Yann Gerstberger

Les sculptures de Yann Gerstberger semblent être l’objet de rituels contemporains. À l’échelle de mobiliers, colorées, ornées, composites, elles rassemblent des éléments hétéroclites comme des objets ayant déjà servi, des objets d’art dit primitifs fabriqués en série et des matériaux aussi divers que tissus, bâches, bois récupérés.

Depuis sa création en 2001, 40mcube mène le projet Inventaire, un travail sur les archives des expositions monographiques, des expositions collectives, des œuvres dans l’espace public, du parc de sculptures, et des commandes réalisées par le centre d’art depuis 20 ans. Réorganisées sous la forme de plus de 70 tomes, elles rassemblent plus de 20 000 documents comme des dessins préparatoires et techniques, des documents administratifs, des documents de médiation et de communication, etc. Une autre manière de découvrir les projets et le travail des artistes.

En collaboration avec 40mcube, nous vous proposons de découvrir le tome d’archives consacré à l’exposition Stranger by Green de Yann Gerstberger.

L’intégralité des archives sont également consultables en suivant ce lien

Pour sa première exposition monographique présentée et produite par 40mcube, Yann Gerstberger construit un ensemble de sculptures, agencements hybrides, improbables et baroques de divers matériaux tels que des chutes de cuir brut, de la cellophane, des statuettes du Mali, une mâchoire de baleine, des objets industriels comme un banc de musculation, des palettes en plastique ou des socles en béton sur lesquels sont greffées des matières végétales comme du bambou, du torchis, des herbes de la pampa. L’artiste joue avec les surfaces et les volumes et semble appliquer à la sculpture la pratique du mix d’images, du copier-coller propre à l’informatique. Ces éléments sont assemblés, attachés, posés en équilibre, dressés, partiellement recouverts de motifs peints à consonances ethniques, librement interprétés dans des sculptures qui assument leur aspect décoratif et artisanal. La méthode de travail de l’artiste, qui passe par la recherche d’objets, de matériaux, d’images et par l’essai direct de compositions et de recouvrements de ces éléments, proche de l’expérimentation et de l’expérience, renforce l’idée d’une sculpture rituelle.

Yann Gerstberger, Stranger by Green. Vue de l’exposition. Commissariat et production : 40mcube, 2011 Patrice Goasduff

Stranger by Green s’appréhende dans un premier temps de manière globale, proposant un tableau dense, coloré et échevelé, puis propose une confrontation directe à ces sculptures de taille humaine, plus posées qu’exposées, qui se déploient dans l’espace de manière déséquilibrée. Comme les œuvres présentées, l’exposition ne recherche pas une quelconque harmonie mais les points de grattage et de frottements de ces assemblages forcés. Sur ce même principe, le titre de l’exposition n’est autre qu’un anagramme de Yann Gerstberger.

Yann Gerstberger, African Architecture Chapter One. Production : 40mcube, 2011 Bidon en métal, chaînes à neige, torchis. Patrice Goasduff

Yann Gerstberger revendique « une filiation directe avec l’art brut, naïf, primitif, et des liens de parenté non occidentaux. Du tribal, de l’ethnique, du mélange, des déplacements géographiques ou mentaux. » Ses sources et ses références sont variées mais soigneusement choisies, des primitivismes africain, précolombien, océanien aux cultures outsiders, populaires, urbaines, street, et à la surf culture que l’on retrouve également dans la sculpture californienne. Les questions du post-colonialisme mais aussi des low cultures sont évoquées sans parti pris, par le prisme d’un exotisme tout à fait personnel.

Yann Gerstberger

Contemporain

Installations, sculpture, techniques mixtes