre, une fois approuvée, est datée au tampon encreur et rangée dans une pile en fonction de sa qualité. Les dessins inuits conservés à la Winnipeg Art Gallery, alliant la concision du trait à la luxuriance de la mythologie, comptent parmi leurs sources d’inspiration, mais ils tournent leur regard collectif vers bien d’autres modèles. Après 2003, Royal Art Lodge se réduit au trio Dzama, Farber et Dumontier. Chacun poursuit de son côté une carrière personnelle, tout en continuant à collaborer sur des dessins qui peuvent prendre les proportions d’une frise murale sans fin, comme leur Library Relocation Party (Inauguration des nouveaux locaux de la bibliothèque). Ils peignent ensemble une suite horizontale de trente panneaux de 10 × 15 cm, intitulée Preoccupation, où la même ligne d’horizon traverse quinze images successives, sans garantir pour autant la continuité narrative. Certains animaux reviennent tout le temps : éléphants, serpents, grenouilles, chauves-souris. Les personnages expriment la surprise, la perplexité, le désarroi. Ils évoluent dans un univers déconcertant où tout s’anime. Les arbres marchent, les rochers ont des visages et toutes les espèces cohabitent gaiement. Cette peinture est remarquablement exécutée.