Even in paradise apples might be rotten

Exposition

Installations, peinture, techniques mixtes

Even in paradise apples might be rotten

Passé : 9 septembre → 16 octobre 2010

Réunis librement autour du titre de la vidéo de l’artiste suédoise Ulrika Byttner Even in Paradise apples might be rotten, Manon Bara, Max Boufathal et Piotr Baran, ont fabriqué une sorte de cadavre exquis en accentuant la particularité de leur propre médium : peinture pour Manon Bara, installation-objet pour Max Boufathal et Piotr Baran, et vidéo-dessin pour Ulrika Byttner.

Pour suivre le fil de cette association entre les artistes qui n’est jamais une collaboration, ni même une correspondance formelle, l’allusion aux icônes de nature religieuse ou aux références des « pipoles » contemporaines tient une place certaine dans l’exposition, tandis que la pratique des matériaux pauvres et recyclés relie le travail de sculpture de Max Boufathal et de Piotr Baran. L’utilisation de ces matériaux pauvres donne à l’exposition un ton ludique et humoristique qui contraste volontairement avec une certaine violence assumée.

Peintures de piétas excessives et colorées, lattes de sommiers, lames de couteaux et manches à balai, pommes-objets dégoulinantes de peinture, dessins projetés sur fond de vanités, fontaine et chaises-jerricans, bidons ayant contenus des produits toxiques, photos kitch… De ce joyeux mais aussi féroce mélange d’œuvres, le spectateur s’égarera ou au contraire cherchera et trouvera à la manière d’un rébus, le lien subtil entre les pièces et leurs propos :

Manon Bara utilise des références religieuses, vierges-piétas, comme source d’inspiration à une peinture colorée et débridée. Dans la série des Piétas, sorte d’autoportraits exposée pour la première fois à la galerie, elle cherche à créer une tension tragique et « grotesque » — au sens de risible, mêlé d’un certain effroi. Ainsi l’œuvre trouve son équilibre entre un support lisse et froid aux couleurs agressives et précieuses de la laque et une représentation de corps blessé. Comme elle le dit elle-même, la peinture devient alors une sorte de « plaie-maquillage entre rouge à lèvres et rage de dents ».

Max Boufathal quant à lui, en créant un véritable arsenal guerrier, arme à tuer composée de lames de couteaux, de lattes de sommier et de manches à balais, manifeste sur un ton moqueur et ironique sa vision d’une société qu’il déclare lui-même comme étant « intrusive et agressive ». Le titre de sa pièce Paris Hilton One Eight Seven le démontre encore une fois. L’allusion à l’icône, mais cette fois aux pipoles contemporaines se fait là aussi très nette puisqu’il n’hésite pas à utiliser le nom d’une célèbre héritière, effigie de papier glacé, objet de scandales et de provocations. Cette œuvre fait référence aussi à un film de Kevin Reynolds 187 : code meurtre, dans lequel un professeur noir américain subit la violence extrême d’un de ses étudiants…

Piotr Baran est radical, criard et politiquement incorrect. En photographiant Manon Bara, comme une icône de supermarché, héroïne kitch du quotidien, il accentue encore dans l’exposition ce sentiment d’excès, de trop plein d’images et de signes, évocation pour le moins de l’asphyxie contemporaine dans laquelle « Même dans nos sociétés paradisiaques les pommes peuvent être pourries »…

Ainsi, c’est l’une des vidéos présentées par Ulrika Byttner qui donne le ton par son titre Even in Paradise apples might be rotten à l’exposition. Si les dessins sont proches de la mythologie nordique, sapins, maisons rouges, lapins, biches, crânes, pâtisseries suédoises, côtelettes, etc. l’utilisation de l’ordinateur leur donne comme seule réalité celle d’un pixel et comme permanence la mémoire informatique. C’est donc une sorte d’hallucination ou fantasme électronique propice à l’instabilité et à la mutation. De même, l’enchaînement des images répond à une logique non rationnelle qui semble vouloir raconter une histoire, à laquelle le sens fait défaut, et qui prend des tournures absurdes et incompréhensibles.

  • Vernissage Jeudi 9 septembre 2010 à 18:00
Galerie Isabelle Suret Galerie
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06 St Germain Zoom in 06 St Germain Zoom out

9, rue Christine

75006 Paris

T. 01 43 54 56 32

www.isabellesuret.com

Odéon

Horaires

Du mardi au samedi de 14h à 19h
et sur rendez-vous.

Les artistes

  • Ulrika Byttner
  • Manon Bara
  • Max Boufathal
  • Piotr Baran